La question posée - Lecture analytique. La lecture analytique constitue la première partie de l'épreuve orale du baccalauréat de français....
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La question posée - Lecture
analytique.
La lecture analytique constitue la première partie de l'épreuve
orale du baccalauréat de français.
Elle obéit à une méthodologie
rigoureuse, puisqu'il s'agit de présenter devant l'examinateur un
exposé construit, à partir d'une question posée sur le texte.
En
effet, selon les Instructions officielles,
Une question écrite amène le candidat à étudier, en lien avec l'ob
jet d'étude ou les objets d'étude retenu(s), un aspect essentiel du
texte.
Elle est formulée avec clarté et évite toute utilisation abusive
de termes techniques susceptibles de mettre le candidat en diffi
culté.
Elle appelle une interprétation, fondée sur l'observation pré
cise du texte.
BO n° 3 du 16 janvier 2003
Il.A NATURE DE LA QUESTION POSÉE
La question n'est donc jamais insolite.
Elle obéit au contraire à
des critères bien précis.
1 La question porte sur un texte
C'est le caractère spécifique du texte qui appelle la question.
On ne posera pas à l'élève une question générale sur un objet
d'étude, comme:« Qu'est-ce que l'autobiographie? » En effet,
une telle question ne nécessite pas que l'élève réponde en prenant
appui sur un texte.
En revanche, l'examinateur, interrogeant par exemple un candi
dat sur le texte de Primo Levi (➔SÉQUENCE 6, TEXTE 1), peut poser
la question suivante : « En quoi peut-on dire que ce texte est
autobiographique?
»
Dans ce cas, l'élève devra mobiliser ses
connaissances sur l'autobiographie, en les appliquant au texte de
Primo Levi.
1La question porte sur un texte connu
La question posée n'appelle pas une découverte du texte, mais
sa relecture, en fonction d'une orientation précise, indiquée par la
question.
La question appelle l'étude
d'un aspect essentiel du texte
La question n'induit ni une étude pointilliste, ni une analyse qui
se voudrait exhaustive.
Le candidat ne doit pas réciter ou replaquer l'étude analytique telle qu'elle a été faite en classe.
Il lui
appartient, au contraire, de ne reprendre que les éléments appropriés et essentiels qui vont lui permettre de répondre à la question
posée.
La question permet d'aborder
à la fois le sens et les choix d'écriture
La lecture analytique doit concilier fond et forme et toute
interprétation du texte doit être justifiée par les choix d'écriture de
l'auteur, ce qui doit amener l'élève à citer souvent le texte.
Selon
le cas, il pourra partir de l'observation du texte pour élaborer
progressivement une interprétation, ou bien il partira d'une
interprétation qu'il justifiera par les choix d'écriture.
LA FONCTION DE LA QUESTION
Ainsi, la question posée permet d'évaluer les capacités du candidat à:
- comprendre la question qui lui est posée;
- comprendre le texte qui lui est proposé;
- trouver dans ce texte des éléments de réponse à la question en
prenant appui sur sa connaissance de l'objet d'étude;
;_ mettre en relation ces différents éléments pour parvenir, en prenant appui sur le texte, à une réponse construite.
UNE TYPOLOGIE DES QUESTIONS
Il est tout à fait possible d'envisager les différentes questions
qui peuvent tomber sur un texte, afin de permettre à l'élève de les
anticiper et de les prendre en compte dans ses révisions.
On peut
les classer selon trois catégories.
Attention! Même si les questions portent sur un point spécifique, elle concernent l'ensemble du texte.
L'élève devra donc
s'appuyer sur le texte pour y répondre.
1Les questions prenant appui sur le titre
•• Le titre annonce-t-il, éclaire-t-il ou s'oppose-t-il au texte?
•• Ainsi, le titre du poème « Le Dormeur du val
(➔ SÉQUENCE
»
de Rimbaud
1, TEXTE 4) semble annoncer une poésie bucolique,
qui vient en contradiction avec la suite du poème qui peint la mort
violente d'un soldat.
Les questions portant sur un court passage,
indiqué par l'examinateur
On peut rencontrer des questions du type :
• Ce passage est-il une clé possible pour la lecture du texte?
:,• En quoi tel vers est-il représentatif de l'ensemble du poème?
i• Le premier vers annonce-t-il le déroulement de l'ensemble du
lpoème?
'
:.
L!anecdote des lignes x à y sert-elle la démonstration?
'L!élève devra justifier ses réponses en s'appuyant sur le texte.
Les questions portant sur la comparaison
de deux passages
L:examinateur propose deux extraits au candidat : il peut s'agir
,du début et de la fin d'une scène théâtrale, de deux courts
;portraits, ainsi que d'un texte et de quelques variantes.
Les questions visant à illustrer
une problématique à partir d'extraits
Il reviendra au candidat de rechercher ces extraits.
On pourra lui
poser une question du type :
• Quelles sont, dans ce texte, les formules les plus révélatrices de
la thèse soutenue par l'auteùr? Justifiez votre choix.
Les questions liées à la composition
ou à la construction du texte
Elles concernent particulièrement les textes dont la construction
même fait sens.
Dans un texte poétique, notamment dans les sonnets, les quatrains et les tercets se répondent souvent en s'opposant, pour
illustrer une attitude ambivalente du poète.
Dans un texte théâtral, la question peut porter sur les différentes
étapes d'un dialogue théâtral ou sur l'enchaînement des répliques.
1Les questions liées au mouvement du texte
Elles peuvent porter sur l'évolution d'un raisonnement, particulièrement dans un texte argumentatif, où l'on mesure la progression de l'argumentation.
Plus précisément, on peut interroger
l'élève sur un élément rhétorique qui guide l'argumentation.
• En quoi le développement de la métaphore filée guide-t-elle l'argumentation?
Dans le texte« L'Adieu au vieillard», de Diderot (➔ SÉQUENCE 3,
TEXTE 3),
l'examinateur peut interroger l'élève sur le rôle des ques-
tions rhétoriques dans l'argumentation du vieillard.
Les questions liées à la visée du texte
et à ses enjeux
Ce type de questions fait alors appel à la spécificité du texte.
• Ce texte est-il autobiographique? S'agit-il d'un apologue? d'un
conte philosophique? d'une fable? Justifiez votre réponse en
citant ses principales caractéristiques.
• Quelles sont les valeurs morales qui sous-tendent ce texte?
Quel est le message philosophique véhiculé par l'utopie?
•· Pourquoi ce texte est-il une forme d'art poétique?
• Quelle est la valeur argumentative de ce texte?
• Quel est l'enjeu de cette lettre?
Toutes ces questions portent sur l'implication des auteurs dans
leur texte.
On les retrouvera surtout à propos de textes qui visent
à dénoncer l'intolérance, la violence, la société, comme dans de
nombreux textes des Lumières et des philosophes du XVIII" siècle.
Les questions liées à la réception
du texte par le candidat
Ces questions concernent les rapports étroits entre l'implication
voulue par l'auteur et la réception du lecteur qui réagit en fonction
de sa culture et de son époque.
• Quelle réaction la lecture de ce texte suscite-t-elle en vous? Justifiez votre réponse en prenant appui sur le texte.
• Les procédés argumentatifs employés dans ce texte vous
paraissent-ils efficaces?
, La dénonciation de la société européenne vous apparaît-elle
convaincante dans cet extrait du Supplément au Voyage de
Bougainville? Justifiez votre réponse.
Attention! Ce n'est pas parce que la formulation de ce type de
questions autorise une interprétation personnelle que la réponse
ne doit pas être construite et rigoureuse.
Les questions liées au genre du texte,
à une esthétique, à un ou plusieurs registres
Pour répondre à ce type de questions qui font directement
appel à des connaissances, l'élève doit les mobiliser de manière
sélective.
1Les questions liées au genre du texte
Dans texte autobiographique, comme
Etre sans destin de Imre
Kertész (-+SÉQUENCE 6, TEXTE 4), on peut poser la question suivante:
• Quelle relation s'établit dans ce texte entre le narrateur adulte et
l'adolescent qu'il a été et qu'il met en scène?
L'auteur a été déporté adolescent, et la distanciation entre le
narrateur adulte et l'adolescent est précisément l'un des choix
d'écriture revendiqué par l'auteur.
Dans un sonnet renversé, comme « Le Crapaud » de Tristan
Corbière (➔ SÉQUENCE 1, TEXTE 5), qui permet de mesurer l'évolution
du sonnet, on peut s'attendre à une question du type :
• Comment ce poème joue-t-il avec les codes du sonnet?
Selon le genre du texte, on peut poser à l'élève les questions suivantes:
• Comment l'auteur tire-t-il partir du genre épistolaire pour mettre
en valeur l'anecdote racontée?
• Dans quelle mesure cette lettre, vous paraît-elle devoir être
considérée ou non comme une œuvre littéraire?
Ce type de questions conduit également à s'interroger sur les
écarts entre le code, la norme et le texte :
• En quoi ce texte échappe-t-il au genre épistolaire?
• Quel est l'effet produit par la construction particulière de ce
sonnet?
1Les questions liées à
une esthétique
Ce type de questions fait alors appel directement à des
connaissances culturelles ou d'histoire littéraire.
Le courant esthétique qui fait l'objet d'une question aura été étudié en classe dans
le cadre d'un objet d'étude.
• Montrer en quoi La tirade de Phèdre (acte 1, scène5) (➔ SÉQUEN
CE 2) relève de l'esthétique classique ou montrer par quels aspects
Le Dom Juan de Molière (➔ SÉQUENCE 7) rattache à l'esthétique
baroque.
Les questions liées à un registre
ou à l'articulation de plusieurs registres
Pour un texte qui relève du registre comique par exemple, l'élève pourra rencontrer des questions du type :
• Quels sont les éléments susceptibles de susciter le rire dans ce
texte?
• Quels sont les éléments ironiques de ce texte?
~
Ce texte vous paraît-il devoir susciter rire ou émotion?
Ainsi, concernant les textes extraits du théâtre de Racine
(➔ SÉQUENCE
2, TEXTES 1 A 4), plusieurs questions peuvent porter
sur le registre tragique, propre à l'épanchement des passions.
Ce relevé de questions n'est pas exhaustif mais il donne une
idée du type de questions que l'élève peut rencontrer.
Toutefois, il
exclut d'une part toute question purement formaliste qui n'induirait qu'un simple relevé de vocabulaire, de champs lexicaux, de
figures de style ou de procédés d'écriture, et d'autre part toute
question d'ordre psychologique qui n'entraînerait pas une
approche littéraire du texte et qui aboutirait, par exemple, à une
simple analyse du
«
caractère
»
de tel ou tel personnage.
LE LIEN AVEC LES OBJETS D'ÉTUDE
Toute question, comme tout texte, s'inscrit dans le cadre d'un
objet d'étude.
Or chaque objet d'étude induit un certain nombre
de questions.
Pour y répondre, l'élève doit mobiliser ses connaissances afin de resituer chaque texte dans son contexte historique,
culturel et littéraire.
Ainsi proposons-nous ci dessous un bref rappel sur chaque objet d'étude.
Un mouvement littéraire
et culturel européen du xv1e au XVIII 9 siècle
; II est important de retenir qu'en classe de première, la notion de
mouvement littéraire est approfondie dans ses liens avec les
autres aspects de la vie artistique et intellectuelle.
Des questions
peuvent alors porter sur un contexte historique : l'humanisme, en
lien avec la redécouverte des sources antiques et la crise religieuse; le baroque et l'inquiétude politique et religieuse qui a cours à
la fin du XVI0 siècle; les Lumières et l'attitude optimiste de maîtrise
du monde.
On identifiera trois grands mouvements.
L'humanisme
Ce mouvement peut être lié à l'étude du genre de l'essai (avec
Montaigne) et plus largement de l'argumentation.
Depuis le XIX"
siècle, on appelle humanisme (XVI" siècle), le mouvement des
hommes de lettres de la Renaissance, les humanistes, qui cherchaient à développer l'esprit humain en renouant avec la culture
antique.
De façon plus générale, il désigne une doctrine qui
entend œuvrer à l'épanouissement de la personne humaniste.
On
trouve des humanistes français (Guillaume Budé, Robert Estienne)
aussi bien qu'européens (Érasme, Thomas More), des prosateurs
(Montaigne, Rabelais), des poètes (Du Bellay, Ronsard) qui, tous,
participent de l'humanisme par leur référence constante aux
œuvres de !'Antiquité.
Les questions peuvent porter :
- sur la place et sur la fonction de la culture antique dans un texte
humaniste;
- sur la vision optimiste de l'homme et la croyance en une société harmonieuse;
- sur la satire du pouvoir, propre à l'idéologie humaniste;
-sur l'esprit évangélique, c'est-à-dire sur le retour aux sources qui
conduit aussi à retrouver la parole vivante du Christ, débarrassée
des gloses et des commentaires de l'Église médiévale;
- sur l'idéal moral et politique moderne développé dans les écrits.
L'idéal humaniste se caractérise en effet par la foi dans les capacités et dans la perfectibilité humaines.
Le baroque
Le mot baroque vient du portugais barrocco, employé pour
désigner la perle irrégulière.
C'est ainsi que le baroque tend à
exprimer ce qui échappe à la loi, à la règle, au bon goût.
Apparu
dans des périodes troublées (à la fin du XVI" siècle, en particulier
avec les guerres de Religion), il exprime également la liberté, la
transgression.
En effet, confondu avec le style de la Contre-Réforme, le baroque apparaît en Italie, peu après le sac de Rome en
1527.
Il se développe avec le concile de Trente, qui entend régénérer le clergé dans tous les pays et lutter contre l'hérésie.
· Aux guerres de Religion succède la remise en cause d'un univers qui change de formes et de dimensions.
!!infini de l'univers
est entrevu, l'homme n'est plus au centre de la création, la Terre
n'est plus au centre du monde.
!!âge baroque a le goût du faste
et du spectacle; il joue beaucoup l'illusion que l'on retrouve dans
les jeux de perspective et de trompe-l'œil du théâtre baroque
(t:/1/usion comique de Corneille, La vie est un songe de Calderén).
La peinture baroque partage avec la sculpture la description
outrée des personnages, dont les gestes et les expressions exagérées traduisent les passions humaines et révèlent l'intérêt des
artistes de l'époque pour le lyrisme et le pathétique.
La littérature se caractérise par la complexité des intrigues qui
traduit le foisonnement du monde (multiplication des personnages
et des lieux comme dans Histoire comique des États et Empires
de la Lune de Cyrano de Bergerac), et par le goût de la quête.
Le
hasard et son pouvoir d'étonnement devient le moteur principal
des événements et de la fantaisie pure : goût de l'inconstance, de
l'exagération, du déguisement, du trompe-l'œil, de la métamorphose.
Les poètes baroques (Théophile de Viau, Saint-Amant,
Jean de Sponde, Agrippa d'Aubigné) privilégient les métaphores,
les antithèses, les images inattendues qui expriment l'inconstance
des sentiments, thème cher aux écrivains baroques.
Le mouvement des Lumières
: La philosophie des Lumières s'épanouit au cœur du XVIII" siècle,
alors que la France est secouée par les guerres et les famines,
malgré une période de trêve inaugurée par le règne de Louis XN
de 1723 à 1774 : guerre de succession d'Autriche, rivalité coloniale avec l'Angleterre, guerre de Sept Ans qui oppose la France à
l'Angleterre et à la Prusse.
Au sein du royaume, les difficultés s'accentuent, et la succession des mauvaises récoltes ainsi que la
banqueroute de l'État conduisent à la convocation des États
généraux et à la Révolution de 1789.
Les philosophes....
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