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La question : « Qui suis-je ? » admet-elle une réponse exacte ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet...

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« La question : « Qui suis-je ? » admet-elle une réponse exacte ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - On peut faire une dnférence entre«Qui suis-je?» et«Que suis-je?», la réponse à la seconde question pouvant préparer celle à la première. - La notion de «réponse exacte » pourrait impliquer un recours aux sciences : lesquelles? - «Qui suis-je?» : question psychologique ou métaphysique? Selon l'approche, on peut aboutir à une réponse différente. ■ Pièges à éviter - Ne pas se contenter de faire allusion aux difficultés que la psychana­ lyse oppose à la connaissance de soi. - Si l'on évoque le Cogito cartésien, en cerner correctement la portée : il n'y est pas nécessairement question de psychologie ... - Ne pas oublier de cerner comment ou dans quelles conditions cette question peut apparaître. CORRIGÉ [Introduction] Sans doute l'enfant peut-il, du moins à partir d'un certain âge, répondre spontanément à la question «Qui suis-je?», en énumérant simplement son nom et son prénom, ceux de ses parents, la liste de ses frères et sœurs ; il pourra même ajouter son adresse et une rapide description du lieu où habite sa famille.

Mais il est «innocent » : il ne perçoit pas encore la complexité de son je, et se contente de le repérer en quelque sorte de l'extérieur, par quelques indices «objectifs».

Pour l'adulte, et plus ';, encore pour le philosophe, répondre à une telle question est autrement complexe, et elle le devient de plus en plus pour peu que l'on demande que la réponse soit«exacte». [I.

Apports de l'auto-analyse] Lorsque Socrate recommande «Connais-toi toi-même», il n'a pas encore en vue de répondre à la question«Qui suis-je?».

Se connaître, au sens initial de la tradition philosophique, c'est d'abord se repérer comme homme, savoir de quoi l'on est capable, jusqu'où on peut aller, quelles sont les valeurs que l'on doit défendre.

En d'autres termes : n'être ni ani­ mal ni divin, prendre la mesure de l'humanité moyenne.

Le je subjectif n'est pas encore en cause, parce que la conscience socratique est d'abord à portée morale. Se définir comme homme, et quel que soit le sens que l'on donne à ce terme, c'est beaucoup plus répondre à un« Que suis-je?» qu'à un«Qui suis-je?».

Saisir la spécificité du «Qui» implique la conscience d'une singularité, d'une unicité peut-être, en tout cas d'une existence qui n'est pas l'exacte équivalente de celle des autres.

L'analyse de ceje, lorsqu'elle est instaurée dans les Confessions de saint Augustin, apparaît aussitôt comme longue, sinon interminable.

Qu'il s'agisse des Essais de Mon­ taigne ou des Confessions de Rousseau, les textes sont copieux, parce qu'il faut y tenir compte de l'évolution duje: le saisir tel qu'il est devenu n'a de sens que si l'on comprend le parcours accompli pour devenir ce qu'il est ou semble être.

De surcroît, ce je paraît éminemment changeant, mobile : c'est le va-et-vient de Montaigne de l'épicurisme au stoïcisme, c'est la façon dont Rousseau essaie de débusquer, derrière chacun de ses sentiments, des causes éventuellement lointaines et des retentissements d'abord inaperçus. La longueur de l'exploration se confirme dans tous les journaux inti­ mes : plus un sujet tente de se cerner pour se définir avec quelque préci­ sion, plus il s'engage dans des voies tortueuses, relativement auxquelles tout événement nouvellement vécu introduit de nouvelles perspectives ou de nouveaux échos. [Il.

Le Cogito] Plus radicale paraît l'attitude cartésienne, mais peut-être est-elle, en dépit de la certitude qu'elle procure, moins riche en enseignements.

Le Cogito m'enseigne bien en effet ma nature de «substance pensante», mais il n'explore pas par lui-même la subjectivité.

Au point qu'on peut considérer qu'il révèle davantage que, ou ce que, je suis, que, exactement, qui je suis.

Sans doute peut-on considérer qu'être substance pensante est commun à tous les je différents, mais c'est précisément cette différence qui intrigue et qui demande à être précisée, parce que c'est elle qui fonde le je et sa singularité. On peut alors être tenté, puisqu'il s'agit d'obtenir une réponse « exacte », de s'appuyer sur les apports que m'offriraient certaines disciplines scien­ tifiques.

Ainsi la psychologie va décrire mes comportements et mes fonc­ tions mentales, mais ses descriptions, si elles sont scientifiques, sont par définition universelles : je pourrais donc savoir, grâce à ce qu'elle enseigne, de quoi ou comment je suis fait, mais certainement pas ce qui me revient en propre dans l'ensemble des fonctionnements qu'elle décrit. Ma singularité est noyée dans une moyenne qui la dissimule. On peut.... »

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