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La raison est-elle seulement affaire de logique ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - Question d'abord déroutante: la...

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« La raison est-elle seulement affaire de logique ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - Question d'abord déroutante: la réponse semble aller de soi: il suffit de penser à Kant (raison pure et raison pratique) pour deviner que la logique n'est pas le tout de la raison. - Mais il ne s'agit pas de distinguer classiquement raison spéculative et raison pratique, puisque la question concerne la seule logique, au sens strict (qu'il faut savoir repérer). - D'où : la logique intervient-elle aussi dans la morale, ou dans les relations entre les hommes ? ■ Pièges à éviter - Ne pas énumérer toutes les situations qui vous sembleraient exté­ rieures à la logique: risque d'échantillonnage insignifiant. - Prendre garde aux variations (historiques) de la«raison», qui n'est pas la même chez Platon que chez Bachelard. - Le«seulement» suggère qu'il y a autre chose, dans la raison, que la seule logique : ce n'est pas une raison pour négliger l'aspect logique lui­ même. CORRIGÉ [Introduction] Le vocabulaire non spécialisé distingue volontiers, à partir du substantif «raison», deux adjectifs que l'on ne peut confondre : d'une part le rationnel, de l'autre le raisonnable.

D'up.

enfant, à partir d'un certain âge, on attend par exemple qu'il sache se montrer raisonnable, mais cela'ne signifie pas encore que sa pensée devrait être rigoureusement rationnelle. Une telle distinction a-t-elle un sens durable, ou doit-on admettre qu'en fait, et pour peu qu'on s'intéresse à une raison ayant atteint sa maturité, tout ce qui participe de la raison relève de la seule logique ? [I.

Avantages de la logique] La logique se présente comme un ensemble de règles qui garantissent la validité des déductions, ou des enchaînements de propositions.

Dès sa première formulation rigoureuse, dans la version qu'en donne Aristote, elle nous enseigne comment nous devons lier nos énoncés pour qu'ils soient formellement vrais. Ainsi, les règles du syllogisme constituent par exemple les modèles de déductions justes.

On sait toutefois que la vérité de la déduction ne concerne pas le contenu des propositions: il est possible de construire des syllogismes parfaitement vrais, mais empiriquement absurdes ou dénués de sens (seules les panthères ont les yeux bleus; mon cousin a les yeux bleus; donc mon cousin est une panthère).

Si de tels enchaînements peu­ vent être amusants, on voit mal quel pourrait être leur intérêt pour qui s'intéresse au monde et aux vérités que l'on peut élaborer à son propos. Aussi la pensée grecque définit-elle déjà la raison de façon à y inclure d'autres potentialités que la seule exigence logique: le logos, qui signifie initialement le fait de rassembler ou de mettre ensemble, désigne la pen­ sée dans son activité de mesure, et aussi dans sa façon d'obéir à ce qu'Aristote définit comme «juste mesure».

Être rationnel, c'est ainsi refuser la «démesure» (l'hubris), celle qui nous ferait nous prendre pour un dieu ou nous négliger jusqu'à tomber dans l'animalité- mais peut-être existe-t-il aussi, ou peut-il exister, une démesure jusque dans la logique ? C'est bien ce qui semble se produire lorsque les raisonnements s'établis­ sent à partir de propositions premières qui n'ont guère d'intérêt, ou qui peuvent paraiî:re étonnamment arbitraires. Par exemple, les déductions qu'opère Platon sur les occupations, les statuts et les fonctions des catégories sociales dont l'équilibre doit consti­ tuer la Cité juste (La, République) sont sans doute logiques.

Elles n'en ont pas moins le défaut, à nos yeux, de prendre appui sur des postulats qui sont devenus pour le moins discutables, puisque notre conception de la justice trouve difficile d'admettre une différence initiale de «nature» entre les futurs membres d'une société humaine. ' [Il.

· Logique, empirisme et morale] En d'autres termes, la logique est sans doute la voie royale de la pensée lorsqu'il s'agit de calculer, mais la pesée ne se limite pas au calcul.

Rien ne le montre mieux que les errances de la «science» avant la reconnais­ sance des apports de l'expérience.

Si la physique d'Aristote (mais encore celle de Descartes) est fausse, alors que ses déductions sont sans doute impeccables, c'est parce qu'elle prend son point de départ dans une récep­ tion passive des perceptions, comme si la nature se devait de nous révéler, de son propre mouvement - pour ne pas évoquer sa propre volonté -, les lois de son organisation. Au contraire, lorsque Galilée constate l'intérêt qu'il y a, pour l'esprit scientifique, à commencer par questionner la nature avec précision, pour en obtenir des réponses qui seront également les plus précises possibles, la raison devient active.

Ce qui servira de programme pour les sciences expérimentales, mais indique que la connaissance rationnelle ne peut se constituer que si elle tient compte simultanément des données de l' expé­ rience active et des exigences de la logique mathématique (lorsqu'on mathématise les observations obtenues).

Sans doute Galilée affirme-t-il que les mathématiques sont bien « le langage de la nature».

Mais tout langage est constitué d'un vocabulaire et d'une syntaxe : si les mathéma­ tiques fournissent la syntaxe, le vocabulaire, de son côté, doit avoir ses référents dans le domaine empirique. À considérer la science contemporaine, on doit d'abord constater que la mathématisation y a fait de tels progrès qu'elle permet désormais, du moins dans certains secteurs, d'anticiper sur les données expérimentales (c'est le cas dans la« physique théorique»).

Il n'en.... »

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