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La recherche de l a productivité est-elle une solution à la crise de l'emploi dans les économies capitalistes? INTRODUCTION Il...

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« La recherche de l a productivité est-elle une solution à la crise de l'emploi dans les économies capitalistes? INTRODUCTION Il Accroche du sujet il Depuis la Première Révolution industrielle, les gains de productivité ont :1 souvent été accusés de supprimer des emplois.

Aussi peut-il paraître, à première vue, paradoxal, de préconiser, comme solution à la crise de l' emploi, ,, la recherche de la productivité. 1111 Définitions et problématique La productivité est le rapport entre la production et les moyens nécessaires fi à sa réalisation, travail, capital, consommations intermédiaires, amortissement du capital.

Les gains de productivité, dont l'origine réside, non seulement dans les innovations de procédés, mais aussi dans l'organisation du travail et la motivation des travailleurs, expriment l'évolution de la productivité au cours du temps.

Or, depuis les années soixante-dix, les pays capitalistes industrialisés connaissent tout à la fois un ralentissement des gains de productivité, /! une rupture du rythme de la croissance et une crise de l'emploi qui ne s'exprime pas uniquement par la montée du chômage.

D'ailleurs, les taux de ,! chômage sont très disparates selon les pays : inférieurs, en 1997, à 6% de la population active en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Japon mais supérieurs à 10 % en France, en Allemagne ou en Italie.

La crise de l'emploi ;I signifie aussi une plus forte précarisatîon, une flexibilité accrue, des écarts de revenus plus importants entre les travailleurs.

Plus que l'emploi, c'est le travail qui est en crise.

Résoudre la crise de l'emploi par la recherche de la productivité suppose l'existence d'un lien de causalité positif entre gains de productivité, croissance et emploi.

Les relations entre ces trois variables sont complexes.

Les gains de productivité ne créent des emplois que s'ils sont ,, inférieurs à la croissance du PIB.

Ils peuvent aggraver la crise de l'emploi si la :: formation des travailleurs est insuffisante.

La création d'emplois ne réduit pas 1 nécessairement le chômage.

De plus, il serait abusif d'attribuer les problèmes de l'emploi au seul ralentissement des gains de productivité. B Annonce du plan permettant de renouer avec la croissance, la recherche de la producti­ 11 vitéEnpeut contribuer à résorber le chômage dans les économies capitalistes (I). : L'efficacité des gains de productivité face à la crise de l'emploi dépend des politiques économiques et sociales mises en œuvre (II). PARTIE I Depuis les années soixante-dix, les économies capitalistes connaissent un ralentissement des gains de productivité (A) et une crise de l'emploi (B). Facteur de croissance, les gains de productivité peuvent contribuer à réduire le chômage (C). lil A.

La crise coincide avec un ralentissement des gains de productivité La mesure de la productivité est délicate.

La productivité du travail, rapport entre la valeur ajoutée et le nombre d'heures travaillées, la producti­ vité du capital, rapport entre la valeur ajoutée et le stock de capital, et la !.

productivité globale des facteurs de production sont les indicateurs de f productivité le plus souvent utilisés.

Les productivités du capital et du travail sont qualifiées d'«apparentes».

En effet, une hausse de la productivité du capital peut s'expliquer non seulement par des moyens de production plus efficaces mais aussi par une qualification accrue de la main-d'œuvre.

De :: même, si la productivité du travail augmente, c'est souvent parce que le capital mis à la disposition des travailleurs est plus performant.

Il est d'autant plus difficile d'isoler la contribution propre de chaque facteur de production que ni le travail, ni le capital ne sont homogènes.

Aussi, peut-il être préférable L de suivre un indicateur plus global tel que productivité globale des facteurs de production. Dans tous les pays de l'OCDE, on observe, à partir des années soixante­ dix, un ralentissement de la croissance du PIB 5,2 % en moyenne annuelle de 1960 à 1973, 2,6% de 1973 à 1986 parallèlement à une baisse du rythme de croissance de la productivité apparente des facteurs de production 2,8% en moyenne annuelle de 1960 à 1973, 0,6% de 1973 à 1986.

Ces ruptures se prolongent dans les années quatre-vingt-dix.

En France, la croissance de la valeur ajoutée passe en moyenne annuelle de 5,6% de 1960 à 1970 à 1,3% de 1991 à 1995, celle de la productivité du travail de 4,9% à 1,3%. Les causes du ralentissement des gains de productivité font l'objet de controverses.

Pour certains économistes, il s'agit d'un phénomène de rattra­ page du pays leader, les États-Unis, par les pays européens et par le Japon. · ' Dans cette hypothèse, il serait illusoire de chercher à remédier à la crise de l'emploi par des gains de productivité.

Pour d'autres économistes, proches de la tradition schumpétérienne, c'est l'épuisement de la «grappe d'innovations» d'après-guerre diffusion des biens d'équipement, extension du taylorisme qui entraîne une croissance plus faible.

De nouvelles innovations .permet­ traient alors de renouer avec la croissance.

Mais la tertiarisation des écono­ mies peut rendre difficile cette solution : la productivité dans certaines branches du tertiaire comme les services de proximité ou les conseils aux , entreprises demeure faible ou difficile à quantifier. 11 Ili B.

Les pays capitalistes sont victimes d'une crise de l'emploi. La crise de l'emploi a de multiples facettes : montée du chômage, précari­ sation de l'emploi, flexibilité accrue du marché du travail, inégalités de revenus, exclusion durable du marché du travail. Le chômage se développe, dans les pays de l'OCDE, à partir de 1974.

De 1950 à 1974, le nombre de chômeurs ne dépasse pas 12 millions.

Mais, il atteint 20 millions en 1980, 30 millions en 1982 et, après avoir diminué à 25 millions en 1990 sous l'effet de la reprise de la fin des années quatre-vingt, il progresse jusqu'à 35 millions en 1992.

En 1997, on compte près de 19 millions de chômeurs dans l'Union européenne et 3,1 millions en France.

Ce chômage de masse est souvent un chômage de longue durée : un peu plus d'un tiers des chômeurs en France en 1997.

Il se caractérise aussi par de fortes inégalités : en mars 1996, en France, le taux de chômage des s'élève à 17,2 % 11 ' contre 7,4% pour les diplômés de l'enseignement supeneur, celui des «Ouvriers» à 15,3% contre 4,6% pour les «Cadres et professions intellec­ tuelles supérieures». Mais la crise de l'emploi ne se réduit pas au chômage.

On assiste aussi à une précarisation croissante de l'emploi avec le développement des contrats à durée déterminée et du temps partiel subi.

La multiplication des situations intermédiaires entre travail et chômage brouille les frontières entre chômage, emploi et inactivité.

Dans certains pays, comme aux États-Unis, le marché du travail est très flexible - décentralisation des négociations salariales, salaires minimum et indemnisation du chômage faibles, procédures de licenciements simples - ce qui accroît la précarité des travailleurs.

La progression des inéga­ lités de revenus dans les PDEM est aussi un indicateur de la crise de l'emploi. Les causes du chômage et de la crise de l'emploi sont multiples.

Dans une perspective néo-classique, le chômage peut s'analyser par de trop fortes rigidités sur le marché du travail et des profits insuffisants.

Pour réduire leurs coûts, les entreprises flexibilisent le travail ce qui leur permet d'abaisser le «point mort», c'est-à-dire le montant de la production à partir duquel les coûts fixes sont intégralement couverts par le chiffre d'affaires.

Dans une perspective keynésienne, le chômage est lié à une insuffisance de la demande des ménages et des entreprises qui hésitent à investir.

La relance de la demande, la reprise de l'investissement permettraient de réduire le chômage en augmentant le niveau de la production.

D'autres débats surgissent à propos du rôle de la mondialisation, notamment du rôle de la concurrence des économies émergentes et/ ou des délocalisations actuelles ou potentielles. Il! C.

Les gains de productivité sont une des causes de la croissance et donc de l'emploi. ,, ,,,, Les travaux de Carré, Dubois et Malinvaud ont bien mis en évidence le rôle central du progrès technique et des gains de productivité dans la croissance économique française.

Sur la période 1951-1973, les seules augmentations quantitatives du travail et du capital n'expliquent que 1,7 point de la crois­ sance du PIB (+ 5,4% en moyenne annuelle).

Les quatre cinquièmes de la croissance proviennent de facteurs qualitatifs.

L'incorporation de la qualité de la main-d'œuvre, de l'âge du capital, des migrations agricoles, dans le travail et le capital, permet d'expliquer la moitié de la croissance.

Ceci signifie que l'autre moitié provient du «résidu», du progrès technique impossible à incor­ porer dans les facteurs de production.

De 1979 à 1984, le ralentissement de la croissance française -1,1% en moyenne annuelle -s'explique à la fois par la contribution négative des facteurs de production - - 0,9 point -et un «résidu» plus faible que sur la période précédente -2 points. Cependant, selon les époques et les pays, les parts respectives du travail, du capital et de la productivité dans la croissance peuvent être différentes.

Les études de Maddison montrent que la croissance peut être plus ou moins inten­ sive et le rôle du progrès technique plus ou moins fort.

Ainsi, la croissance américaine de 1913 à 1950 (2,8% en moyenne annuelle) s'explique plus par la contribution des facteurs de productioIJ- (1,5 point) que par celle de la produc­ tivité globale (1,3 point).

Toujours aux Etats-Unis, et encore plus nettement, de 1973 à 1987, les 2,7% de croissance annuelle s'expliquent presque entièrement par les facteurs de production (2,6 points). Si les gains de productivité ne sont pas le seul facteur de croissance, leur rôle est cependant déterminant.

En permettant de produire plus, les gains de productivité peuvent réduire le prix des produits, améliorer la compétitivité des entreprises, augmenter les impôts, les salaires et les profits, faciliter le financement des investissements privés et publics ainsi que les revenus sociaux.

La croissance permet la création d'emplois.

Par exemple, au cours des «Trente Glorieuses», les gains de productivité ont amélioré le pouvoir d'achat et les conditions de vie, réduit les inégalités et en France, le taux de chômage n'a jamais dépassé 3 % de la population active.

Le ralentissement des gains de productivité, à partir des années soixante-dix, se répercute sur le rythme de croissance.

Réciproquement, le ralentissement de la croissance joue à son tour sur les gains de productivité.

En période de récession, capital et travail sont sous-utilisés et les entreprises hésitent à investir ce qui entraîne un vieillissement du stock de capital.

Moins de croissance, moins d'investissements, moins de profits, mais aussi moins de recherche, moins d'innovations : un processus cumulatif récessif se met en place.

Une solution à la crise de l'emploi, un moyen de résorber le chômage consistent donc à rechercher une plus grande efficience au niveau de la production. PARTIE II La recherche de la productivité peut aussi aggraver la crise de l'emploi (A). Son efficacité n'est pas toujours garantie (B) et nécessite des politiques d'accompagnement (C). 1 A.

La recherche de la productivité peut aussi aggraver la crise de l'emploi. À court terme, les gains de productivité détruisent des emplois.

À long terme, ils modifient la répartition.... »

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