La résurrection de Brian Mulroney, le Premier ministre conservateur sortant, marquera l'histoire politique du Canada. Personne n'est revenu d'aussi loin...
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La résurrection de Brian Mulroney, le Premier ministre conservateur sortant, marquera l'histoire politique
du Canada.
Personne n'est revenu d'aussi loin pour remporter une victoire aussi décisive que celle qu'il a
obtenue aux élections du 21 novembre 1988.
Paradoxalement, il la doit en bonne partie à John Turner, le
chef du Parti libéral, qui décida de transformer l'élection en référendum sur l'accord de libre-échange
signé avec les États-Unis au début de 1988.
Cet accord devait entrer en vigueur le 1er janvier 1989: le
Congrès américain et la Chambre des communes canadienne l'avaient entériné à la fin de l'été 1988, mais
le Sénat canadien, à majorité libérale, le bloquait.
John Turner se prononça résolument contre cet accord, rompant ainsi avec la position traditionnelle du
Parti libéral.
Il faut dire que l'accord déborde largement la seule question des tarifs douaniers et que les
dispositions concernant les capitaux, l'énergie et le renvoi à une deuxième négociation de l'épineuse
question des subventions "déloyales" aux entreprises peuvent être diversement interprétées.
Après un
début de campagne catastrophique, J.
Turner sut profiter de deux débats télévisés pour mettre B.
Mulroney sur la défensive...
et galvaniser la coalition hétéroclite des opposants à l'accord de libreéchange.
Le Canada anglais a rarement été secoué par une telle vague nationaliste.
Mais B.
Mulroney
disposait de plusieurs atouts: la faible cote personnelle de J.
Turner, l'engagement du monde des affaires,
largement acquis au libre-échange, l'imperméabilité du Québec au nationalisme canadien.
Mais l'atout le plus important fut le mode de scrutin, uninominal à un tour, qui n'est pas tendre pour les
oppositions divisées.
Or le Nouveau parti démocratique (NPD) faisait également campagne contre le libreéchange.
Avec seulement 43% des voix, le Parti conservateur a donc pu récolter 169 circonscriptions,
contre 83 pour les libéraux (33% des voix) et 43 pour le NPD (20% des voix), qui a repris sa place
habituelle après avoir été pendant de nombreux mois la coqueluche de l'opinion publique.
L'accord de
libre-échange est donc entré en vigueur...
grâce au Québec.
Sans le Québec, le Parti conservateur eût été minoritaire.
Grâce à une large coalition regroupant les
milieux économiques, les médias et les nationalistes québécois, il y récolta 63 des 75 circonscriptions,
balayage encore plus impressionnant que celui de 1984.
Le Premier ministre du Québec, Robert
Bourassa, s'engagea personnellement.
Le vote québécois a représenté à la fois un pied-de-nez à la
puissante province voisine, l'Ontario, qui militait contre l'accord de libre-échange, et une marque de
confiance à l'égard de la nouvelle bourgeoisie d'affaires francophone, qui rêve de conquêtes
économiques.
Un budget d'austérité
Même si tous les autres thèmes ont été relégués au second plan, chaque parti y est allé de ses
promesses électorales.
Du déficit du gouvernement central (5,2% du produit national en 1988-1989), il
n'a pas été question.
La croissance de l'économie allait bon train (+4,5% en 1988) et le taux de chômage
semblait stabilisé (7,8% pour 1988).
Il y avait cependant une ombre au tableau, la hausse des taux
d'intérêt: du premier trimestre 1988 au premier trimestre de 1989, ils ont augmenté de quatre points,
prétendument pour calmer la surchauffe de l'économie.
Mais celle-ci est limitée à l'Ontario, et les autres
provinces s'estiment lésées par John Crow, le directeur de la Banque du Canada, qui bénéficie de l'appui
du ministre des Finances, Michael Wilson.
En fait, le gouvernement central est la principale victime de cette politique monétaire, à cause de
l'ampleur de la dette.
Le déficit allait-il devenir incontrôlable? L'élection terminée, il a fallu redescendre
sur terre.
Le budget du 26 avril 1989 a révélé l'étendue des dégâts: malgré l'abandon des principales
promesses électorales, malgré la hausse des impôts directs et indirects et les coupes claires dans
plusieurs secteurs dont la défense (adieu, sous-marins nucléaires...), le déficit de 1989-1990 atteindra
30,5 milliards de dollars, en hausse de 1,6 milliard.
Près du tiers des recettes de l'État central servent à
couvrir le service de la dette.
A l'exception de l'assurance-chômage, les programmes sociaux en sont
cependant sortis relativement indemnes.
Mais le ralentissement économique qui se dessinait au printemps
1989 faisait craindre d'autres budgets moroses.
La deuxième lune de miel de Brian Mulroney a été de
courte durée.
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L'accord constitutionnel en péril
L'accord du lac Meech, qui modifiait la Constitution de 1982 dans un sens favorable aux revendications
minimales du Québec, apparaissait sérieusement compromis au printemps 1989.
Non seulement les
provinces du Manitoba et du Nouveau-Brunswick refusaient toujours de l'entériner dans sa forme actuelle,
mais la classe politique anglophone soutenait majoritairement cette opposition et, pour faire bonne
mesure, l'élection du 20 avril 1989 à Terre-Neuve s'est soldée par la victoire de l'opposition libérale, qui
rejette également l'accord.
L'adoption par le Québec, en décembre 1988, d'une loi maintenant des
restrictions à l'affichage anglais a provoqué une tempête dans l'ensemble du....
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