Devoir de Philosophie

La Reunion Juin 2000 @ Dictée s Nous fîmes beaucoup d'essais. Certes, le bâton se comportait étrangement, parfois s'élevant brusquement,...

Extrait du document

« La Reunion Juin 2000 @ Dictée s Nous fîmes beaucoup d'essais.

Certes, le bâton se comportait étrangement, parfois s'élevant brusquement, parfois décrivant au ras du sol un quart de cercle, mais il ne revenait pas.

Je compris assez vite qu'il ne reviendrait jamais.

Mais les bizarreries de sa course me suffisaient. Julien GRACQ, Lettrines. Le boomerang Julien Gracq, romancier contemporain, évoque le souvenir des jouets qui ont émerveillé son enfance. Le boomerang, lui, je le désirai bien longtemps avant de l'avoir.

C'est dans Jules Verne que j'avais dû découvrir cette arme magique.

Je s 10 1s rêvais, la nuit, du vol du bâton silencieux, décapitant en tournoyant les oiseaux sur les branches, et revenant se poser dans la main du lanceur.

Je me voyais, l'étrange arme courbe à la main me glissant de nuit à travers la campagne plus maître du monde que Gygès 1 avec son anneau.

Je lisais régulièrement le Chasseur français 2, que me prêtait mon parrain, revenu de la guerre fervent de la chasse à tir 3 : il publiait des extraits du catalogue de la Manufacture de Saint-Étienne: stupéfait, ébloui, je découvris un beau soir que cette firme inspirée 4 vendait des boomerangs.

II n'en coûtait que seize francs, somme, il est vrai, qui me laissait sans espoir.

Pourtant, quand mon parrain fit un voyage à Paris et me demanda quel cadeau je souhaitais qu'il me rapporte, j'osai parler du boomerang, avec autant de conviction que si j'avais demandé la lune.

Quand il revint, j'étais couché, convalescent d'une petite maladiè: il retira de derrière son dos un rectangle de carton, et, fixé aux deux bouts par deux cordonnets, j'aperçus ce qui me LaRéYQÎPD Fran~a•s • Session de juin 2000 63 20 25 30 causa le plus violent saisissement de bonheur de ma vie.

J'avais neuf ans. Je le contemplai longtemps.

Je crois bien même qu'assez longtemps je n'osai pas délier les cordonnets.

J'avais plus soif encore de le voir que de l'éprouver 5• Peut-être n'étais-je pas déjà tellement pressé de l'éprouver - pressentant une faille entre·le monde des livres et celui de l'expérience, hésitant à demi à abandonner les charmes de l'espérance pour les épreuves de la foi. Plat sur l'une de ses faces, bombé sur l'autre, c'était un bel objet, tout entier taillé dans le fil du bois, un bois exotique clair et dur, tout luisant de vernis.

Longtemps je le regardai, je mesurai ses deux branches -l'une un peu plus longue que l'autre - j'éprouvai des doigts sa courbure, essayant de saisir le secret, le gauchissement subtil par où le mystérieux engin.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓