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LA RÉVOLUTION DE MARS 1917 1 Introduction : La première révolution russe a été préparée par la lente désagrégation du...

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« LA RÉVOLUTION DE MARS 1917 1 Introduction : La première révolution russe a été préparée par la lente désagrégation du régime tsariste et l'action d'oppositions organisées; mais elle éclate sous la forme d'une révolte spontanée et imprévue des masses exaspérées par la guerre et la misère. 1.

Le·pouvoir et les oppositions. A.

Le pouvoir. Malgré la Constitution de 1905, qui a institué une Douma législative, où l'aristocratie foncière est surreprésentée, la Russie reste un empire autocratique. Mais le faible tsar Nicolas Il s'est discrédité auprès de l'aristocratie par la faveur accordée à un aventurier, Raspoutine (assassiné en décembre 1916 par le prince Yousoupof).

qui se faisait fort de guérir le tsarévitch atteint d'hémophilie. B.

Les oppositions, ail nombre de quatre - Les constitutionnels-démocrates (K.-D.), représentants de la bourgeoisie intellectuelle et économique, qui réclament un reg1me libéral et parlementaire, associés à la Douma avec les "octo­ bristes" (qui se tenaient jusqu'alors pour satisfaits du manifeste d'octobre 1905, base de la constitution) dans le bloc progressiste (180 sièges sur 428), puissants dans les zemstvos (assemblées locales); - Les socialistes-révolutionnaires, héritiers des populistes des années 1880, théoriciens du socialisme agraire, largement écoutés par les paysans auxquels ils présentent le partage révolutionnaire des grands domaines comme la solution du problème crucial de l'insuffisance des lots de terre familiaux (38 sièges à la Douma); (1) La Russie a conservé le calendrier julien, dont les dates retardent de 13 jours sur celles du calendrier grégorien que nous utiliserons. - Les sociaux-démocrates, marxistes, plus influents auprès des ouvriers, organisés en parti depuis 1898 et divisés depuis 1903 en deux groupes : ■ Mencheviks, partisans d'une alliance tactique avec la bourgeoisie libérale et d'une transformation progressive de la société, qui se rattachent aux tendances réformistes de la 11° Internationale; 11 Bolcheviks, regroupés derrière Lénine en un bloc discipliné, qui rejettent tout compromis, croient possible une révolution proléta­ rienne dirigée par le parti, conduite par les ouvriers, soutenue par les paysans, sans attendre que l'économie russe atteigne un stade évolué du capitalisme, et voient dans la guerre l'occasion de son déclenchement (thèses de la gauche zimmerwaldienne); leurs chefs sont déportés ou exilés, mais leur journal, la Pravda (Vérité) pénètre dans les usines. Il.

Les préliminaires de la révolution. La guerre a d'abord permis d'étouffer les oppositions (arrestation des cinq députés bolcheviks de la Douma). Mais les défaites {Tannenberg, août 1914, Vilno, août 1915, perte de la Pologne, de la Lithuanie) ont déconsidéré le pouvoir, malgré la sta­ bilisation du front en août 1916 (contre-offensive Broussilov) : attaque du porte-parole des K.-D.

à la Douma, Milioukov, contre le gouverne­ ment (novembre 1916); formation de l'Union des villes et de l'Union des zemstvos à dominante K.-D.

pour prendre en main l'effort de guerre national; complot de militaires et d'industriels pour remplacer le tsar. La baisse de la production alimentaire {mobilisation des paysans), la désorganisation des transports réquisitionnés pour l'armée privent les villes de ravitaillement; les prix triplent. D'où des grèves spontanées, en particulier à Petrograd (usines Poutilov, tramways) pour une adaptation des salaires au coût de la vie; les bolcheviks les encadrent pour entraîner les masses à l'action révolutionnaire (janvier-février 1917).

Elles interfèrent avec les mesures de lock-out de certaines usines privées de charbon et avec des manifestations de colère des femmes contre la.... »

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