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La scène du cimetière futur : une double fonction La scène du cimetière futur {v. 1829-2010) se situe au troi­...

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« La scène du cimetière futur : une double fonction La scène du cimetière futur {v.

1829-2010) se situe au troi­ sième jour des aventures de Lancelot.

Alors qu'il poursuit sa quête en compagnie d'une demoiselle, le héros parvient « dans un lieu vraiment très beau» {v.

1837), où il découvre une église et un cimetière. Ce cimetière va être le décor d'une aventure merveilleuse et réussie: après l'épisode déshonorant de la charrette, Lancelot trouve ici le moyen de se réhabiliter, de se quali­ fier 1 .

De plus, le cimetière a une particularité étonnante : il renferme des tombes vides, dont les inscriptions révèlent les noms de ceux qui y reposeront.

Tourné non pas vers le passé des morts disparus, mais vers un futur prophétique, ce cimetière est le lieu de révélations surprenantes. Nous analyserons donc l'épisode en précisant sa double fonction dans le parcours du héros : sa fonction qualifiante et sa fonction prophétique. UNE FONCTION QUALIFIANTE Une épreuve merveilleuse Dans la scène du cimetière, Lancelot mène à bien une aventure merveille·use: il réussit à soulever seul la lourde dalle d'un tombeau qui, pour être levée, exigerait « sept hommes très grands et très forts» (v.

1892).

Le caractère exceptionnel de l'exploit est souligné par une description 1.

L'épreuve du cimetière permet au héros de se qualifier, c'est­ à-dire de prouver ses qualités et sa valeur chevaleresques. hyperbolique de la tombe et par une exaltation de la force physique du chevalier. Le texte multiplie les hyperboles ou exagérations au sujet de la tombe.

Parmi « les plus belles tombes qu'on pourrait trouver d'ici jusqu'à la Dombes1 et de là jusqu'à Pampelune» (v.

1857-1859), Chrétien de Troyes en isole une qui surpasse toutes les autres « en richesse et en beauté» (v.

1873) : D'une telle richesse, ni d'une œuvre aussi parfaite, jamais il ne fut donné d'en voir ni à moi ni à personne. (v.

1886-1887). L'hyperbole permet de centrer l'attention du lecteur sur l'objet de l'aventure et d'en marquer ainsi l'aspect et le caractère extraordinaires. De la même manière, le texte insiste sur la force surhu­ maine de Lancelot.

Le héros réussit là où « il faudrait sept hommes» (v.

1892) et « mieux que dix hommes n'auraient fait» (v.

1913).

L'épreuve de la pierre tombale, que le narra­ teur qualifie à deux reprises de « merveille» (v.

1917 et 1968) prouve la valeur physique de Lancelot et fait de lui un héros hors du commun.

Il est possible de rapprocher cette épreuve de celle des barreaux de fer de la chambre de Guenièvre (v.

4601 et suivants) : le héros réussit à les tordre sans diffi­ culté, montrant là encore une force exceptionnelle. Une épreuve réussie Finalement, tout est fait pour valoriser Lancelot et pour prouver sa valeur chevaleresque.

Le succès de l'épreuve, en permettant la qualification et la réhabilitation du héros, donne au récit un nouveau départ.

Lancelot retrouve son honneur, qui avait été mis à mal dans l'épisode de la char­ rette.

De plus, la réussite de l'épreuve a lieu devant témoin, ce qui facilite la reconnaissance de la gloire.

Le moine qui assiste à l'exploit répand la nouvelle: il s'empresse de racon­ ter l'aventure à la demoiselle qui accompagne Lancelot, puis aux chevaliers qui les suivaient.

Ses propos élèvent Lancelot 1.

La Dombes est une région comprise aujourd'hui dans le dépar­ tement de l'Ain. au rang de meilleur chevalier du monde (v.

1978-1980).

La demoiselle approuve d'ailleurs ses dires et affirme [...] qu'il n'y a en vie de chevalier pareil à lui nulle part où soufflent les quatre vents. (v.

1953-1954). L'épreuve du cimetière confirme la valeur de Lancelot, mais elle valide aussi et surtout son statut de héros-sauveur. UNE FONCTION PROPHÉTIQUE Lancelot, chevalier élu par le destin Le moine, qui guide Lancelot dans le cimetière, n'est pas un simple témoin de l'aventure.

li est celui qui révèle à Lancelot le sens de son destin.

Tout comme Perceval dans Le Conte du Graal, le héros reçoit cette révélation de la bouche d'un «très vieux moine» (v.

1847), d'un «ermite» (v.

1882).

Ce dernier nous dévoile la vraie signification de l'épreuve, en rappelant l'inscription prophétique gravée sur la pierre tombale : [...

] Celui qui lèvera cette dalle par lui seul délivrera tous ceux et celles qui sont en prison au pays dont nul ne sort [ ...] (v.

1900-1904). L'aventure du cimetière a une fonction prophétique évi­ dente.

D'un point de vue narratif, elle fonctionne comme une anticipation: le lecteur sait d'emblée que Lancelot déli­ vrera les prisonniers du royaume de Gorre.

En outre, elle donne à Lancelot le statut de héros prédestiné, de sauveur. En ce.... »

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