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La séduction dans Dom Juan: la constante de l'inconstance a. Don Juan, l'être du défi effronté Don Juan fascine et...

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« La séduction dans Dom Juan: la constante de l'inconstance a. Don Juan, l'être du défi effronté Don Juan fascine et séduit les femmes.

Il se déclare esthète des plaisirs amoureux.

À travers les femmes, en les détournant de la morale religieuse, en rompant les liens du mariage par la promotion de l'infidélité, en déstabilisant l'ordre monogame, le séducteur veut provoquer Dieu.

Il faut que la séduction exerce ses charmes, il faut plaire mais la séduction serait peu de chose si elle ne conduisait pas ses victimes à perdre le droit chemin (seducere signifie étymologiquement emmener à l'écart, détourner hors du droit chemin, dérouter) et à transgresser les lois.

Enlever les femmes (Elvire, la jeune fiancée en barque) égale les ravir.

Une fois un être séduit, cet être n'existe plus aux yeux de Don Juan: il est comme mort.

À la séduction s'ajoute l'instinct de souiller, de profaner et de tuer. Don Juan agit comme s'il n'existait aucun interdit tout en étant persuadé que ses paroles et ses actes enfreignent l'ordre.

Émanation du principe de plaisir, il est l'image de la puissance libérée, improvisée, nouvelle, et spontanée.

Il dépense son désir sans inhibition*.

Sa persévérance diabolique (de diabolos : celui qui divise) le pousse à la surenchère des transgressions. La séduction table sur le nombre, elle consomme.

Don Juan jure par l'arithmétique: 2 et 2 sont 4 et 4 et 4 sont 8.

Ces équations contiennent la manière dont le séducteur envisage les femmes : en les additionnant indéfiniment les unes aux autres.

« Et si je te disais le nom de toutes celles qu'il a épousées en divers lieux, ce serait un chapitre à dîner jusque au soir» (Sganarelle à Gusman, li).

Don Juan s'installe dans une contre­ ascèse.

Il remplace la soustraction ascétique des faux biens par un trop­ plein qui paradoxalement ne comble pas le corps puisqu'il se reverse toujours dans la dépossession.

Don Juan est la liberté désirante, il a besoin de l'immortalité car c'est la seule chose qu'il n'a pas.

Il est toujours en situation de déranger le conformisme, de s'opposer à la pensée commune et à l'obscurantisme ambiant.

Le défi constant de Don Juan est finalement subordonné à un défi métaphysique : s'égaler à Dieu. Telles sont les raisons de son obsession de la séduction : - dépasser les autres.

Toute résistance est pour Don Juan un excitant du désir.

Faciles (Charlotte ...), plus rudes (le pauvre, le Commandeur...), les obstacles font varier les approches et stimulent l'imagination.

Car la séduction, même si elle obéit à des codes, doit savoir improviser : elle est à sa mesure une aventure créatrice effrénée. - se trouver soi-même.

En multipliant les séductions, Don Juan s'essaie, il éprouve tous ses possibles et il se révèle par l'intermédiaire de ses masques. Il veut prouver qu'il est différent, qu'il peut tout être; mais il n'est aussi qu'un paraître.

Voilà pourquoi le personnage est si mystérieux : son identité est rendue insaisissable; elle est contenue dans son apparence variable selon les situations, toujours mobile et fuyante.

Don Juan est captif de son miroir. Pour rester fidèle à son idéal de liberté, pour continuer à vivre sans attaches, il lui faut se renouveler, se fixer des objectifs et des défis.

Sans doute Don Juan est-il en quête du mystère des femmes.

Les collectionner, c'est aussi chercher à percer leur énigme et croire que la quantité en donnera la clef.

La collection témoigne du rêve de toute-puissance et, à l'inverse, de la peur de l'impuissance. - égaler Dieu, dans sa volonté d'aller au bout de soi-même.

Pour Don Juan, être puni par Dieu ne scelle pas sa défaite.

Si Dieu, chez les chrétiens, est miséricordieux, et s'il punit pourtant Don Juan, c'est la preuve que Don Juan représente un danger.

Par-delà la mort, Don Juan continue de séduire, il a fait accéder sa séduction à l'immortalité, au mythe. - être indifférent au monde, s'en servir comme d'un objet, c'est-à-dire comme du support de son désir, pour que, dans sa course, le plaisir se fasse plaisir à lui-même.

Le péché pour Don Juan est un mode d'affirmation de soi.

La divinité l'avertit de ses excès, elle lui envoie des intermédiaires qu'elle charge de le convaincre (Sganarelle, Elvire, Don Louis ...).

Mais, comme le comprend Elvire CI6), Don Juan épuise la miséricorde de Dieu : il refuse les nombreuses grâces qui lui sont tendues et qui, négligées, se tournent en damnation.

Son endurcissement (« en théologie, le pécheur endurci est celui qui se coupe définitivement les voies du salut», J. Trochet; voir Bossuetl : Sermon sur l'endurcissement prononcé au cours de l'Avent de Saint-Germain) est obstiné et destructeur.

Pour finir, après le dernier avertissement lancé par le spectre, il appartient à la statue, Dieu justicier, de précipiter la damnation de Don Juan.

Il faut la présence sur la scène du surnaturel pour battre Don Juan: la justice des hommes a été 1.

Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704): évêque de Meaux à partir de 1681 ; il fut orienté par Vincent de Paul vers la prédication.

Célèbre pour ses Sermons et ses Oraisonsfunèbres. incapable de s'imposer.

Le crédit du pardon est épuisé: Don Juan est allé au bout du refus, pour arracher un entretien, une invitation avec Dieu.

Il l'a enfin touché directement.

Même par son châtiment, le séducteur semble rester maître du jeu: il a voulu sa mort, son immortalité et sa mystification achevée par une initiation inversée, qui s'avère un rituel de la punition. b.

Les proies de la séduction Tous les personnages sont des occasions de séduire et d'être séduit. Grâce à eux, par le divertissement qu'ils promettent, Don Juan émerge et se désaliène de la monotonie de l'existence.

Il s'émerveille de la nouveauté. Les victimes (notamment les femmes) ne sont pas équivalentes entre elles. Bien sûr Don Juan a le goût de la quantité et de la succession mais chaque proie est différente parce que nouvelle et elle est abandonnée quand s'achève l'attrait de la nouveauté. - les femmes: la pièce ne nous montre pas la réussite complète de la séduction.

Mathurine et Charlotte ne sont pas tout à fait tombées.

Don Juan a juste réussi à détourner Charlotte de Pierrot, son promis.

L'infidélité n'est encore, dans ce cas, que de parole.

Elvire incarne la femme séduite, mais sa conquête est ramenée avant le début de la représentation.

Voilée, elle continue de séduire Don Juan.

Son époux frémit : le voile mouvant exacerbe la séduction interdite.

Il est le signe de la désincarnation de la religieuse qui a jadis été un corps possédé.

Ce corps est maintenant invisible et il se rend désirable par ce qui le cache.

Comment interpréter les demi-réussites de Don Juan? Soit elles suscitent notre méfiance vis-à-vis , du héros qui manque à son discours de vainqueur, soit elles symbolisent la frustration du désir nécessaire pour qu'il ne meure jamais et toujours se relance 1 • - Sganarelle: des liens de séduction unissent le maître et le valet, sorte de Sancho (Don Quichotte, Cervantès).

Don Juan a besoin d'un public naïf pour se détacher et s'élever.

Continûment, Sganarelle est sous le charme de Don Juan, quand pourtant il le condamne.

Il tire gloriole d'entrer dans les 1.

D'abord séduite (enlevée) par Don Juan, Elvire connaît nn second rapt : sa conversion est vécue connne une extase et un ravissement.

Séduite par Dieu, Elvire parle à Don Jnan sous son contrôle (1V6).

Rivé à son ironie qui lui fait abhorrer tonte remontrance moralisatrice, Don Jnan ne s'aperçoit.... »

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