La structure du roman Le texte de Pierre et Jean est composé de manière rigoureuse. L'auteur décrit ici l'éclatement de...
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La structure du roman
Le texte de Pierre et Jean est composé de manière rigoureuse.
L'auteur décrit ici l'éclatement de la famille Roland et le glissement
de Pierre vers la folie ; mais la structure du récit n'est ni disloquée ni
délirante.
Maupassant a donné à son roman une forme régulière,
mesurée et ordonnée.
UNE COMPOSITION RÉGULIÈRE
1 La longueur des chapitres
S'il observe l'organisation générale du récit1, le lecteur ressent une
impression d'ordre et de clarté.
Les neuf chapitres sont pratiquement
de la même longueur.
Le premier est sans doute un peu plus long
que les autres, mais sa longueur se justifie par- la nécessité de pré
senter les personnages et la situation.
Le chapitre second est parti
culièrement bref ; il importait en effet de lancer l'action et de laisser
en suspens les deux thèmes esquissés (la jalousie de Pierre et le
soupçon à l'égard de la naissance de Jean).
Par la suite,_les chapitres
sont tous de la même longueur.
1 Le déroulement de l'action
Si l'on considère à présent le déroulement de l'action, l'impression
d'équilibre subsiste.
Les neuf chapitres recouvrent une durée com
parable.
Le rythme du chapitre est souvent celui de la journée.
À
deux reprises, la narration s'accélère (voir tableau p.
48 et les notes 2
et 3 p.
48).
Mais ces deux entorses au rythme général du récit s'ex
pliquent par le souci de la vraisemblance.
Chez les Roland, le climat
1.
Voir le tableau de la page suivante.
PROBLl=MATIQUES ESSENTIELLES 4 7
familial ne peut se dégrader en un jour (chapitre v1).
Par ailleurs, les
formalités qui précèdent le départ de Pierre - lettres de recommand~tion, visites, embauche, préparatifs - sont nécessairement étalées
dans le temps (chapitre 1x).
Ces exceptions mises à part, le rythme
du récit est constant et la progression de l'intrigue est régulière.
Organisation du récit
CHAPITRES
ÉLÉMENT
DOMINANT
NOM-
DATE
BRE DE
PAGES
1
L'annonce
de l'héritage
24
1er jour ijournée
et soirée du mardi)
Il
La naissance
de la jalousie
et du soupçon
10
Fin du 1er jour
(soirée du mardi,
nuit du mardi
au mercredi)
Ill
« L'avènement
de Jean le riche »
19
2e jour
(mercred0
IV
Les doutes de Pierre
18
3e jour ijeudi)
V
La certitude de Pierre
18
4• jour (vendred0
VI
Pierre tourmente
sa mère
18
Accélération du
récit : 8/15 jours2
Nouvelle journée
Vil
L'aveu de Mme Roland
18
Le même jour
VIII
L'éviction de Pierre
16
Le même jour
et le jour suivant
IX
Le départ de Pierre
16
Accélération du
récit: un mois
environ3.
Dernier jour
2.
Le narrateur accélère soudain le rythme de son récit.
Après avoir décrit très précisément les premières journées, il balaie quinze jours en une seule phrase(• Rien ne survint
chez les Roland pendant une semaine ou deux•, p.
150).
3.
Les jours pendant lesquels Pierre réclame et obtient ses lettres de recommandation
ne sont pas évoqués.
Les formalités d'embauche sont mentionnées brièvement (• Pierre eut la chance d'être nommé en quelques jours •, p.
202).
Enfin, la période qui sépare
la nomination de Pierre de son départ véritable est évoquée très rapidement (« Pierre ne
vécut guère dans sa famille pendant les jours qui suivirent •, p.
209).
48
PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES
LES EFFETS DE SYM.ÉTRIE
Les neuf chapitres s'ordonnent cje manière progressive autour du
chapitre v.
C'est dans ce chapitre central que les rapports de Pierre
et de sa mère se trouvent modifiés.
Ce bouleversement tient en une
1
seule phrase :
«
Elle avait compris qu'il savait» (p.
146).
De part et
d'autre de ce chapitre central, certains passages se répondent.
Ces
f
r
échos permettent au lecteur de mesurer les évolutions qui se sont
produites dans le courant du récit.
Les effets de symétrie sont nombreux, laissant apparaître l'équi-
[
libre du récit.
Nous ne relèverons que trois d'entre eux, qui semblent
l.
1La mer et les bateaux
[
[
caractéristiques.
Le premier et le dernier chapitra offrent plusieurs similitudes.
La
mer y est présente ainsi que les bateaux.
La Perle et la Normandie
apparaissent dans un cas, la Perle et la Lorraine dans l'autre.
Les
deux fois, la famille est réunie, et accompagnée de Mme Rosémilly.
L:unité apparente du groupe dissimule mal les rivalités ou les divisions.
Le lecteur comprend en fin de récit que tout était en germe dès
le premier chapitre.
Le roman se clôt ainsi sur lui-même.
1Les promenades de Pierre
Une autre symétrie rapproche le début et la fin du récit.
On voit à
deux reprises Pierre accomplir le même....
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