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■ LA TECHNIQUE. APPROCHE DU STATUT DE LA 1 REPÈRES j TECHNIQUE. • L'homme est-il maître des techniques? Les accidents...

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« ■ LA TECHNIQUE. APPROCHE DU STATUT DE LA 1 REPÈRES j TECHNIQUE. • L'homme est-il maître des techniques? Les accidents survenus dans plusieurs centrales nucléaires don­ nent son plein sens à une telle question.

Mais celle-ci en appelle d'autres : quelle est, originairement, la finalité de la technique? Par quels processus la technique peut-elle être conduite à produire des effets contraires à sa finalité? Existe-t-il des critères clairement défi­ nis pour normer la production technique et en prévenir certaines utili­ sations néfastes ? Comment mettre en accord les buts visés et les effets obtenus? • Technique et connaissance théorique dans la philosophie grecque. - La distinction de la « theôria » (connaissance contemplative) et de la « teknè » (savoir-faire approprié, spécifique) dans la philosophie grecque. La technique est toujours « information>> d'une matière brute.

Elle travaille sur un donné informe, soit en imitant des modèles idéaux (cf.

, le démiurge ou dieu créateur qui, dans le Timée, produit le monde en se réglant sur la connaissance des Intelligibles), soit en s'efforçant de réaliser (< ce que la nature est impuissante à effec­ tuer». [Références pour approfondir ces deux points : Platon, Timée 29 a, b, et Aristote.

Physique 2, 8 ( 199 a, b).] - Le thème du décalage entre science et technique. Dans la Métaphysique (Livre El, Aristote distingue trois types de « sciences» : les sciences théorétiques (qui portent sur le savoir lui­ même), les sciences pratiques (qui ont trait à l'activité propre à l'homme) et les sciences poétiques (qui concernent toute production d'une œuvre extérieure à l'homme).

La technique, qui relève de ces dernières, est classée dans les « arts non libéraux » - et en tant que telle elle s'oppose à la science (épistémè). Dans le Gorgias, Platon oppose la science et les techniques rhé­ toriques, faites de recettes, et comparables à une « cuisine >>. Les Grecs, disposant d'un outil mathématique assez élaboré (cf. Pythagore et Euclide), ne l'ont en fait appliqué à la connaissance de la nature et à la fabrication technique que très partiellement.

Archi­ mède seul est connu pour s·y être exercé, en fondant l'hydrostatique {physique des fluides) et en concevant des engins balistiques et guer­ riers de toutes sortes pour défendre Syracuse (Archimède : 287212 av.

J.-C.J.

Mais les applications techniques restent la plupart du temps de simples curiosités.

On peut envisager deux explications plausibles de ce fait, en s'inspirant de l'œuvre d'Aristote : a) La théorie des « deux mondes » (céleste incorruptible, et ter­ restre corruptible) sous-tend pour une grande part 1a distinction entre les mathématiques pures, et la physique.

Celle-ci, ayant pour objet le monde du changement, des qualités, ne peut être mathématisée. L'élaboration d'une physique scientifique rendant possible une techni­ que rigoureuse et méthodique ne peut s'inscrire dans une telle pro­ blématique. b) La théorie aristotélicienne de l'esclavage assigne le domaine de la production matérielle et de la technique à la sphère de I'« habi­ leté pratique acquise par habitude » (cf.

l'opposition de l'habileté et de la théorie comme « connaissance des causes ».

in Métaphysique A, 1, 981 b, Éditions Vrin, page 7).

Le rôle économique des escla­ ves, tel qu'il est pensé par Aristote, est associé à une justification de la nécessité du travail producteur.

L'automation qui rendrait inu­ tile ce travail, et partant l'esclavage, n'est envisagée que comme hypothèse.

Cf.

sur ce point Aristote.

Politique 1, 4 : « Si les navet­ tes tissaient d'elles-mêmes (...

) ni les chefs d'artisans n'auraient be­ soin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves »...

{Éditions Vrin, page 35). • Science et technique dans l'épistémologie moderne. Depuis Bacon et Descartes, l'idéal d'une maîtrise de la nature rendue possible par une connaissance rigoureuse de ses déterminis­ mes n'a cessé de se confirmer (cf.

Descartes, Discours de la mé­ thode : l'homme sera comme « maître et possesseur de la nature »). Avec l'épistémologie moderne, c'est le rapport entre science et tech­ nique qui est pensé aussi méthodiquement que possible.

L'opposition entre les techniques empiriques et les techniques reposant sur une théorie scientifique rigoureuse pourra être illustrée par un texte de Bachelard concernant la « découverte » de la lampe électrique (cf. Bachelard, Le Rationalisme appliqué, pages 105 et suivantes, édi­ tion des Presses Universitaires de France).: la théorie de la combus­ tion (combinaison du corps qui brûle avec l'oxygène de l'air) conduit à la technique de la lampe où l'on fait le vide pour préserver le filament porté à incandescence.

C'est bien une théorie (la chimie de l'oxygène et de la combustion) qui rend ici possible une conquête technique d'importance ...

« Il faut avoir compris qu'une combustion est une combinaison, et non pas le développement d'une puissance substantielle, pour em­ pêcher cette combustion.

La chimie de l'oxygène a réformé -de fond en comble la connaissance des combustions.

Dans une technique de non-combustion, Edison crée l'ampoule électrique, le verre de lampe fermé, la lampe sans tirage.

L'ampoule n'est pas faite pour empêcher la lampe d'être agitée par les courants d'air.

Elle est faite pour gar­ der le vide autour du filament.

La lampe électrique n'a absolument aucun caractère constitutif commun avec la lampe ordinaire.

>> (Ou­ vrage cité, même référence.) • Art et technique : des activités historiquement déterminées. L'analyse générale des historiens de l'art et de la civilisation tend à mettre en évidence les parentés effectives existant entre les diffé­ rentes formes de l'activité humaine à une même époque : art et technique sont solidaires au niveau de leurs thèmes, de leurs nor­ mes, des formes de représentation qu'ils mettent en œuvre (cf.

sur ce point l'ouvrage de Pierre Francastel, Art et technique, Éditions Gonthier, collection « Médiations »J. On peut donner un exemple illustrant ces parentés : celui de la naissance d'une nouvelle représentation de l'espace (notamment avec une construction mathématique de la perspective} au début de la Renaissance italienne dans l'art pictural (cf.

Francastel.

Peinture et société, Éditions Gallimard, collection « Idées-arts »}. [ROUEN FGH] L'ouvrier adhère à l'expérience ; il ne perd jamais le contact; mais le théoricien aussi, à sa manière ; et le technicien se trouve placé entre ces deux extrêmes.

Palissy (1 ), autant qu'on sait, était un ouvrier d'émaux; mais non pas un pur ouvrier, car il cherchait.

Le propre de l'ouvrier c'est qu'il invente sans chercher,· et peut-être en refusant de chercher.

Guidé par la chose, par l'invariable outil, par la tradition, il ne se fie jamais à ce qui est nouveau ; il invente par des changements imperceptibles à lui-même.

La pirogue, la voile, l'arc, le moulin à vent, l'agriculture, la cuisine, l'art de dresser et d'élever les animaux, sont dus à cette pratique serrée et prudente, pendant une immense durée, de maître en apprenti, et, plus anciennement de père en fils.

L'art du luthier (2) est un de ceux où l'on peut admirer un lent progrès par pure imitation.

La technique s'y met présentement, et l'on tente de produire des sons de violoncelle sans violoncelle.

A l'autre extrême, un Helmholtz (3) analyse les timbres, et nous apprend de quels sons harmoniques se composent les voyelles.

Tous suivent l'expérience, et interrogent la chose.

Le premier suit les procédés connus ; le second invente des procédés; Je troisième cherche à compren­ dre, c'est-à-dire à débrouiller ses propres idées. ALAIN (11 Bernard Palissy ( 1510-1590) : célèbre potier qui rechercha le secret des faïences émaillées. (2) Luthier : fabricant d'instruments de musique à cordes. (3) Helmholtz : physicien allemand ( 1821-1894) qui a publié, entre autres, une théorie mathématique des sons. 1 °) Qu'est-ce qui, dans ce texte, réunit et distingue à la fois l'ouvrier (ou l'artisan), le technicien et le théoricien? 2") Comment le théoricien adhère-t-il « à sa manière" à l'expérience? 3°) Expliquez, puis discutez brièvement : « Le propre de l'ouvrier c'est qu'il invente sans chercher, et peut-être en refusant de chercher.

" 4°) Après avoir lu ce texte, comment définiriez-vous les rapports entre science et technique? ■ L'ART. REPÈRES LA RE PRÉSENT ATION ARTISTIQUE ÉLÉMENTS D'ANALYSE. • Point de vue terminologique. La différenciation de l'art comme activité particulière au sein de la vie sociale est assez récente dans notre culture.

Avant de désigner ce qui se rapporte à l'expression esthétique proprement dite, l'art, dans le droit fil de I'éthymologie latine (ars), recouvrait tout savoir- faire approprié, c'est-à-dire propre à un objet déterminé.

Aujourd'hui encore, la distinction entre l'artiste et l'artisan peut sembler quelque­ fois floue.

On comprend que la recherche d'un critère permettant d'identifier « l'art esthétique», que Kant oppose à « l'art mécani­ que» (Critique de la faculté de juger, 1, § 44) fasse l'objet d'une réflexion particulière.

Peut-on encore parler de « représentation artis­ tique» et, si oui, comment qualifier cette représentation ? Le déve­ loppement de l'art moderne éclaire cette question sous un angle nouveau en libérant toujours plus l'expression artistique des « modè­ les naturels» (cf.

Dora Valier, L 'Art abstrait, Livre de poche). • Première approche : l'art comme représentation, et le pro­ blème du beau artistique. On connaît la célèbre formule de Kant : « L'art est la belle repré­ sentation d'une chose et non la représentation d'une belle chose» (cf.

Critique de la faculté de juger, 1, § 48, Éditions Vrin, pages 141 et suivantes).

L'analyse des implications de cette formule est intéres­ sante à plus d'un titre. La citation se présente d'emblée comme l'énoncé de deux thè­ ses : ce que l'art est; ce que l'art n'est pas.

Vise-t-elle, dans l'op­ position de ces thèses, à définir l'essence même de l'art, saisi comme donnée spécifique, ou se réduit-elle à une simple caractérisa­ tion de l'art, qui pourrait être par ailleurs défini autrement ? Les deux thèses en présence semblent désigner deux activités distinctes, qu'il nous appartiendra de définir.

Notons simplement que les deux thèses se refèrent au beau, mais d'une manière inverse.

Dans le premier cas, le beau caractérise une activité ou son produit (« représenta­ tion») ; dans le second cas, il se rapporte à un objet qui sert de modèle (ou de prétexte) pour la représentation.

Cette seule inversion semble fournir le critère distinctif de l'art, mais elle implique toute une série de déterminations qu'il' convient de dégager.

En mettant l'accent sur l'activité productrice comme visée d'un effet particulier (une « belle représentation»), la citation semble émanciper l'art de toute fonction strictement figurative.

La conformité au modèle passe au second plan, la « manière» ou le « style» devient l'essentiel. Mais dans le même temps, on maintient la référence à la « représen­ tation d'une chose».

Paradoxe apparent, qui ne signifie pas autre chose, semble-t-il, qu'une exigence de conciliation.... »

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