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La tempête annoncée pour l'automne 1992, à savoir le grand trouble lié à l'impossibilité pour le Canada anglais de trouver...

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« La tempête annoncée pour l'automne 1992, à savoir le grand trouble lié à l'impossibilité pour le Canada anglais de trouver un accommodement avec le Québec, a été reportée d'une année, pour cause de manoeuvres politiciennes.

Le Québec était dans l'attente d'une proposition constitutionnelle bien différente de celle acceptée par le gouvernement fédéral, les neuf autres gouvernements provinciaux et les chefs autochtones le 7 juillet 1992.

Mais il était devenu évident que Robert Bourassa, le Premier ministre du Québec n'avait pas envie que soit organisé un référendum sur la souveraineté du Québec.

Il se présenta donc, après un boycottage de deux ans, à la table des négociations, obtint quelques accommodements, se vit opposer un refus catégorique à ses demandes essentielles et accepta finalement, à Charlottetown, le 28 août 1992, un projet qui se situait en deçà du défunt accord du Lac Meech (signé le 3 juin 1987 mais devenu caduc le 22 juin 1990, deux provinces ne l'ayant pas ratifié; son objet était de réintégrer politiquement le Québec dans la Constitution fédérale), notamment à propos de la reconnaissance du caractère distinct du Québec.

Le projet de Charlottetown garantissait bien à celui-ci un minimum de 25% des sièges à la Chambre des communes, mais en réduisait sa part à moins de 10% dans le nouveau Sénat, allouait de manière très conditionnelle de nouveaux pouvoirs aux provinces - tout en consacrant nommément au pouvoir fédéral celui de dépenser dans les champs provinciaux - et attribuait aux tribunaux des pouvoirs inédits relatifs à l'autonomie gouvernementale des peuples autochtones, enfin reconnue. R.

Bourassa réussit dès le lendemain à faire entériner sa décision par le Parti libéral du Québec, qui déchirait ainsi son programme constitutionnel nettement plus autonomiste de mars 1991.

L'enthousiasme n'y était pas, et les défections des membres les plus nationalistes commencèrent dès ce jour. Le rejet de l'accord de Charlottetown L'accord de Charlottetown fut soumis à un référendum dans l'ensemble du Canada, le 26 octobre 1992. Ses partisans savaient la lutte difficile au Québec, mais le tenaient pour acquis au Canada anglais: les premiers sondages y indiquaient 70% de réponses favorables et presque tout l'establishment politique et économique appuyait l'accord.

Au Québec, une large coalition des forces nationalistes mena la campagne du "non".

Mais le sol allait rapidement se dérober sous les pieds des défenseurs du "oui", tant au Canada anglais qu'au Québec, malgré les importants moyens dont bénéficiait leur campagne.

En effet, le Premier ministre canadien, Brian Mulroney, était très impopulaire au Canada anglais et il suffisait d'être mécontent d'un des points essentiel de l'accord pour voter "non".

Peu à peu, les opposants se manifestèrent: le Reform Party (parti fédéral très conservateur), des mouvements féministes, des partis provinciaux... Au Canada anglais, la tactique de l'amalgame ("les opposants à l'accord font le jeu des indépendantistes québécois") se retourna contre ses auteurs lorsque l'ancien Premier ministre canadien Pierre Trudeau descendit de nouveau dans l'arène pour condamner sans appel l'accord de Charlottetown, coupable à ses yeux de créer une hiérarchie des droits, et donc des catégories inégales de citoyens, et d'affaiblir significativement le gouvernement central.

Un seul article, une seule allocution, une seule conférence de presse, et le Canada anglais basculait définitivement dans le camp du rejet.

Au Québec, la position de R. Bourassa fut affaiblie par une longue conversation téléphonique entre ses deux principaux conseillers constitutionnels, captée par des oreilles attentives, qui concluaient que "R.

Bourassa s'était écrasé à Charlottetown". Le 26 octobre 1992, les Canadiens votèrent "non" à 55% (les Québécois à 56,6%).

Les autochtones, euxmêmes, participèrent au rejet de l'accord.

Retour à la case départ? Le Canada anglais en a conclu que la question était enterrée, le Québec, qu'elle était simplement reportée...

Quant au "problème" autochtone, il a disparu des manchettes.

Une commission royale d'enquête étudiait déjà avant le référendum l'ensemble du dossier, mais la remise de son rapport a été fixée à l'automne 1994 seulement. La crise économique ne pouvait, quant à elle, être mise entre parenthèses, la sortie de la récession s'esquissant à peine.

Après avoir perdu 462000 emplois (3,7% du total) d'avril 1990 à avril 1992, l'économie canadienne n'en a créé que 157000 au cours de l'année subséquente, alors qu'il en faudrait 200000 uniquement pour absorber le flot des nouveaux arrivants.

Les mises à pied, médiatisées, des file:///F/Lycée/angui/3/450592.txt[13/09/2020 02:24:51] grandes entreprises publiques et privées et l'aggravation de la crise immobilière n'ont pas facilité le retour de la confiance.

L'espoir d'une véritable reprise en 1993 reposait exclusivement sur celle de l'économie américaine.

Cette dernière a entraîné l'essor des exportations canadiennes au début de 1993, mais a donné, dès le printemps, des signes de défaillance. Ces difficultés ont révélé l'importance de problèmes structurels allant bien au-delà de la simple conjoncture.

Une productivité longtemps stagnante et un certain laxisme budgétaire, jumelés à une politique monétaire très rigide à partir de 1989, ont engendré une spirale de l'endettement public tendant à rapidement rapprocher le Canada de l'Italie.

Le déficit combiné du fédéral et des provinces s'est élevé à quelque 60 milliards de dollars canadiens.... »

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