La thématique d'Atala On pourra étudier la thématique du récit selon trois grands axes : Nature et culture. amour et...
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La thématique
d'Atala
On pourra étudier la thématique du récit selon trois
grands axes : Nature et culture.
amour et mort, parole et
secret.
Ces trois thèmes doubles s'organisent évidem
ment autour du thème central de la religion.
NATURE ET CULTURE
Plus qu'un simple décor, la Nature dans Atala est le
domaine où s'enracine le paganisme indien, et le lieu
symbolique où il va être confronté à la culture chrétienne.
Certes, il y a dans le récit nombre de descriptions
purement pittoresques, exotiques - dans le Prologue, par
exemple.
Certes, la Nature souvent se contente de fournir
une toile de fond à la méditation du héros, à sa fuite,
ou à ses amours (p.
69, p.
71-72, p.
56 et suivantes).
Nous la voyons alors volontiers devenir tapisserie, «édifice
mobile».
œuvre architecturale même, dont les colonnes
sont des montagnes, et les bassins des mers (p.
91 ).
Mais, plus profondément, la Nature est la Mère nour
ricière (p.
73-74), la terre natale (p.
136), un être vivant
qu'on chérit (p.
48-49) et qui raconte les secrets (p.
120).
C'est là, surtout, que vont se rencontrer, s'affronter, s'har
moniser enfin les deux cultures : celle du paganisme
indien, celle du christianisme.
Nature et culture païenne
À la culture païenne, la Nature fournit un trésor
d'images : les vierges y sont «fleurs mystérieuses» des
solitudes ou «colombes» parmi les chênes, et le Grand
Conseil une «mer orageuse».
Le cœur de l'homme
devient «l'éponge du fleuve, qui tantôt boit une onde
pure dans les temps de sérénité, tantôt s'enfle d'une
eau bourbeuse» (p.
78).
La Nature donne aux tribus leur
totem animal1 : Aigle, Castor, Serpent, Tortue.
Mais elle
est avant tout l'objet et le support des rites et des cultes.
L'inspiration romantique de Chateaubriand lui fait mettre
notamment en valeur tout ce qui touche aux rites funéraires: le corps de l'enfant mort confié aux branches d'un
érable (p.
129), ou ces «bocages de la mort», temple
naturel où les oiseaux célèbrent la mémoire des disparus
(p.
91-92) ...
Nature et culture chrétienne
►
f-
La terre de Chactas est celle des Génies, du Grand
Esprit qui déchaîne l'orage (p.
80).
Mais cet orage, au
moment même où il exacerbe le très païen désir de nos
amants, devient l'instrument de la Providence qui permet
au père Aubry d'arracher Atala à une étreinte sacrilège ...
La grande Nature qui fait écho à la chanson païenne
de la jeune fille (p.
76) fera ensuite retentir le nom de
Dieu, en une admirable harmonie entre le monde des
Indiens et la célébration chrétienne : dans les Bocages
de la mort, « le chœur lointain des décédés» répond à
la voix du missionnaire.
C'est la même terre qui déploie pour nous ses splendeurs païennes et que le père Aubry transforme en paradis chrétien.
Et lorsque la Nature devient le décor de la
sainte messe, la synthèse est parfaite : la cérémonie chrétienne s'y ressource à l'originelle poésie, et l'univers païen
s'en trouve sanctifié (p.
94).
UN BEAU CONTE
D'AMOUR ET DE MORT
Le lien essentiel entre amour et mort, ce lien romantique à la fois malsain et sublime, rattache Atala au mythe
médiéval de Tristan et lseut 2 • Dans l'œuvre de Chateaubriand foisonnent les coïncidences - tout à fait volontaires - entre ces deux thèmes majeurs.
1.
Animal ou végétal, le totem représente chez les Indiens
l'ancêtre légendaire de telle ou telle tribu.
2.
Ayant bu un «philtre d'amour» qui ne leur était pas destiné,
Tristan et Iseut sont enchainés jusqu'à la mort par une passion
fatale.
23
Un érotisme morbide
Lors des funérailles indiennes, deux vierges s'affrontent
en un corps à corps quasi homosexuel (p.
66).
Et c'est
une vierge déjà que le rite païen envoie au prisonnier
pour adoucir sa dernière heure.
Ceci préfigure pour nous
la vision à la fois érotique et morbide d'une Atala dont
les regards « à demi éteints» expriment encore l'amour.
«Consumée de passion jusque dans les bras de la mort»,
n'aspire-t-elle pas à rouler, étreinte par Chactas, « d'abîme
en abîme avec les débris de Dieu et du monde»? (p.
103).
Et c'est encore le sein demi-nu, avec dans ses cheveux
la fleur de magnolia qui devait la rendre féconde, que
notre héroïne sera recouverte avec « la terre du sommeil» (p.
122).
Un amour maudit
À peine Chactas prisonnier a-t-il amoureusement
contemplé Atala nimbée des rayons de lune que retentit
le cri qui le condamne à mort (p.
61-62).
À peine le père
Aubry a-t-il promis à l'héroïne que Chactas pourra
l'épouser, qu'elle devient «pâle comme la mort».
Et à
l'instant même où Chactas est comblé d'espérance devant
Atala endormie, nous pressentons qu'elle est mourante
(p.
90).
Amour maudit que celui-là : « Lorsque....
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