La vie sociale et ses déterminations REMARQUES PRÉLIMINAIRES : LA PRATIQUE ET LES FINS. • La réflexion, désormais, doit s·...
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La vie sociale
et ses déterminations
REMARQUES PRÉLIMINAIRES : LA PRATIQUE ET LES FINS.
• La réflexion, désormais, doit s· efforcer de ressaisir les multi
ples aspects de l'activité par laquelle l'homme, en agissant sur
la nature, se constitue et se définit lui-même.
Activité finalisée,
diversifiée, que le concept de PRATIQUE désigne de façon
adéquate dès lors qu· on le réfère aux facteurs qui caractérisent
et situent cette activité d'un point de vue philosophique : si le
travail n'a de raison d'être que dans l'émancipation de l'ordre
humain par rapport à l'ordre naturel, il est paradoxal qu·i1 de
vienne facteur d·aliénation et de servitude: si l'organisation
sociale n'a de sens qu'en ce qu'elle rend possible une authen
tique communauté humaine, il est surprenant qu'elle devienne
facteur d'oppression pour certains ; si la conception (et l'appli
cation) des lois doit permettre un fonctionnement harmonieux
de la vie du groupe, et rappeler sans cesse les exigences éthi
ques qui la fondent, il est scandaleux qu·elle puisse devenir
l'occasion d'une codification et d'une perpétuation des rap
ports de force ; si le divorce entre le Droit et le fait, entre ce
qui est reconnu dans les textes et la pratique effective, tend à
disqualifier l'idée même de valeur ou de justice, il est urgent
de rendre compte d'un tel processus, et de (< remettre les cho
ses en place», c'est-à-dire d'assigner les véritables responsa
bilités.
Tout ceci montre à l'évidence l'irremplaçable fonction
critique de la philosophie, comme réflexion sans cesse renou
velée sur la pratique et les fins.
li serait illusoire
et dange
reux - de croire qu'il est possible de faire l'économie d'une
réflexion sur les fondements, la légitimité, les finalités des acti
vités et des processus qui caractérisent la vie sociale, saisie
dans le déploiement de ses contradictions.
• Le rapport social n'est pas une simple dimension « supplé
mentaire » de l'individu, dont nous avons vu, au cours de
l'étude du rapport entre nature et culture, qu'il n'est pas dis
sociable du groupe ni des activités que celui-ci développe et
organise.
L'éducation, notamment, est en grande partie un
processus d'assimilation culturelle par lequel l'individu se
forme et se constitue.
Les données de l'existence sociale sont
donc apparues, à tous les niveaux, comme essentielles.
• Réfléchir sur les fondements de la vie sociale, c'est donc
essayer de « penser jusqu'au bout>> la spécificité du culturel,
et en mesurer toutes les implications.
La vie sociale se dégage
du strict déterminisme naturel, et impose sa réalité propre.
Une réalité qui, certes, intègre ce type de déterminisme, mais
pour s· en affranchir autant que faire se peut.
L'explicitation
philosophique des fondements et des finalités de la vie sociale
incite à une problématisation des illusions idéologiques qu'une
société tend à nourrir sur elle-même.
Souligner l'irréductibilité
du fait social, et en tirer toutes les conséquences épistémolo
giques, mais aussi éthiques et politiques, semble d'autant plus
nécessaire, aujourd'hui, que les thèses frauduleuses du « socio
biologisme» ont pris une nouvelle vigueur.
Appliquer les caté
gories darwiniennes de « lutte pour la vie >>, de « sélection du
plus apte » etc.
à la vie sociale est une imposture, dont on
connaît les dangers.
(Hitler ne faisait pas autre chose pour
tenter de justifier ses crimes).
Dans le même ordre d'idées.
on
peut observer que les thématisations les plus courantes de la
vie sociale ont imposé et rendu familières des idées qui pour
tant ne devraient pas être moins suspectes : la « hiérarchie
naturelle des êtres» serait évidente, ainsi que la nature néces
sairement violente des rapports entre les hommes, l'opposition
irréductible entre intérêt collectif et intérêt individuel, etc.
Dès
lors, la réflexion philosophique sur des notions aussi ambiguës
que la violence, le pouvoir, le droit, la justice, entre autres.
semble avoir pour objet de rendre manifestes les conditions
d'une représentation maîtrisée de la vie sociale et des normes
que celles-ci impose ou insinue dans les comportements de
chacun.
Cela implique une distinction rigoureuse du fait et du
droit, et une interrogation tenace sur l'écart qui peut exister
entre le fonctionnement réel des sociétés et les idéaux qui leur
servent tout à la fois de miroir et de référence.
• S'il est vrai que l'homme est un être d'histoire (celle-ci
n'étant pas une « simple aventure temporelle» qui adviendrait
à une essence prédéfinie), les données originaires de I' exis
tence, et notamment celles du rapport....
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