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La volonté de témoigner Si c'est un homme est un témoignage et Primo Levi, dans sa Préface, invite le lecteur...

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« La volonté de témoigner Si c'est un homme est un témoignage et Primo Levi, dans sa Préface, invite le lecteur à ne pas confondre son récit avec une fic­ tion (p.

8).

Tout ce qui est raconté s'est vraiment produit, les person­ nages sont réels, même si, pour des raisons de discrétion, l'auteur a souvent changé leurs noms.

Le récit de Primo Levi s'inscrit dans une masse de textes qui ont été écrits et publiés entre 1945 et 1947.

Si certains déportés se sont tus, beaucoup d'entre eux ont voulu racon­ ter ce qu'ils avaient vu et vécu.

Que signifie donc la volonté de témoi­ gner ? À quels désirs correspond-elle ? UNE LIBÉRATION INTÉRIEURE Le rôle le plus immédiat du témoignage, Primo Levi le reconnaît souvent, est de libérer son auteur de souvenirs trop lourds.

Les écrire permet de les extérioriser, et par là de s'en purifier.

Le récit a une vertu cathartique : « Ça fait du bien de raconter ses malheurs passés », dit un proverbe yiddish1• Le rescapé des camps est por­ teur d'une mémoire atroce : Il a vécu dans la menace constante et l'omniprésence de la mort, il a vu mourir ses compagnons, et il s'est senti rabaissé en deçà de l'humanité.

Pour survivre, il a dû renoncer à ses valeurs morales, oublier toute pitié, anesthésier sa pensée et sa sensibilité.

Exorciser ses souvenirs est pour lui une nécessité. 1.

Le yiddish est la langue des Juifs d'Europe centrale et orientale. 1L'écriture et la souffrance Primo Levi raconte qu'il a commencé à écrire à Auschwitz même, lorsqu'il travaillait au laboratoire de la Buna et pouvait disposer de papier et de crayons.

Il le faisait dans un but purement personnel, puisqu'il savait qu'il ne pourrait pas garder ses notes.

Le besoin d'écrire a été dès l'origine lié à une souffrance bien particulière: « [ •••] la douleur de se souvenir, la souffrance déchirante de se sentir homme» (p.

151).

En effet, dans la vie quotidienne du canip, pour faire face aux exigences d'un monde totalement inhumain, les souvenirs doivent s'estomper, ainsi que la conscience de soi.

Mais, dans le laboratoire où il travaille comme chimiste, l'auteur est délivré de certaines souffrances physiques Qe froid, la rudesse du travail), ce qui permet à la conscience de s'éveiller, et avec elle le sentiment de la déchéance.

Alors, dit-il, « j'écris ce que je ne pourrais dire à per- sonne » (p.

151).

À qui parler, lorsque personne ne vous écoute ? C'est donc à un futur lecteur que l'auteur s'adresse, et cette perspective improbable contient un espoir de survie. 1La reconnaissance des autres Ce que les déportés ont vécu ressemble à un cauchemar.

Après coup, ils ont tendance à douter eux-mêmes de sa réalité.

L'écrire, c'est le fixer, lui donner corps, mais c'est aussi le faire exister pour d'autres hommes.

Or les autres sont pour chacun d'entre nous les garants de la réalité. UNE INTENTION PÉDAGOGIQUE, POLITIQUE ET MORALE La première masse de témoignages qui existe dans notre histoire date de la Première Guerre mondiale.

Pour les soldats de base, il s'agissait de faire connaître à ceux de I'« arrière,, ce qu'était réellement la vie dans les tranchées, la violence de ce qu'ils vivaient.

La volonté de témoigner était inséparable d'une intention pédagogique : instruire les hommes pour qu'ils ne se fassent plus jamais la guerre, pour que celle de 1914-1918 soit vraiment 40 « la der des der ». PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES 1La mémoire des camps Avec le nazisme, on s'enfonce dans l'horreur: ce ne sont plus seulement des combattants qui sont concernés.

Des femmes, des enfants, des vieillards sont arrêtés et déportés, dont la seule faute est d'être nés Juifs ou Tziganes.

La mort qui les attend ressemble à celle d'un troupeau que l'on conduit à l'abattoir, et s'ils ne meurent pas dans les chambres à gaz, ils sont condamnés à une mort moins immédiate, mais tout aussi certaine.

Chez les rares survivants, la volonté de témoigner correspond à une double intention : faire savoir, transmettre, pour que de tels événements ne puissent pas se reproduire.

Il faut mettre en garde les lecteurs, leur dire ce que des hommes peuvent faire à d'autres hommes, car ce qui a eu lieu peut recommencer si l'on n'y prend pas garde : « Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme », dit Primo Levi dans la Préface. 1Contre l'oubli organisé Le régime nazi a tout fait pour dissimuler ses crimes.

Les documents administratifs utilisaient un langage codé (par exemple « solution finale du problème juif» pour l'extermination, spécial » « traitement pour les gazages).

Les traces matérielles furent détruites, les corps brûlés et les chambres à gaz rasées.

Seules les victimes, quand elles ont survécu, peuvent attester de cette réalité.

Les survivants sont peu nombreux, la plus grande partie des déportés ayant été engloutie.

C'est un devoir moral.... »

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