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L'adaptation au temps présent Tous les grands facteurs de l'évolution contemporaine vont à l'encontre du sentiment de la liberté humaine...

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« L'adaptation au temps présent Tous les grands facteurs de l'évolution contemporaine vont à l'encontre du sentiment de la liberté humaine ...

Tous traduisent l'emprise croissante de la matérialité des choses physiques et sociales sur les consciences.

C'est à leur influence que la civilisation contemporaine doit de -devenir de plus en plus une civilisation étrangère au destin de la personne.

[...] Or ces forces, que par un singulier détour, le monde moderne dresse contre l'humanisme, ont pris leur origine dans l'esprit même de l'homme. C'est tout d'abord la science, toutes les sciences...

Car le développement de la pensée scientifique a pour effet de détourner l'homme de lui-même en le tendant exclusivement vers la considération de l'objet.

Les sciences de l'homme, grâce auxquelles il aurait pu prendre conscience de sa propre histoire, ont elles aussi pour résultat de rejeter l'homme lui-même du côté de l'objet, comme s'il n'était qu'un élément ou qu'une composante de l'univers.

[ ...] Ce sont en second lieu lès techniques, toutes les techniques, techniques du travail industriel et techniques de l'organisation sociale, qui tendent à créer, avec la mécanisation des gestes associés et asservis à la machine, avec l'uniformisation des conditions d'existence, l'effacement des individua­ lités.

Dans l'ordre industriel, la division du travail, l'extrême spécialisation des tâches, leur réglementation minutieuse, la.�éparation entre les fonctions d'étude et de préparation et les fonctions d'exécution détruisent chez la plupart des hommes l'intérêt direct pour le labeur qu'ils accomplissent. j En dehors de leur travail, les hommes disposent des moyens techniques de diffusion de la pensée, presse, radiophonie, cinéma qui ne sont pas les moins puissants pour obnubiler la réflexion personnelle et créer les états de foule, même chez les individus dispersés ...

L'organisation scientifique du travail, en substituant l'effort intensif et machinal à l'effort extensif et médité de jadis a pour effet de restreindre progressivement le temps consacré au labeur, en augmentant dans la même mesure celui qui est donné au loisir. Or ce loisir qu'elle crée, ou bien la société ne s'y intéresse que pour y trouver une nouvelle possibilité d'asservissement de l'individu, ou bien elle ne s'oçcupe guère de le remplir autrement que de distractions frelatées, aussi éloignéel:i que possible de favoriser le retour à soi-même et l'enrichisse­ ment personnel.

[ ...]. C'est par tous ses aspects que le régime économique du monde mo­ derne pèse sur la vie individuelle.

L'Ancien Régime l'accablait de la crainte de ses pénuries, le nouveau l'asservit aux sollicitations de ses opulences faciles : multiplication des besoins de plus en plus factices, appel aux consommations hâtives, pour assurer, par l'écoulement rapide des biens produits en série, le roulement accéléré des entreprises, recours universel aux suggestions insidieuses de la publicité, immodérations de tous les désirs, tels sont les traits fondamentaux que tend à p:rendre la consommation en régime de grande industrie.

Si l'État se charge de la contrôler, de la diriger ou même la prend en charge, c'est alors tout choix, toute préférence, toute initiative personnelle qui risquent de se trouver abolis.

[ ...] Cet abandon de soi-même.

au groupe, les développements multiples de la législation sociale le favorisent également.

Certes il est légitime que toute société se présente comme une organisation des secours mutuels ou de l'assurance réciproque contre les dangers de la vie, légitime aussi que cette protection joue tout d'abord au profit des plus faibles et des plus démunis.

Mais toutes les mesures prises pour garantir les individus des· risques sociaux ont leur contre-partie, qui est le desséchement de l'esprit de solidarité, et, en chacun d'eux, l'affaiblissement du sens de l'effort per­ sonnel pour prévoir et se défendre... Ces transformations de la vie moderne n'ont pas été possibles sans un extraordinaire développement de la bureaucratisation, soit bureaucra­ tisation étatique par le fonctionnarisme, soit bureaucratisation privée par l'extension des grandes entreprises.

Or le propre de la bureaucratisation est l'abandon que fait l'individu de sa personnalité au groupe, dont il dépend désormais entièrement... Ce reniement de l'individualisme, l'éducation.... »

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