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L'ALGÉRIE AU XXe SIÈCLE Partie centrale du Maghreb, l’Algérie a connu, sur fonds originel berbère, une succession d’invasions et de...

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« L'ALGÉRIE AU XXe SIÈCLE Partie centrale du Maghreb, l’Algérie a connu, sur fonds originel berbère, une succession d’invasions et de dominations.

Elle a majoritairement acquis le visage qui est le sien au VIIe siècle avec l’islamisation, l’arabisation linguistique et l’adoption par les Berbères des cadres mentaux caractéristiques des populations sémitisées de l’Orient.

Les frontières du pays se sont fixées au XVIe siècle.

Quand la Méditerranée cesse d’être un lac musulman sous la pression du mouvement de reconquête chrétien européen, les Algériens font appel aux Turcs ottomans pour conjurer la menace espagnole. Le transfert des centres de l’activité de la Méditerranée vers l’Atlantique à partir de la fin du XVe siècle les contraint à se replier sur eux-mêmes, à regarder vers l’Est.

Alger et non pas l’Algérie vit de la course en mer (piraterie), réponse, nous disent les historiens, à une marginalisation par rapport à des courants d’échanges principaux.

L’Europe conquérante forge le mythe du péril barbaresque.

Les projets de conquête foisonnent et aboutissent en 1830 à l’occupation de l’Algérie par la France, mettant ainsi fin à la suzeraineté fictive du sultan ottoman sur la régence d’Alger.

L’arrachement violent à la « demeure de l’islam » crée une série de blocages dont le pays sera victime.

« Désormais, note judicieusement Gilbert Meynier, les modèles du Nord ne furent plus librement recherchés comme ce fut le cas dans les élites turques, égyptiennes et tunisiennes.

» Le clivage citoyen/non-citoyen. En détruisant l’État précolonial et ses institutions, la colonisation ne laissa aux Algériens d’autre patrie que l’islam.

En effet, les clichés et les sentiments hostiles que faisaient naître autrefois les mots « chrétien », « infidèle », « croisé », mots à connotation péjorative, tapis au fond des consciences collectives, structurent l’imaginaire politique des classes populaires.

De leur point de vue, le phénomène colonial s’inscrit dans la continuité du conflit islam-chrétienté depuis les croisades.

Tout dans la gestion de l’Algérie, colonie de peuplement, conforte cette vision quand il s’agit du traitement réservé à l’islam et à la langue arabe.

Au plan juridique, de 1830 à 1950, la France a longtemps hésité entre plusieurs politiques. Colonie, royaume arabe, annexion à la France ou entité administrative autonome, tous ces projets ont présidé à la mise en place des institutions coloniales, mais ce qui prévaudra en définitive, c’est la distinction citoyen/non-citoyen, pour être plus clair vainqueur-vaincu, dominants (Européens et Juifs algériens naturalisés en bloc en 1870) et dominés (Algériens musulmans).

Cette stratification domine tout et occulte une différenciation sociale très prononcée au sein de chaque communauté. Le processus de modernisation de la société est mené d’en haut par un État entre les mains des colons.

C’est dans ce contexte qu’apparaît, dans le cadre d’une domination étrangère et en l’absence d’une société civile développée, une intelligentsia divisée culturellement et socialement.

Les francophones y constituent l’acteur hégémonique.

Cette intelligentsia conçue comme une force intermédiaire est coupée de la grande masse du peuple qui reste attachée à la tradition et affiche un net ressentiment à l’égard de cette élite.

C’est que la modernisation, fondée sur une dépossession massive et la déculturation, abandonne sur le côté de la route l’essentiel des populations.

Après une longue période de résistance armée (1830-1847) conduite à l’Ouest et au Centre par l’émir Abdelkader (1807-1883) et à l’Est par Hadj Ahmed (1784-1850), bey de Constantine, et plusieurs insurrections (1856-1916), les Algériens entrent dans une phase politique et essaient, malgré le code régressif de l’indigénat, d’utiliser les maigres espaces de liberté. Réformisme et national-populisme. De 1830 à 1954, le réformisme politique des élites algériennes incarné par les assimilationnistes, puis à partir de 1925 par les Ulama, bute sur deux écueils. D’une part, les Européens défenseurs du statu quo bloquent toute issue pacifique.

D’autre part, le sentiment de victimisation et la vision millénariste du devenir, dominante dans les classes pauvres des villes et chez les ruraux, rendent inopérante la démarche réformatrice des élites politiques.

On comprendra mieux pourquoi leur éveil politique, au cours de la Seconde Guerre mondiale, se traduit par une adhésion massive au national-populisme de Messali Hadj, en scène depuis 1926, minoritaire jusqu’en 1940, mais toujours intransigeant sur son but, l’indépendance du pays.

Sa bataille contre les assimilationnistes (Mohammed Bendjelloul et Ferhat Abbas jusqu’en 1940) et contre la recherche d’une formule de protectorat (Cheikh Ben Badis et Bachir El Ibrahimi [1889-1965]) portera ses fruits.

En effet, en 1947, à l’issue des élections municipales d’octobre, son parti, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), autre dénomination du PPA (Parti du peuple algérien), deviendra la première force politique. Le radicalisme, un moment amorti par la répression, sera relancé en 1954 par la scission du MTLD et surtout par la montée des luttes au Maghreb et l’intérêt manifesté pour cette zone par le nassérisme.

C’est ainsi que Messali, encore aux prises avec les conséquences d’une scission qu’il a voulue et organisée, est dépassé par ses propres disciples qui, du point de vue idéologique, lui empruntent l’idée de l’identification du peuple au parti et du parti à sa direction.

Mais, l’hégémonie qu’il voulait acquérir sur les partis adverses par la politique et l’appui populaire, ses enfants illégitimes qui créent le FLN (Front de libération nationale), lui abandonnant l’étiquette de Co ri ht © La Découverte 2006 Pa e 1 sur 2 Encyclopédie de l'État du monde Mouvement national algérien (MNA), l’obtiendront d’une manière autoritaire et en militarisant la vie politique.

Dans leur optique, les éléments gênants dont il faut se débarrasser, ce sont les concurrents qui refusent leur monopole, même s’ils sont d’accord pour la lutte armée. Une classe politique instrumentalisée et marginalisée. Avec l’insurrection du 1er novembre 1954 et la décision du FLN de marginaliser la classe politique formée depuis le début du siècle tout en l’instrumentalisant, l’Algérie connaît, pour la seconde fois de son histoire, un désencadrement massif, la France ayant la première détruit les élites précoloniales militairement ou en les condamnant à l’exil dans les pays islamiques.

Les nouvelles élites politiques, recrutées dans le monde rural, sont parties d’un niveau très bas.

On va dès lors.... »

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