Devoir de Philosophie

L'ALLEMAGNE ET L'/TAUE A LA VEILLE DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE (septembre 1939) DIVERGENCES ET CONVERGENCES DE DEUX ÉTATS TOTALITAIRES...

Extrait du document

« L'ALLEMAGNE ET L'/TAUE A LA VEILLE DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE (septembre 1939) DIVERGENCES ET CONVERGENCES DE DEUX ÉTATS TOTALITAIRES Remarques préliminaires La date proposée élimine un plan chronologique, sans interdire naturellement une réflexion rapide sur le passé et les origines des deux régimes étudiés.

Ne pas oublier qu'en septembre 1939, l'Italie n'est pas encore entrée en guerre! Il faut voir que cette dernière est déjà déclinante en 1939, alors que le Reich hitlérien est loin d'avoir donné le maximum de ses forces. Ne pas perdre de vue les différences de degré, et sans doute de nature entre les deux dictatures. Se garder d'une vision trop simple du nazisme, soutenu exclusivement par le "grand capital" et une partJe des classes moyennes; ne pas sous-estimer le niveau de vie de l'Allemagne nazie.

On ne compren­ drait pas la longue résistancè du me Reich si l'on imagine, dès 1939; ses populations misérables et massivement hostiles au régime! Pour l'Italie, les choses sont différentes. On pourra dans notre plan rassembler en une première partie les similitudes qui frappent les contemporains.

Une seconde et une troi­ sième partie permettront d'analyser les différences du point de vue du pouvoir et des réalités économiques et sociales.

Notre conclusion sera un bilan de l'Axe en 1939, et de ses équivoques. /.

LES SIMILITUDES ORIGINELLES 1.

Fascisme et national-socialisme sont nés dans des circonstances largement comparables - traumatisme du.

sentiment national (la défaite de 1918 et le Traité de Versailles pour les Allemands, la "viotoire mutilée" pour les Italiens). - crise économique violënte, bouleversant les conditions sociales, notamment aux dépens des classes moyennes (crise de l'immédiat après-guerre pour l'Italie, grande dépression de 1929 pour l'Allemagne déjà éprouvée au début des "années 20"), - peur du bolchevisme, intense dans les classes moyennes, large­ ment orchestrée par les milieux capitalistes.

Leur soutien au fascisme est, en Italie, presque immédiat (industriels et surtout propriétaires fonciers ·alarmés par la ca,rence de l'état libéral en_ 1919�21); en Allemagne en revanche, contrairement à une légende tenace, les grands sidérurgistes de la Ruhr préfèrent longtemps la droite natio­ nale aux nazis, et leur ralliement s'opère seulement le 4 janvier 1933 lors de la fameuse rencontre de Cologne chez.le banquier Schrôder, - séquelles de la Grande Guerre (nostalgie de la fraternité du front, accoutumance à la violence et à un style de vie militarisé, boulever­ sement social qui secoue toutes les respectabilités des bourgeoisies d'avant-guerre, dont les rites et la morale semblent dépassés).

En ce sens, fascisme et nazisme offrent un aspect révolutionnaire diffi­ cilement niable, et il serait naïf de soutenir qu'ils n'ont recueilli aucun appui populaire. 2.

Parents par leurs origines antibolcheviques, fascisme et nazisme s'opposent non moins vigoureusement aux démocraties libérales - par leur gouvernement dictatorial, où le chef tout-puissant (Duce, Führer) prend appui lion sur les suffrages mais sur le déferlement enthousiaste des foules "océaniques" (expression typiquement mussolinienne) rassemblées dans des rites grandioses, - par le totalitarisme administratif et policier, assurant, aux dépens des libertés, l'encadrement de toutes les activité.s .professionnelles, culturelles ou.

autres, - par la mainmise de l'état sur l'économie.

Certes, le profit subsiste, mais la décision échappe en principe au capital, en faveur des grands "managers" imposés par le régime, surtout en Allemagne (Speer, Todt).

·A la limite, l'état peut décider l'autarcie économique en vue d'un objectif guerrier, - par la primauté, en politique extérieure, des intérêts nationaux, bafoués (affirme-t-on) pàr les Traités, et qu'il s'agit de satisfaire. De là le mépris affiché· pour le pacifisme humaniste ou la.

sécurité collective; de là une politique de force et de fait accompli. * * * Il.

ÉTAT FASCISTE ET ÉTAT NAZI Malgré tant de ressemblances, les deux dictatures ont mis bien des années avant d'aller du même pas.

C'est que, par-delà les apparences, les différences abondent, et d'abord à propos du pouvoir lui-même. - Les deux dictateurs sont bien différents.

Mussolini est un Latin. vaniteux et extraverti, mais au fond assez peu sûr de lui; pendant de longues années, il a caché sous ses rodomontades un réalisme prudent qui lui a dans l'ensemble bien réussi.

Mais en septembre 1939, des soucis de santé.

et des préocçupations sentimentales accélèrent un dramatique déclin de sa faculté de décision; il est devenu un aboulique avec des déterminations soudaines et émotionnelles, et qui s'est pris pour Hitler (qu'il a longtemps méprisé) d'une admiration absolue.

Au contraire le Führer, plus jeune de six ans, est au maxi­ mum de sa forme intellectuelle : depuis mars 1936, il a chaque fois vu clair dans· le jeu de ses adversaires, s'imposant par le succès à ses généraux et à son peuple; sa confiance en lui-même et sa volonté sont inébranlables. - Les idéologies sont différentes.

Le racisme, fondamental pour le nazisme, a été longtemps rejeté par le fascisme italien.

Si le Duce se rallie à son tour à l'antisémitisme à la fin des "années 30", c'est par imitation servile de Hitler, et il n'est suivi ni par le peuple italien, ni même par bon nombre de ses partisans. - Les structures du pouvoir sont différentes.

En Italie, le Parti Fasciste est formé d'opportunistes plus que de militants; échappànt à tout contrôle et sans formation idéologique· sérieuse, il est plus porté à la corruption qu'au fanatisme, et abrite dans ses rangs nombre d'opposants camouflés, notamment communistes; c'est de ses chefs que viendra en juillet 1943 la chute de Mussolini.

Tout autre est le N.S.D.A.P.

(Parti Nazi), d'autant plus surveillé qu'il ne s'identifie pas aux pouvoirs publics (le chef de la Gestapo, Heinrich Müller, n'est pas membre du Parti!) et que, comme eux, il est subordonné à une puissance supérieure et redoutable, la S.S.

de Himmler et Heydrich, qui n'a eh Italie_ aucun équivalent, .et surtout pas les fiers-à-bras de la Milice! - La vigueur répressive n'est pas la même dans les deux pays. Le fascisme est peu sanguinaire, et les brutalités de sa polfce poli­ tique, l'OVRA; he sont pas comparables aux atr_ocités de la Gestapo. L'assignation à résidence ou la déportation dans les il.es qu'on inflige aux adversaires (la Sibérie de feu) n'ont "rien à voir avec Buchenwald ou la véritable Sibérie de.Staline" (Max Gallo). - Enfin, et_ c'est capital, le Fascisme n'a pas pu ou voulu faire table rase des autres pouvoirs,_ et il s'en repentira : il laisse subsister _la Monarchie (et l'emblème national porte l'écu de Savoie, non les fais­ ceaux).

l'armée traditionnelle, l'Église, et même la Maffia, qu'il n'a pu débusquer de Sicile! Le Nazisme, en quelques mois de 1933-34, s'est emparé de tous les pouvoirs et a imposé au Reich une centrali­ sation jamais atteinte antérieurement; seuls quelques généraux sont à même d'esquisser une timide résistance, mais les succès de Hitler ont fini par les décourager en 1939.

Seule l'Allemagne est un état réellement totalitaire, .face à une Italie où le fascisme et son chef d_onnent des signes d'essoufflement, tandis que l'antifascisme relève la tête. Ill.

ÉCONOMIES ET SOCIÉTÉS TOTALITAIRES? 1.

Le déclin de l'économie italienne est manifeste en 1939, après les réussites des "années 20" qui avaient attiré sur le fascisme l'attention internationale.

La Grande Crise a durement frappé l'Italie, et les réactions du pouvoir avaient été intéressantes : dévaluation ' oppo,rtune de la lire en octobre 1936, constitution de grands holdin,gs d'État regroupés dans l'IRI et intégrant les industries en difficulté dans un réseau complexe de capitaux publics et privés, mais où l'action novatrice de quelques grands "managers" d'État devait se manifester.

Malheureusement, les faiblesses structurelles pèsent sur l'économie italienne (manque de matières premières et de sources d'énergie), et surtout Mussolini, vers 1938, se met en tête de prendre au sérieux son vieux projet d'autarcie.

li le fait pour des motifs ··pure·· ment politiques, en vue d'une guerre éventuelle. Les conséquences sont désastreuses : restrictions à la consommation· (mal vues du public); dépendance paradoxale vis-à-vis du charbon et de la sidérurgie allemànds (d'où one inféodation politique crois­ sante); poids écrasant pour les finances publiques d'un réarmement qui sera techniquement trèsînégalement réussi (chars mal protégés; avions magnifiques,.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓