L'année 1999, marquée par une escalade des affrontements au Cachemire et par le coup d'État militaire du 12 octobre 1999,...
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L'année 1999, marquée par une escalade des affrontements au Cachemire et par le
coup d'État militaire du 12 octobre 1999, a été l'une des plus troublées de
l'histoire du Pakistan.
Le Premier ministre Mian Nawaz Sharif, qui concentrait
tous les pouvoirs entre ses mains, est devenu de plus en plus impopulaire à
mesure que la crise économique et sociale s'aggravait.
Alors que l'opposition
traditionnelle, très ethnicisée, en proie aux dissensions internes et souffrant
du discrédit frappant la classe politique, semblait paralysée, le gouvernement
s'est trouvé confronté à l'opposition virulente de groupes extrémistes religieux
et à une recrudescence de la violence politique, notamment à Karachi, à laquelle
il a répondu en recourant à une justice sommaire et à une répression brutale :
plus de 200 personnes ont trouvé la mort en 1999 à la suite d'"accrochages" avec
la police.
La société civile a également été prise pour cible, comme en ont témoigné le
bras de fer engagé avec la presse pour obtenir le renvoi de journalistes
critiquant la politique gouvernementale ou pour en intimider d'autres, ainsi que
la campagne déclenchée par le gouvernement provincial du Pendjab contre les ONG
(organisations non gouvernementales), dont 2 000 ont été interdites.
Les violences confessionnelles, qui avaient connu une accalmie pendant plusieurs
mois, se sont intensifiées au début du mois d'octobre.
Quarante chiites et six
sunnites ont été tués entre le 1er et le 7 dans une série d'attentats dont
certains ont imputé la responsabilité aux services de renseignements.
Au bord de la guerre avec l'Inde
Les violents combats qui ont opposé en mai et en juin 1999, dans la région de
Kargil (Cachemire), les troupes indiennes aux militants séparatistes infiltrés
sur les hauteurs et appuyés par l'armée pakistanaise ont fait plusieurs milliers
de victimes.
Cette offensive, lancée trois mois après le voyage du Premier
ministre indien à Lahore, a démontré que l'armée pakistanaise restait hostile à
un rapprochement avec l'Inde et mis en lumière le soutien des militaires aux
groupes radicaux.
L'annonce par M.
Nawaz Sharif d'un retrait unilatéral après son voyage à
Washington, début juillet, a été ressentie comme une trahison par une bonne
partie de l'opinion, alors que le Pakistan, apparaissant comme responsable d'une
crise qui aurait pu dégénérer en guerre totale entre les deux puissances
nucléaires, se retrouvait totalement isolé diplomatiquement.
Le Premier ministre
a prétendu avoir été tenu à l'écart par le général Pervez Musharraf, chef
d'État-Major, contribuant ainsi à la détérioration des relations, déjà tendues,
entre les autorités civiles et militaires.
Une intervention de l'armée semblait
inévitable malgré les mises en garde américaines.
Le 12 octobre 1999, le Premier ministre a destitué le chef d'État-Major, alors
que ce dernier était en visite officielle à Sri Lanka.
Le général Musharraf a
riposté par un coup d'État, affirmant que l'armée intervenait pour mettre un
terme à la destruction systématique des institutions par le Premier ministre et
à l'effondrement de l'économie
gouvernement a été dissous, la
loi martiale n'a toutefois pas
titre de chief executive (chef
et pour instaurer une véritable démocratie.
Le
Constitution et les assemblées suspendues ; la
été proclamée et le général Musharraf a pris le
de l'Exécutif).
À l'intérieur du pays, le coup d'État a été dans l'ensemble accueilli avec
soulagement, M.
Nawaz Sharif étant tenu pour responsable de l'intervention de
l'armée, y compris au sein de son parti, la Ligue musulmane du Pakistan (PML).
L'ancien Premier ministre ainsi que son frère Shahbaz Sharif, ancien Premier
ministre du Pendjab, et six autres personnes ont été mis en accusation pour
piraterie aérienne, enlèvement, complot et tentative de meurtre sur la personne
du chef d'État-Major et des 198 passagers de l'avion assurant la liaison
Colombo-Karachi, que M.
Nawaz Sharif aurait tenté d'empêcher d'atterrir sur le
sol pakistanais.
Leur procès, émaillé de multiples incidents et notamment de l'assassinat de l'un
des avocats de l'ancien Premier ministre, qui s'est déroulé devant un tribunal
antiterroriste, s'est conclu, en avril 2000, par la condamnation de M.
Nawaz
Sharif à la détention à perpétuité.
La procédure d'appel a été lancée, alors que
s'ouvraient d'autres procès pour corruption du Premier ministre.
L'accusation a
requis la peine de mort contre les accusés.
Le programme du nouveau pouvoir
Dès sa prise de pouvoir, le général Musharraf a annoncé un programme en sept
points comprenant notamment le renforcement de la fédération et de la cohésion
nationale, la relance de l'économie, la dépolitisation des institutions, la
lutte contre la corruption et la décentralisation du pouvoir.
Un Conseil de
sécurité nationale réunissant les trois chefs d'État-Major et quatre
personnalités civiles a été mis en place ; des gouvernements composés
essentiellement de technocrates et d'universitaires ont été constitués au niveau
fédéral et provincial sous le contrôle du général Musharraf et des gouverneurs
des provinces.
À la veille de la visite du président américain Bill Clinton en
mars 2000, le "chef de l'exécutif" a annoncé l'organisation d'élections locales
sans partis, devant se dérouler en quatre étapes....
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