L’apologue, type de narration à visée morale, philosophique et didactique est une invention qui remonte à l’Antiquité. Très répandu chez...
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L’apologue, type de narration à visée morale, philosophique et didactique est une
invention qui remonte à l’Antiquité.
Très répandu chez les Anciens, ce procédé s’épanouit
plus particulièrement aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La littérature, qui se donne souvent pour mission de peindre la vie, possède grâce
à un tel instrument (le genre de l’apologue désigne aussi bien les fables que les contes
philosophiques, l’utopie, la parabole, l’exemplum ou encore la dissertation) un moyen
assez puissant pour révéler des vérités et montrer le monde tel qu’il est.
Il est donc intéressant de s’interroger sur son emploi par les auteurs.
L’apologue
est-il toujours efficace et quelles sont ses limites ? Les écrivains qui jouent avec ce genre,
nous permettent-ils de voir le monde tel qu’il est ou au contraire tel qu’ils le voient ?
I/apologue : puissance et desseins
Des Fables de La Fontaine qui délivrent un message moral, au récit fantastique du
XXe siècle, en passant par les contes philosophiques des Lumières, l’apologue connaît un
vif succès et suscite l’intérêt des écrivains.
Pourquoi ? Sans doute comme le suggère La
Fontaine parce que cette invention consacre premièrement un aspect divertissant à
l’histoire (« c’est proprement un charme ») et deuxièmement une efficacité persuasive (« à
son gré les cœurs et les esprits »).
Il est vrai que l’auteur des Fables a vite compris que
pour montrer le monde tel qu’il est, il convient de persuader le lecteur en l’amusant et en
l’intéressant à une histoire riches en rebondissements, plutôt qu’en lui tenant des discours
sérieux (thèse qu’il défend dans le « Pouvoir des fables »).
L’apologue est aussi à considérer comme une arme, puisqu’il permet de mieux saisir
les enseignements du monde.
De plus, il possède une force de persuasion, parfois absente
des autres genres littéraires.
Il peut figurer des idées politiques, des attitudes morales
voire des choix philosophiques grâce aux traits caractéristiques de certains personnages.
Des faits qui marquent l’esprit du lecteur.
Nous en avons des exemples notamment avec
la polémique de Voltaire contre la religion et l’explication providentielle du monde dans
Candide.
L’écrivain et philosophe emporte facilement l’adhésion en caricaturant l’opinion
chrétienne sous les traits ridicules de Pangloss (faux philosophe) ou du frère de Cunégonde.
Les situations catastrophiques qu’il accumule convainquent sans peine le lecteur que le
monde est un chaos.
L’apologue le persuade de sa propre vision du monde et l’influence.
Qui plus est, l’apologue est capable d’éviter la formulation explicite de la thèse
défendue par l’auteur.
Elle lui procure un effet protecteur grâce à une argumentation
allusive, lorsque le caractère subversif de cette thèse peut mettre en danger l’écrivain.
Les
attaques de Cyrano de Bergerac contre la monarchie dans Les états et empires de la lune
et du Soleil passent plus facilement parce qu’elles se situent dans un décor de conte
fantastique.
De même celles d’Orwell contre le système soviétique sont moins attentatoires
en 1947 pour un homme de gauche sous le masque des animaux de la ferme… Enfin
l’apologue instaure un jeu de complicité entre l’auteur et le lecteur.
Le fonctionnement
allégorique de récits comme Gargantua ou les Contes libertins de La Fontaine, correspond
pour le lecteur informé à un attrait supplémentaire.
Nous retrouvons par exemple dans
Candide, les allusions à Frédéric II de Prusse (le château de Sans-souci, qui n’a qu’une
porte et des fenêtres), à la guerre de 7 ans (etc).
Le genre de l’apologue est assez puissant
non seulement....
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