Las! où est maintenant... Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ? Où est ce cœur vainqueur de toute...

« Las! où est maintenant... Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ? Où est ce cœur vainqueur de toute adversité, Cet honnête désir de l1immortalité, Et cette honnête flamme au peuple non commune? 5 Où sont ces doux plaisirs, qu'au soir sous la nuit brune Les Muses me donnaient, alors qu'en liberté Dessus le vert tapis d'un rivage écarté Je les menais danser aux rayons de la Lune ? Maintenant la Fortune est maîtresse de moi, 10 Et mon cœur, qui soulait être maître de soi, Est serf de mille maux et regrets qui m'ennuient. - De la postérité je n'ai plus de souci, Cette divine ardeur, je ne l'ai plus aussi, 14 Et les Muses de moi, comme étranges s'enfuient. In Les Regrets (VI) QUESTIONS 1 - Comment Du Bellay a-t-il, selon vous, tiré parti de l'architecture du sonnet ? Du Bellay a manifestement exploité l'architecture du sonnet en mettant en opposition un passé perdu évoqué dans les quatrains et un présent accablant décrit dans les tercets. 2 - Observez la répartition des marques de la première personne dans le poème ? Qu 'en concluez-vous ? Les marques de la première personne sont absentes du premier quatrain; le deuxième en comporte deux ("me donnaient", "je les menais") Les tercets en contiennent six ("moi", "mon coeur", "m'ennuient"), ("je n'ai plus", "je ne l'ai plus, "de moi").

On peut en conclure q_ue la tonalité lyrique s'affirme à mesure que le poème se déroule. 3 - Relevez une anaphore et commentez-en l'emploi. Un exemple d'anaphore est fourni par les vers 1 et 2 : "Où est maintenant ...

/ Où est ce cœur vainqueur...

" Cette figure exprime avec · insistance la nostalgie du poète pour son état antérieur. - - - - COMMENTAIRE COMPOSÉ - - - Introduction - Présentation du texte -Annonce du plan D'abord enthousiasmé par la ville de Rome où il a suivi le cardinal Jean du Bellay son oncle, le poète Joachim du Bellay y connaît pour finir, des jours difficiles.

Coupé de son milieu familier, se croyant abandonné par l'inspiration, il végète dans un emploi subalterne bien propre à lui faire ressentir un profond sentiment d'échec aggravé par la gloire montante de son ami Ronsard, resté au pays, dont les échos l'atteignent dans son exil. Ce sonnet des Regrets, recueil publié en 1558, où s'expriment tour à tour la détresse de l'exilé, l'autodérision de l'ambitieux déçu et la verve du satiriste, appartient au genre élégiaque.

C'est en effet une plainte qui s'exhale de ce poème où Du Bellay dit son abattement dû 'à l'effondrement de ses ambitions littéraires et de son inspiration.

Il a su pourtant trouver, pour exprimer ce découragement, des accents qui démentent l'impuissance dont il semble témoigner. On discernera donc dans cette étude les marques d'une obsession proprement dépressive, et paradoxalement, celles d'une indéniable maîtrise artistique. I - L'abattement a) moi Ce qui donne d'abord un caractère personnel et poignant au constat d'impuissance ici exprimé, ce sont les marques de la première personne dont la densité s'accroît à mesure que se déroule le poème : si l'on n'en trouve guère en effet dans le premier quatrain, où l'émotion est encore contenue, "je", "me", "moi", "mon" apparaissent de plus en plus fréquemment : on en relève la présence par.... »