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(L'auteur travaille comme saisonnier dans le Midi de la France.) Pourquoi vient-on à la récolte? Ça" paie peu aux cerises....

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« (L'auteur travaille comme saisonnier dans le Midi de la France.) Pourquoi vient-on à la récolte? Ça" paie peu aux cerises.

Fidélité à la saison. C'est un rendez-vous avec d'anciens bonheurs : une odeur de foin, la lumière de mai, des songeries.

Je connaissais un vieux boulanger qui depuis vingt-cinq ans, toutes les années, lâchait le pétrin pour arriver là en fin avril.

On revient changé, le cuir s'endurcit, on ne s'émeut plus, on communique moins avec la saison.

Puis on est à nouveau touché de fraîcheur, atteint par la grâce.

Une année, j'étais revenu pour une odeur de genêt ou pour avoir vu dans un chemin un paysan sous un grand parapluie bleu, un matin de petite pluie de mai. On ne sait pas pourquoi on revient.

Manger des cerises, se crever moins que sur un chantier? Ça aussi.

On vient compter ses années, là, pour que l'année compte, pour avoir vécu un printemps de plus, s'être senti sur terre au retour de mai.

C'est une fête que le saisonnier se donne.

II recueille le printemps un bon mois. On ne le sent nulle part si bien que perché sur un cerisier, pieds nus sur les branches et dos nu au vent, une épaule à l'ombre et l'autre au soleil, du vrai de Provence.

Les grimpées donnent au cueilleur une souplesse de gymnaste.

A terre, en cueillant les branches basses, il sent l'herbe sous ses pieds nus. L'hiver, dans de gros souliers, on a promené un cadavre, un homme blanc qui marche sans plaisir.

Aux cerises, on redevient nègre, gitano, les reins heureux en marchant.

Pas seulement les reins, chaque fibre, les muscles se jouent soie par soie.

Il y avait longtemps qu'on ne respirait plus ou qu'on respirait neutre comme en dormant.

De nouveau, on respire comme avec un nez de chien.

On ne respire pas, on boit l'air par petits coups et grandes gorgées avec les narines. Les moments sont nombreux où l'on se sent vivant, réveillé au monde. Georges NAVEL, Travaux. organisation du devoir Le libellé indique deux directions, le désir de revenir participer aux travaux des champs et la communion avec le monde naturel.

On peut effectivement regrouper des expressions, des phrases, des passages selon ces deux idées.

D'un côté, ce qui est relativement technique, les considérations un peu prosaïques comme «manger des cerises, se crever moins au travail», de l'autre, toutes les comparaisons du dernier paragraphe.

Cette répartition a l'inconvénient de séparer des éléments assez voisins.

Le travail et l'amour de la nature se mêlent intimement.

Donc, tout en conservant ces idées, il semble préférable de trouver une organisation plus nette. On accordera une attention particulière «aux procédés», étude que l'on intégrera dans le développement.

Le texte est dominé par la question : « Pourquoi vient-on à la récolte?» Et l'on peut dire que toute la page répond à cette interrogation, même si le second paragraphe commence par : « On ne sait pas pourquoi on revient.

» Si les grandes structures ne se dégagent pas clairement du libellé, si elles n'apparaissent pas lors d'une première lecture, l'élève peut — au brouillon — procéder par petits regroupements.

Pour le texte proposé, un premier ensemble est évident, celui qui se rattache aux sensations.

D'abord, «une odeur de foin», «la lumière», un peu plus loin «la fraîcheur» et à nouveau «une odeur de genêt», «un parapluie bleu»; enfin, tout le dernier paragraphe décrit une sorte d'euphorie des sensations. Un deuxième ensemble se rattache au temps.

La notion de fidélité exprime la durée, le retour des «anciens bonheurs»; l'anecdote du boulanger tourne aussi autour de cette idée.

Il en est de même lorsque Georges Navel écrit «On vient compter ses années...» Un troisième thème est perceptible, surtout dans le dernier paragraphe : la dualité entre l'homme de la civilisation, de l'hiver et l'homme de la nature, du printemps. Cette classification ne constitue pas un plan détaillé, elle naît d'une lecture relativement rapide et doit être précisée, nuancée lors d'une étude plus détaillée. Avant de lire la partie suivante, l'élève qui souhaite s'entraîner peut chercher à établir un plan.

Il en vérifie le bien-fondé avec le modèle que nous donnons. plan détaillé Introduction (conseils) Le thème de la nature inspire particulièrement les écrivains.

Il s'agit souvent d'un domaine idéalisé, refuge de celui qui fuit la société.

Cependant, les travaux des champs présentent l'ambiguïté de garder l'empreinte de l'homme tout en préservant une pureté originelle.

Georges Navel s'inscrit d'autant plus dans cette tradition qu'il décrit une activité de cueillette.

Ainsi, il ne modifie pas l'équilibre naturel, il en profite simplement, sans l'affecter.

Trois raisons principales expliquent l'attrait pour les activités saisonnières : la richesse des sensations, la réconciliation avec le temps, la prééminence de la communication avec la nature. Développement • Première partie : la richesse des sensations — La multiplicité des sensations.

Tous les sens sont en éveil : l'ouïe, le toucher, la vue, l'odorat, le goût sont sollicités.

On relève cependant une différence de traitement : les odeurs sont déterminées par l'indéfini «une», signe peut-être de leur délicatesse, tandis que l'auteur parle de «la lumière de mai».

Parfois, c'est une impression vague, difficile à cerner comme «n'est touché de fraîcheur», l'emploi de «par la fraîcheur» aurait accusé la précision. De façon tout aussi significative l'homme se trouve «une épaule à l'ombre, une autre au soleil».

Sensation contrastée, d'autant que la scène se passe dans le Midi et que le soleil est celui «de Provence». — L'harmonie des sensations.

Si l'auteur décrit dans le dernier paragraphe l'opposition ombre/lumière, il ne faut pas en déduire que cette nature est violente.

En effet, l'odeur de foin, de genêt est délicate; la pluie est qualifiée par l'adjectif «petite» qui lui confère comme un caractère bienveillant. Cette harmonie extérieure se retrouve dans l'homme, dans ce qu'il éprouve : l'air devient un élément liquide puisque l'on passe de la respiration au fait de boire «par petits coups et grandes gorgées».

On comprend qu'une seule sensation suffise à créer un désir, un appel puisqu'elle les contient toutes.

Une odeur, un parapluie bleu et c'est tout le printemps qui appelle l'auteur à «la fête» des sensations.

L'auteur emploie d'ailleurs ce mot «fête» pour désigner l'euphorie qui le gagne tout entier à la fin.

On assiste d'abord.... »

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