Le 21 août 1983, Benigno Aquino, principale figure de l'opposition au régime du président Marcos, était assassiné devant les caméras...
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Le 21 août 1983, Benigno Aquino, principale figure de l'opposition au régime du
président Marcos, était assassiné devant les caméras du monde entier sur
l'aéroport de Manille.
Quelques mois plus tard, les dessous de cette affaire
demeuraient obscurs ; une chose était néanmoins certaine, après plusieurs mois
d'investigation: la première version avancée par le dictateur Marcos au
lendemain du meurtre, celle d'un complot tramé par les communistes, n'a pu être
retenue.
Par contre, au fil des mois, il est apparu de plus en plus nettement
que la famille présidentielle, voire le gouvernement, étaient directement
impliqués dans l'affaire.
Spontanément, la foule rassemblée pour les obsèques
d'Aquino scandait déjà: "Marcos, Imelda (son épouse), Ver (chef de l'armée) assassins!" Exilé depuis trois ans aux États-Unis après avoir passé plusieurs
années en prison, Aquino était presque tombé dans l'oubli.
Sa mort en a fait un
martyr et a provoqué un véritable séisme aux conséquences incalculables.
C'est en 1965 que Marcos accédait au pouvoir, légalement.
Incapable de s'y
maintenir par des moyens démocratiques, il a instauré en 1972 l'état de guerre,
mis en place une dictature reposant sur le clientélisme et la corruption.
L'assassinat d'Aquino a agi comme un puissant catalyseur des mécontentements et
de la conscience politique de la population.
A Manille, plus de trois millions
d'habitants (sur une population de huit millions) se sont rassemblés lors de ses
obsèques.
Au lendemain de son assassinat s'est développé une multitude
d'organisations et de regroupements poursuivant le même but: le renversement de
la dictature du président Marcos.
Le plus connu, JAJA (Justice for Aquino,
Justice for all) rassemblait à la fin de 1983 121 organisations.
Plus le
mouvement s'est étendu et plus il s'est radicalisé: au-delà de la dynastie de
Marcos, ce fut aussi le gouvernement américain qui a été soumis au feu de la
critique pour son soutien à la dictature.
Le Front national démocratique, animé par des communistes, regroupe désormais
plus d'un million d'adhérents, et son influence s'étend dans l'ensemble du pays
- tout particulièrement là où la situation économique est depuis plusieurs
années très précaire: sur les îles de Luzon, Samar, Mindanao.
Cette coalition
qui fonctionne pratiquement en permanence dans la clandestinité regroupe avant
tout des paysans et des ouvriers, mais elle a également accueilli des médecins
et des gens d'Église.
Fondée en 1969, la Nouvelle armée du peuple (NPA), bras
armé du PC philippin, compterait de son côté 20 000 combattants: elle tenait en
décembre 1983 45 fronts de guérilla, et n'a bénéficié pour ainsi dire d'aucun
soutien de la part des pays communistes.
Enfin, les séparatistes musulmans du
Front de libération nationale Moro (MNLF), dans le sud du pays, dont la
revendication principale est l'autonomie politique régionale, a continué à
harceler l'armée régulière tout au long de 1983.
Le président Marcos a donc appuyé de plus en plus son régime sur une armée
toujours plus puissante.
Mais c'est surtout des États-Unis qu'il attendait un
soutien décisif.
Ceux-ci disposent en effet aux Philippines de vingt-trois bases
militaires, qu'ils jugent d'une très grande importance stratégique.
Ainsi, la
base de Clark, d'une superficie supérieure à celle de Singapour (55 000
hectares!), abrite la treizième flotte aérienne américaine, et Subic Bay la
septième flotte de la marine américaine.
Le bail en vertu duquel les États-Unis
ont la jouissance de ces bases a été renouvelé le 1er juin 1983: pour la période
allant de 1984 à 1989, le gouvernement philippin encaissera 900 millions de
dollars.
Au lendemain de la signature de ce nouveau contrat, l'amiral Long, chef
de la flotte américaine du Pacifique, attirait l'attention du Congrès sur le
fait que "les installations militaires des États-Unis aux Philippines servent
des objectifs politiques importants dans la région, mais....
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