Le 21 août 2002, le Premier ministre Jean Chrétien annonçait de façon anticipée son retrait de la vie politique (fixé...
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Le 21 août 2002, le Premier ministre Jean Chrétien annonçait de façon anticipée son retrait de la vie
politique (fixé à février 2004 – son mandat aurait pu se poursuivre jusqu'à l'automne 2005).
Jamais
auparavant au Canada, ou même dans un pays de tradition parlementaire britannique, un Premier
ministre n'avait rendu publique, aussi longtemps à l'avance, la date de son départ.
Ce faisant, J.
Chrétien
renonçait à l'une des plus importantes prérogatives du Premier ministre dans un régime parlementaire
comme celui du Canada, la maîtrise du calendrier politique.
Une fois sa retraite annoncée, il se
condamnait à occuper une position de moins en moins dominante au sein de sa formation, le Parti libéral,
et dans la vie politique canadienne, et à apparaître de plus en plus comme un homme surtout soucieux
de préparer son héritage politique.
Le départ anticipé mais préparé de J.
Chrétien
Une telle fin de carrière n'était certainement pas le premier choix de J.
Chrétien.
Au pouvoir depuis
presque dix ans, à la tête d'un gouvernement confortablement majoritaire, et profitant d'une situation
économique et politique relativement favorable, le Premier ministre avait bien des atouts dans son jeu.
Mais les pressions en faveur d'un changement de chef étaient très fortes à l'intérieur même de son parti.
Ces pressions trouvaient leur origine dans la rivalité de toujours entre le Premier ministre et son ministre
des Finances et successeur potentiel, Paul Martin.
Fidèle lieutenant depuis l'arrivée des libéraux au
pouvoir en 1993, P.
Martin n'en a pas moins préparé, systématiquement et pendant plusieurs années, le
terrain pour la prochaine course à la direction du parti.
En juin 2002, un différend public entre les deux
hommes à propos des rapports entre le gouvernement fédéral et les municipalités a amené J.
Chrétien à
demander la démission de son ministre des Finances.
Désormais libre de préparer ouvertement sa
candidature à la succession de J.
Chrétien, P.
Martin s'est organisé en vue du congrès du parti, fixé à
février 2003.
Assez rapidement, il est devenu clair que le Premier ministre ne pourrait pas sortir indemne
de ce congrès.
Le contrôle solide qu'exerce P.
Martin sur l'ensemble des députés et sur la base du parti,
ainsi que sa popularité dans l'opinion publique risquaient fort de se traduire par un vote de confiance des
délégués trop faible pour permettre à J.
Chrétien de s'imposer pour quelques années encore.
C'est donc
pour éviter de se voir «montrer la porte» par son propre parti que le Premier ministre a annoncé son
départ à la fin août.
Il s'est tout de même donné plus d'un an pour essayer de freiner la «machine
Martin» et favoriser un successeur plus à son goût, et pour définir un héritage politique dans lequel
inscrire sa succession.
Sur le plan économique, l'héritage était déjà établi et il apparaissait plutôt favorable.
Au premier trimestre
de 2003, le PIB du Canada a crû de 2,4 % (sur une base annuelle) après 3,4 % en 2002, malgré un
ralentissement significatif de la croissance aux États-Unis.
Le taux de chômage se maintenait à moins de
8 % (7,8 % en mai 2003), alors que l'indice des prix à la consommation augmentait un peu (3,0 % en
avril 2003), en bonne partie à cause des prix de l'énergie.
Plus significatif encore, le gouvernement fédéral réalise, depuis plusieurs années, des excédents
financiers importants, suscitant d'ailleurs des inquiétudes dans les provinces.
Les revenus de celles-ci
croissent moins rapidement alors qu'elles ont la responsabilité des programmes dont les coûts
augmentent le plus vite (les soins de santé notamment).
Les provinces s'entendaient donc pour parler
d'un déséquilibre fiscal en faveur du gouvernement fédéral, déséquilibre qui devra être corrigé dans les
années futures.
Tant P.
Martin que J.
Chrétien niaient l'existence d'un tel déséquilibre dans la fédération,
mais la question est devenue un enjeu incontournable des relations intergouvernementales.
Le 6 février 2003, le gouvernement fédéral annonçait à cet égard une nouvelle «entente» avec les
provinces, afin d'augmenter substantiellement les transferts fédéraux pour le financement des soins de
santé.
Les sommes allouées restaient toutefois bien en deçà des recommandations émises par la
commission Romanow sur l'avenir des soins de santé au Canada (commission mise en place par le
gouvernement fédéral lui-même).
L'entente était donc jugée peu satisfaisante et temporaire par les
provinces, et a carrément été dénoncée par les trois territoires du Nord, qui ont estimé qu'elle ne tenait
pas compte de leurs besoins particuliers.
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Démarcages par rapport aux États-Unis
Sur un autre plan, au Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg (août-septembre
2002), J.
Chrétien s'est engagé à ratifier le protocole de Kyoto sur les changements climatiques.
Le
Canada, qui est le plus grand consommateur d'énergie et le deuxième producteur de gaz à effet de serre
par habitant du monde, et qui figurait parmi les retardataires à cet égard, s'est ainsi dissocié de la
position américaine et se préparait à adopter un plan devant permettre de ramener à terme ses émissions
de gaz à effet de serre à un niveau inférieur de 5,2 % à ce qu'elles étaient en 1990.
Le projet a
cependant suscité beaucoup d'oppositions de la part des provinces, sauf le Manitoba et le Québec
favorables au protocole.
En politique étrangère, le fait marquant de la dernière année au pouvoir de J.
Chrétien aura sans conteste
été la décision du Canada de ne pas participer à....
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