Le 27 juillet 1987, la présidente Cory Aquino, à la tribune de la Chambre des représentants, inaugurait la "restauration démocratique"....
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Le 27 juillet 1987, la présidente Cory Aquino, à la tribune de la Chambre des
représentants, inaugurait la "restauration démocratique".
Devant une assistance
médusée, elle tirait à boulets rouges contre la communauté internationale et
plus spécialement contre ses banquiers, ces "nobles maisons de la haute
finance...", constatant que le monde qui l'avait tant applaudie en février 1986
était peu empressé d'ouvrir le portefeuille...
La salve annonçait un changement
de direction: après les mois d'espérance commençait le temps du travail, du
"resserrage de boulons" ; les Philippines devaient montrer qu'elles étaient "une
proposition viable".
Un mois après l'inauguration du nouveau Parlement, la sédition militaire
menaçait de détruire le fragile édifice bâti par la veuve de Ninoy.
A l'aube du
28 août 1987, mille deux cents soldats conduits par le colonel Gregorio "gringo"
Honasan - "héros de février 1986" - fondaient sur la capitale, tentaient de
pénétrer dans le palais de Malacanang avant de se replier sur plusieurs points
névralgiques de Manille, dont le camp militaire d'Aguinaldo.
Le soir, ils se
rendaient, le gros de l'armée ayant refusé de suivre.
Le putsch manqué fit une
cinquantaine de victimes, en majorité des civils abattus par les rebelles.
Si le 28 août fut la plus sanglante de toute une série de tentatives de coups
plus ou moins bien préparées, il marqua aussi une cassure.
Une politique
d'équilibre entre la droite et la gauche était à l'évidence impossible.
Dans les
semaines qui suivirent, la solde de la troupe fut augmentée de 60% et des
personnalités contestées (par les forces armées) au sein du gouvernement, dont
le secrétaire exécutif, Joker Arroyo, furent remerciées...
En contrepartie, le
corps d'officiers réformistes (et putschistes) du Mouvement de réforme des
forces armées (RAM) était brisé.
Ses activistes en fuite tentèrent, en vain, de
souffler sur les braises de la rébellion et l'aventure se termina le 10 décembre
par la capture de Honasan qui s'échappa quatre mois plus tard de sa cellule
flottante dans des conditions mystérieuses...
L'étoile montante de Ramos
Le grand vainqueur de l'épreuve de force fut le général Fidel "Eddie" Ramos, à
l'époque chef d'état-major.
Dès la tentative du putsch de novembre 1986, il
s'était rallié au régime Aquino.
Après le coup manqué du 28 août et les mesures
en faveur de l'armée (accompagnées de déclarations contre l'insurrection
communiste), son étoile ne cessa de monter.
Le malaise dans l'armée n'était pas
étouffé pour autant.
Le ministre de la Défense, Rafael "Rocky" Ileto, successeur
de l'ancien "baron" Juan Ponce Enrile et principal rival de Ramos, oeuvrait pour
une direction militaire plus "dure", non soumise au clientélisme politique ; il
démissionna le 21 janvier 1988.
En reprenant son siège (civil), Ramos s'assurait
un formidable atout pour la période "post-Aquino" - la présidente ayant répété
son voeu de ne pas se représenter en 1992.
Deux ans après la chute de Marcos,
l'armée apparaissait donc assagie grâce à une politique gouvernementale qui ne
devait rien au "gauchisme" honni...
D'autres personnalités sont aussi passées "à la trappe" en 1987, certaines de
façon dramatique comme le ministre des Finances Jaime Ongpin, qui, limogé, se
suicida le 7 décembre ; d'autres parce qu'ils étaient politiquement à bout de
force, comme le vice-président Salvador Laurel.
L'ancien coéquipier de la
"croisade anti-Marcos", soupçonné d'avoir été mêlé au "28 août", a démissionné
le 16 septembre de son poste de ministre des Affaires étrangères.
Si Aquino a
ainsi fait bon gré mal gré le ménage autour d'elle (deux remaniements
ministériels en 1987), l'Église, qui s'était arrogée un rôle important sous la
dictature, a aussi connu une certaine éclipse.
Mais, alors que la haute
hiérarchie a conservé une certaine discrétion politique, les éléments les plus
conscients - prêtres et religieuses traditionnellement marqués à gauche,
jésuites anciennement "proches" de la présidente - ont redécouvert un langage
critique envers le pouvoir.
La critique a aussi perturbé l'alignement des forces
"loyales à Cory".
Ainsi, les élections locales (18 janvier 1988), qui permirent
à l'appareil gouvernemental de se consolider, furent néanmoins l'occasion pour
d'anciens alliés de la présidente, tel le vétéran Jovito Salonga, président du
Sénat, de poser des jalons....
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