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Le bandit « Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit!>> (I, 2, v. 130) En quoi la...

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« Le bandit « Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit!>> (I, 2, v.

130) En quoi la fausse identité du bandit Hernani a-t-elle pu choquer les spec­ tateurs «classiques» de la pièce en 1830, et contribuer à « la bataille d'Hernani »? CORRIQÉ Le corrigé sui1Jant est présenté sous forme de plan détaillé.

Les titres de parties.

les mises en valeur de certains termes ne doivent en aucun cas figurer dans votre copie. :DÉMARRONS ENSEMBLÉ 1 La question posée s'appuie sur une citation du personnage principal, Hernani. Elle porte sur le point le plus important de l'intrigue, l'identité d'Hernani.

Celui-ci porte en effet un masque durant presque quatre actes, le masque du« bandit », personnage à la mode dans les mélodrames populaires mais inacceptable dans une tragédie classique, telle que les jouait la Comédie-Française.

Aussi cette fausse identité revendiquée par le personnage provoqua-t-elle des critiques acerbes lors des représentations de 1830. 1 Il convient donc de chercher ce qui a pu choquer le public classique dans ce per­ sonnage, c'est-à-dire en quoi il diffère des modèles de personnages tragiques. INTRODUCTION 1 La tragédie classique veut des personnages issus de la noblesse, des princes, des rois, des héros ou même des dieux.

Or, le personnage éponyme du drame de Victor Hugo, Hernani, se présente jusqu'à l'acte rv, scène 4, comme un «bandit»:« Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit!», c'est-à-dire un chef de bande, banni et proscrit.

Il en a en effet l'apparence et la violence. 1 Comment faire accepter à un public habitué aux principes de la tragédie classique qu'un personnage« du peuple» tienne le rôle principal d'une pièce dramatique, sans provocation ? 1 Pour étudier en quoi cette fausse identité d'Hernani a pu choquer les specta­ teurs« classiques» de 1830 et contribuer à la célèbre« bataille>), nous cherche­ rons d'abord les caractéristiques qui font du personnage un « bandit », puis nous montrerons qu'il s'en distingue pourtant par certains aspects, enfin nous verrons l'intérêt dramatique du rejet de cette fausse identité à la fin de la pièce. DÉVELOPPEMENT POINT MÉTHODE Construire le développement et développer les idées 1 Le développement commence toujours par une partie qui va dans le sens de la question, ou de l'affirmation sur laquelle elle repose.

Ici, en quoi un personnage principal qui se présente comme un « bandit » a-t-il de quoi choquer le public de 1830: qu'est-ce qui a déplu aux spectateurs dans ce personnage? 1 Mais ensuite il convient de nuancer, ou même de discuter.

Ici, on montrera qu'Hernani se différencie beaucoup du bandit traditionnel, et on s'interrogera sur la révélation de sa véritable identité et ce qu'elle apporte au dénouement. Un bandit, certes... 1 La didascalie de la scène 2 de l'acte I présente Hernani Bandit vient lors de sa première apparition « en costume de montagnard de l'occitan d'Aragon », avec les attributs du bandit : la cuirasse en cuil� banni et signifie l'épée, le poignard et le cor à la ceinture, et il refuse de se dépar­ « mis au ban de la société. tir de son épée à la demande de dona Sol.

Son manteau est trempé comme pour celui qui vit dehors.

Son discours traduit l exilé.

proscrit», puis au XVII' siècle, une certaine violence verbale à l'égard du roi et du duc, et même « malfaiteur, de dofia Sol qu'il somme de choisir entre le duc et lui.

Il répète vagabond lui-même son identité à don.a Sol pour la convaincre des risques et armé». qu'elle prend à l'aimer et le suivre :« Vous voulez d'un brigand? Voulez-vous d'un banni'!» 1 Il se présente comme chef d'une bande de proscrits comme lui, prêts à répondre à son appel : « Pour trois qui vous viendraient, il m'en viendrait soixante, / Soixante dont un seul vous vaut tous quatre.

» Et il se dit mis« au ban du royaume» et condamné« à l'échafaud». 1 Lorsque don Carlos révèle à don Ruy Gomez son identité de roi, les yeux d'Hernani se font « étincelants » et son monologue de la fin de l'acte est plein de menaces barbares, qui transgressent la règle de bienséance : « Ce que je veux de toi, ce n'est point faveurs vaines, / C'est l'âme de ton corps, c'est le sang de tes veines.

/ C'est tout ce qu'un poignard, furieux et vainqueur, / En y fouillant longtemps peut prendre au fond d'un cœur ! » Aucun héros racinien, même le plus dévoyé, n'aurait pu parler ainsi. 1 Hernani a donc toutes les caractéristiques physiques et morales du« ban­ dit » et le public de la Comédie-Française, habitué aux personnages nobles de la tragédie, ne pouvait que s'insurger d'un tel choix, propre aux mélodrames joués aux théâtres.... »

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