Le Bovarysme, se définissant comme une évasion dans l’imaginaire par insatisfaction, doit son nom à l’héroïne Flaubertienne de Madame Bovary,...
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Le Bovarysme, se définissant comme une évasion dans l’imaginaire par insatisfaction, doit son nom à l’héroïne Flaubertienne de
Madame Bovary, Emma Bovary.
Le roman est, en effet, centré sur un personnage qui tente d’échapper à l’ennui et la médiocrité de son
mariage en cédant à la rêverie et à la construction fantasmée d’un monde romantique.
L’extrait présente la description d’une scène musicale
qu’Emma Bovary observe depuis « les vitres de la salle ».
A l’image de cette séparation concrète entre Emma et le monde extérieur, un
fossé se creuse entre la scène observée (un musicien jouant dans la rue) et la scène embellie par le fantasme (« dans un petit salon »,
« morceaux de miroir », « papier doré »).
Quelle scène se déroule ici à travers les regards croisés d’Emma Bovary et du narrateur ? Quelle
vision du monde, centrée sur cette capacité du personnage à s’extraire du réel est ainsi mise en évidence ? Quel processus d’écriture
l’auteur met-il en place pour dévoiler l’intériorité de son héroïne et, en parallèle, prendre ses distances par rapport à celle-ci ?
De « la valse » jouée par l’homme aux « airs que l’on jouait ailleurs » : la rêverie d’Emma Bovary à partir d’une
scène musicale
-
La scène est filtrée par le regard d’Emma Bovary qui se trouve à l’intérieur et regarde par la fenêtre (« derrière
les vitres de la salle »).
La présence de son regard est explicitement établie à la fin de l’extrait : « Elle le regardait
partir », de même, sa vision intérieure est marquée par les termes : « dans sa tête », « sa pensée bondissait ».
Est
donc mise en scène, les adverbes « quelquefois », « lentement » et la comparaison « comme une bayadère sur les
fleurs d’un tapis » en sont les principaux indicateurs.
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Le texte délivre la description d’une scène musicale traitée sur le mode de la répétition, ainsi que l’exposent les
indicateurs temporels : « dans l’après midi », « quelquefois », auxquels se conjuguent des imparfaits de
répétition : «apparaissait », « rabattait », « s’éloignait ».
Le choix de ce mode répétitif semble mettre en évidence les
affres de l’habitude à laquelle se combine inévitablement la notion d’ennui ou de lassitude, emblématisée par
l’expression « à n’en plus finir ».
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L’extrait est gouverné par un mouvement continu de l’intérieur vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’intérieur.
L’occurrence des termes « vitres » et « fenêtres » qui émaillent la description symbolise la séparation de ces deux
espaces ; le passage de l’un à l’autre se faisant par l’intermédiaire de l’observatrice, Emma Bovary.
On assiste, en
effet, à un balancement perpétuel entre la scène vue et l’imagerie qu’elle invoque dans les pensées de l’héroïne.
Le
parallélisme entre la phrase « Une valse aussitôt commençait » et « des sarabandes à n’en plus finir se déroulaient
dans sa tête » emblématise cette oscillation permanente.
« De rêve en rêve », le fossé entre Emma Bovary et la réalité qu’elle perçoit par « échos » : une vision romantique
du monde
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On retrouve au fil du texte l’empreinte d’un imaginaire romantique –soit qui embellit et idéalise le réel, ne se
suffisant pas de ce dernier-, abreuvée de lecture : « petit salon », « morceaux de miroir » « papier doré » (allusion
aux romans précieux peut-être… ?).
Le défilé de personnages hauts en couleurs : « danseurs hauts comme le
doigts, femmes en turban rose, Tyroliens en jaquette, singes en habits noirs, messieurs en culotte courte » renvoie à
une vision du monde hyperbolisée, et comme exaltée par le procédé d’énumération.
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L’échappatoire que constitue la rêverie est l’apanage du personnage d’Emma Bovary.
Les choses qu’elle observe
en appellent d’autres, par résonance : les termes imprécis « ailleurs », « échos du monde » teintent la description
d’onirisme.
L’incessant vagabondage des pensées d’Emma, traduit par les expressions « sa pensée bondissait avec
les notes », « se balançait de rêve en rêve », traduit la déprise du personnage par rapport au réel.
Cet éloignement
progressif est parachevé par la dernière phrase de....
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