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LE CHOIX DE LA LIBERTÉ Textes 1. ÉsoPE, « Le loup et le chien» (v11°-vI° s. av. J.-C.) 2. PHÈDRE,...

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« LE CHOIX DE LA LIBERTÉ Textes 1.

ÉsoPE, « Le loup et le chien» (v11°-vI° s.

av.

J.-C.) 2.

PHÈDRE, « Le Chien et le Loup » (10 av.

J.-C 5 ap.

J.-C) 3.

LA FONTAINE, « Le Loup et le chien» (1668) 4.

MAXIME LÉRY « Le chat, le Loup et le Chien» (1937) Objets d'étude : les réécritures, l'apologue QUESTION (4 points) Chaque texte est la reprise d'un texte qui le précède.

Dites quel grand prin­ cipe de réécriture est mis en œuvre dans chacun des textes 2, 3, 4. ::::::;;:::::J TRAVAUX D'ÉCRITURE (16 points) 1.

Commentaire Vous commenterez le texte de La Fontaine 2.

Dissertation À quelles conditions une réécriture peut-elle être une création ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus et sur les textes que vous avez étudiés, sans vous limiter au genre de la fable. 3.

Écriture d'invention La fable de Maxime Léry énonce cette morale à deux voix : « - Vive la liberté ! Elle est mon plus bel apanage. J'accepte l'esclavage pour prix de ma sécurité.

» Deux personnages aujourd'hui s'opposent, chacun soutenant l'une de ces conceptions de la vie.

Vous écrirez le dialogue où se confrontent ces deux points de vue. Chacun défend son choix en se référant à des exemples et des situations précises. Les personnages s'exprimeront dans une langue correcte, sans recourir à un niveau de langue familier. - CORPUS ■ Texte 1 : ÉSOPE, « Le Loup et le Chien » Un loup voyant un très gros chien attaché par un collier lui demanda_: « Qui t'a lié et nourri de la sorte? -Un chasseur, » répondit le chien.

«Ah! Dieu garde de cela le loup qui m'est cher! Autant la faim qu'un collier pesant.

» Cette fable montre que dans le malheur on n'a même pas les plaisirs du ventre. ■ Texte 2 : PHÈDRE, « Le Chien et le Loup » Combien la liberté est douce, c'est ce que je vais dire en peu de mots.

Un chien bien nourri se trouve par hasard sur le chemin d'un loup d'une mai­ greur extrême.

Ils se saluent et s'arrêtent.

« D'où te vient, dis-moi, ce poil brillant? Que manges-tu pour avoir un tel embonpoint? Moi qui suis bien s plµs fort que toi, je meurs de faim.

» Le chien, franchement, répond : « Cette condition t'appartient si tu peux rendre au maître les mêmes services que moi.

- Lesquels? dit l'autre.

- Garder la porte, défendre, même la nuit, la maison contre les voleurs.

-Eh bien, je suis prêt.

Maintenant j'ai à supporter la neige, les pluies violentes; dans les forêts je traîne une vie rude.

Com�ien 10 il me serait plus facile de vivre sous un toit et, sans rien faire, de me rassa­ sier largement! -Alors, viens avec moi.

» Chemin faisant, le loup voit le cou du chien que la chaîne avait pelé.

« D'où vient cela, ami? - Ce n'est rien.

Mais encore? dis! - Comme on me trouve un peu vif, on m'attache de jour, pour que je dorme le matin et que je veille, la nuit venue.

Vers le soir, on me 15 délie et je puis errer où bon me semble.

Sans que je demande, on m'apporte du pain; le maître me donne des os de sa table; ses gens me jet­ tent des morceaux et du ragoût quand personne n'en veut plus.

Ainsi, sans rien faire, je remplis mon ventre.

- Bien, mais si tu veux t'en aller quelque part, le peux-tu? - Pas tout à fait.

-Alors, jouis de ce sort si vanté, ô chien! 20 Je ne voudrais pas d'un royaume, s'il doit m'en coûter la liberté.

» ■ 5 10 1s 20 25 30 35 40 Texte 3 : LA FONTAINE, « Le Loup et le Chien » (1668) Un loup n'avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde. Ce loup rencontre• un dogue aussi puissant que beau, Gras, poli1 , qui s'était fourvoyé par mégarde. L'attaquer, le mettre en quartiers2 , Sire loup l'eût fait volontiers; Mais il fallait livrer bataille, Et le mâtin était de taille À se défendre hardiment Le loup donc l'aborde humblement, Entre en propos, et lui fait compliment Sur son embonpoint, qu'il admire. « Il ne tiendra qu'à vous, beau sire, D'être aussi gras que moi, lui répartit le chien. Quittez les bois, vous ferez bien: Vos pareils y sont misérables, Cancres3, hères4, et pauvres diables, Dont la condition est de mourir de faim. Car quoi? rien d'assuré; point de franche lippée5; Tout à la pointe de l'épée. Suivez-moi, vous aurez un bien meilleur _destin.

» Le loup reprit: « Que me faudra-t-il faire? - Presque rien, dit le chien: donner la chasse aux gens Portant bâtons, et mendiants; Flatter ceux du logis, à son maître complaire: Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toutes les façons, Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse.

» Le loup déjà se forge une félicité Qui le fait pleurer de tendresse. Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé. « Qu'est-ce là? lui diHI.

- Rien.

- Quoi? rien? - Mais encor? - Le collier dont je suis attaché De ce que vous voyez est peut-être la cause. -Attaché? dit le loup: vous ne courez donc pas Où vous voulez? - Pas toujours; mais qu'importe? -Il importe si bien, que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.

» Cela dit, maître loup s'enfuit et court encor. 1. 2. 3. 4. 5. ■ Poli: au poil lustré qui caractérise les bêtes florissantes de santé. En quaniers : en pièces, en morceaux. Cancre: un misérable digne de mépris. Hère : homme qui est sans bien ou sans crédit.

On dit ordinairement« un pauvre hère ». Franche lippée : bon repas qui ne coût rien. Texte 4 : Maxime LÉRY, « Le Chat, le Loup et le Chien » (1937) Le loup hurlait, vive la liberté! Elle est mon plus bel apanage6 • Et le chien répondait: j'accepte l'esclavage Pour prix de ma sécurité. s Le chat les écoutait, caché dans le feuillage. li leur dit à mi-voix: « Noble loup, pauvre chien, Vos façons de juger sont lourdes, Vous ne comprenez rien de rien, En un mot, vous êtes deux gourdes. 10 Songez que moi, le chat, j'ai trouvé le moyen De garder mon indépendance Et de vivre avec l'homme en bonne intelligence. Il me sert mes repas, il m'apporte mon lait. Si j'autorise une caresse, 15 Je reste indifférent, lointain.

Pas de bassesse Je suis un chat, non un valet.

,, C'est merveilleux, pensa le loup.

En somme, Le serviteur du chat, c'est l'homme. 6.

Apanage : privilège. =:J ANALYSE DU CORPUS Les quatre textes qui composent notre corpus appartiennent au genre de la fable et s'inscrivent dans le cadre d'un double objet d'étude. D'une part, il s'agit d'une réécriture mettant en scène deux animaux, un loup qui revendique sa liberté, et un chien qui explique son choix de la sécurité.

D'autre part ce sont des fables qui relèvent des formes de l'apologue qu'il faudra analyser.

Les auteurs qui ont vécu à des époques différentes ont été volontairement influencés par ceux qui les ont précé­ dés.

On attribue à Esope, fabuliste grec (vn-v1e siècle av.

J.-C.) de courtes fables déjà connues à Athènes et qui mettent en scène des animaux. Il influença Phèdre, fabuliste latin (en Macédoine, v.

10 av.

J.-C. - v.

54 av.

J.-C.), affranchi d' Auguste.

À son tour, Phèdre enrichit la poésie latine d'une genre nouveau én écrivant 123 fables imitées d'Esope.

Les Fables de La Fontaine (1621-1695) sont un témoignage de sa dette à l'égard des Anciens et se donnent pour but d'instruire agréablement.

C'est donc au nom de tout cet héritage que Maxime Léry, dramaturge peu connu écrivit ses fables au xx.e siècle. Il ne faut pas perdre de vue que ce sujet demande de mobiliser ses connaissances concernant deux objets d'étude.

D'une part, l'apologue, l'une des farmes utilisées pour convaincre, persuader, délibérer, qui présente un récit imagé qu'il s'agit d'interpréter et d'autre part les réécritures qui mettent en évidence les caractéristiques du texte original comme celle de sa nouvelle version.

Les quatre textes de notre corpus constituent des fables, forme de l'apologue qu'il faudra définir; Aussi, chacun des textes est la reprise d'un texte qui le précède, et le grand principe d'écriture concerne autant le genre de la fable, que le motif du loup et du chien qui est ainsi mobilisé - TRAVAIL D'ÉCRITURE ■ Commentaire Analyse du sujet « Le loup et le Chien» représente une fable très connue de La Fon­ taine (1621-1695).

C'est en mars 1668 que paraissent un volume de 124 « apologues ésopiques mises en vers», enrichi d'illustrations de François Chauveau et réparti en six livres, dédiés au Dauphin, fils de Louis XIV.

Même si La Fontaine revendique sa dette à l'égard des Anciens comme Esope et Phèdre, il est intéressant de se demander dans quelle mesure il parvient à se détacher de cet héritage, pour mieux revendiquer sa propre écriture. Si cette fable, composée en vers obéit à uns structure traditionnelle, où la forme de l'apologue est importante, elle se caractérise également par son caractère pittoresque, son art du dialogue, et une écriture parti­ culière qui montre un auteur soucieux d'instruire et de charmer son lec­ teur tout à la fois. Plan I.

Une fable traditionnelle. II.- Uenrichissement de La Fontaine. m.

UAllégorie de la liberté du poète. ■ Dissertation Analyse du sujet Ce sujet porte sur un seul objet d'étude au programme: Les réécri­ tures, mais les quatre fables qui reprennent la même histoire entre un chien et un loup symbolisant l'opposition entre l'esclavage et la liberté, pourront faire l'objet d'une exploitation particulière.

Toutes les formes des réécritures sont envisagées, le pastiche, la parodie, les transposi­ tions.

Et cette question suppose de les définir précisément.

La réécriture ne saurait être qu'imitation, elle est aussi création.

Restent à définir les critères de cette création. Le sujet n'invite pas à la discussion, mais il demande de circonscrire les conditions qui font de la réécriture une création, c'est-à-dire à déter­ miner les critères qui font que deux textes peuvent apparaître comme dissemblables.

On choisira un plan thématique en trois parties qui recoupent les trois conditions trouvées. Plan I.

Le critère des formes de réécriture. Il.

Le critère du plaisir du lecteur. m.

Le critère du plaisir du lecteur. ■ Écriture d'invention Analyse du sujet Ce sujet prend appui sur la morale à deux voix de la fable de Maxime Léry; Il s'agit de deux conceptions de la vie qui s'affrontent. L'une la liberté, qui est vue comme l'apanage de (ce qui est constitué en propre, de droit) et l'autre, l'esclavage associé à la sécurité. Pour écrire ce dialogue - il faut posséder les codes de l'écriture d'un dialogue aussi bien dans le respect de sa forme que le respect du contenu : utilisation des tirets, du style direct; - ce sujet fait appel à l'argumentation dans la mesure ou il s'agit de trouver des arguments ou des contre-arguments pour défendre la posi­ tion soutenue par chacun des personnages, il s'agit de trouver des exemples qui permettent d'illustrer ces exemples; - il convient d'utiliser un registre de langue courant; · On pourra développer les arguments suivants en faveur de la liberté: - une vie sans contrainte; - une ouverture sur le monde et sur les autres; - une autre conception de la vie; - la liberté facilite la création; - la liberté n'a pas de prix On pourra développer les arguments suivants en faveur de la sécurité : - des repères précis; - profiter sans se disperser; - la sécurité permet d'être plus présent pour les autres; - la sécurité permet de réaliser ses projets; - la sécurité n'a pas de prix. CORRIGÉ =:.:::::J QUESTION Les quatre textes de notre corpus ont été écrits par quatre écrivains qui appartiennent à des époques différentes, mais le contenu de chacun de ces textes semble être la reprise de celui qui le précède.

On peut éta­ blir que le principe de réécriture consiste dans la reprise du genre de la fable, forme de l'apologue.

Il s'agit à chaque fois d'un court récit en prose pour Esope et Phèdre, en vers pour La Fontaine et Maxime Léry, qui met en scène des animaux, un Loup« d'une maigreur extrême» (Texte.... »

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