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LE DEVOIR ET LE BONHEUR La morale s'apprend-elle ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - Si l'on prend...

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« LE DEVOIR ET LE BONHEUR La morale s'apprend-elle ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - Si l'on prend en considération la biographie de l'individu, la réponse s'impose : l'enfant ne peut qu'apprendre la morale.

On peut s'appuyer à ce propos sur Montaigne ou Rousseau. - Les habitudes sociales de moralisation inclinent aussi à répondre affirmativement. - Ce que l'on peut alors mettre en question (cf Kant), c'est la portée d'un tel apprentissage : il pourrait ne mener qu'à une hétéronomie de la volonté, à une passivité qui laisse de côté l'intention du sujet.

Que lui opposer? ■ Pièges à éviter - Ne pas se contenter d'énumérer des arguments qui vont dans le sens d'une réponse positive. - Ne pas davantage objecter sans attendre l'interprétation kantienne : la notion d'un apprentissage possible mérite d'être analysée avec sérieux. - Ne pas multiplier inutilement des exemples anecdotiques sur l'en­ fance, qui viendraient se substituer à la nécessaire analyse. CORRIGÉ [Introduction] L'apprentissage de la morale dans la société, aussi bien ancienne que contemporaine, paraît si fréquent que se demander si la morale s'apprend peut sembler surprenant.

C'est qu'il s'agit d'interroger la portée d'un tel apprentissage : que nous apportent véritablement les leçons, les exemples qu'il est possible de proposer en morale? À quoi mènent-ils le sujet lui- même? Car s'il semble nécessaire de moraliser l'enfant dans la mesure où il est incapable de constituer la morale par ses seules ressources, on peut se demander si, au-delà de l'enfance ou de l'adolescence, l'apprentis­ sage ne devrait pas laisser la place à une démarche plus personnelle. [I.

La nécessité de l'apprentissage] Éduquer un enfant, c'est aussi lui donner des habitudes morales, des mœurs, c'est-à-dire le faire passer d'une spontanéité irréfléchie à une conscience des valeurs et de la qualité des comportements.

Dans la mesure où l'enfant - au sens large : l'individu jeune - ne peut par lui­ même réfléchir suffisamment, ou concevoir la portée morale des situa­ tions dans lesquelles il peut se trouver, parce que sa raison n'est pas encore suffisamment développée, il est obligatoire que les valeurs à res­ pecter lui soient apportées par une autorité extérieure. Cette autorité peut être celle d'un précepteur : c'est la version que pri­ vilégie Montaigne dans ses Essais; c'est encore celle qu'admet Rousseau dans Émile, où le précepteur, qui remplace les parents, a pour tâche, non pas comme on le dit volontiers en caricaturant quelque peu la pensée de Rousseau, de procéder à une éducation naturelle, mais de placer l'enfant dans des situations telles qu'il en vienne à comprendre le caractère obliga­ toire de certains comportements, et à retrouver ainsi, par ses propres réac­ tîons, les valeurs.

Ainsi, lorsqu'on constate que l'enfant a tendance à ne pas encore comprendre qu'il faut respecter le bien d'autrui, le précepteur n'hésite pas à piétiner les plantations que son élève a eu beaucoup de mal à faire pousser : ainsi le jeune esprit devra-t-il intérioriser l'idée qu'il ne doit pas détruire ce qui ne lui appartient pas. L'éducation parentale est aussi, ou devrait être aussi, une éducation morale, puisque c'est dans sa famille que l'enfant passe le plus de temps dans ses premières années.

L'organisation de la société assure ensuite le relais des parents par l'école, ou le catéchisme : il s'agit d'amener pro­ gressivement l'enfant à la connaissance de principes fondamentaux de la morale, dont on peut admettre que la version laïque ne diffère guère de la version religieuse.

Dans un tel processus, on recourt volontiers à des exemples « historiques » ou traditionnels, pour que l'enfant acquière des modèles de conduite et puisse ensuite leur être fidèle. [Il.

L'ambiguïté de l'obéissance] L'enfant est ainsi progressivement habitué à obéir à des lois ou à des maximes qu'il admet comme bonnes, en raison même des autorités qui les lui ont enseignées.

Les parents, les instituteurs, les prêtres sont a priori respectables et ont, d'une certaine manière, toujours raison.

La preuve en est qu'en cas de désobéissance, les sanctions ne tardent pas à survenir.

À l'enfant obéissant, les jouets, les «bons points» et les gâteries en tout genre (sans oublier les anciens prix de «bonne conduite» du système scolaire); au garnement, les fessées, l'eau et le pain sec, et les répri­ mandes...

Toute une imagerie un peu caricaturale participe aussi de I'édu­ cation morale, et ne fait que varier historiquement ou selon les milieux sociaux, lorsqu'aux Vzes des hommes illustres succède par exemple la comtesse de Ségur. On peut cependant faire remarquer qu'en fondant la morale sur l'obéis­ sance à un pouvoir, on risque de voir vaciller la première en cas d'éclipse du second : la «peur du gendarme» n'est guère efficace lorsqu'aucun bicorne ou képi n'est visible.

En termes plus sérieux : une morale simple­ ment apprise sous la pression d'une autorité extérieure, qu'elle soit per­ sonnelle, familiale ou sociale, peut ne pas être intériorisée sérieusement. On aboutit alors à un individu qui se conduit«bien» tant que quelqu'un peut le surveiller, mais qui, dès que la surveillance disparaît, oublie les leçons reçues et dérive vers le mal et l'immoralité.

C'est que dans l'obéis­ sance, sa volonté n'est guère en.... »

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