Le général Mohamed Zia Ul Haq, l'homme fort du Pakistan, prétend qu'il doit son pouvoir depuis 1977 à l'amour de...
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Le général Mohamed Zia Ul Haq, l'homme fort du Pakistan, prétend qu'il doit son
pouvoir depuis 1977 à l'amour de son peuple.
Faute de quoi, dit-il, "il m'aurait
renversé".
Il estime également que le Dieu tout-puissant lui est également
favorable, en lui permettant de servir l'islam.
Quels que soient ses droits divins, le maintien au pouvoir de Zia suppose
quelques explications.
L'armée, forte de 500 000 hommes, lui porte un soutien
enthousiaste.
Une puissante bureaucratie l'appuie.
Les vieux propriétaires
terriens féodaux et les nouveaux fermiers capitalistes, les industriels et les
grands entrepreneurs lui sont acquis.
Il en va de même des promoteurs, des
importateurs, des exportateurs, des spéculateurs fonciers, des contrebandiers.
Jamais auparavant ces groupes n'avaient fait preuve d'une telle sympathie envers
l'autorité.
L'armée a privé le peuple du droit de vote.
Celui-ci ne peut se rassembler ou
manifester pour faire entendre ses griefs.
Il ne peut pas davantage présenter de
pétition à un député élu, puisqu'il n'y en a pas.
Il lui est impossible de
s'adresser à un politicien, puisque les partis politiques et leurs activités
sont interdits.
Il ne peut faire confiance à la presse, contrôlée par le
gouvernement.
Il ne risque pas de demander réparation auprès des tribunaux
contre la brutalité et les exactions de la bureaucratie car la loi martiale nie
aux tribunaux toute compétence concernant les droits de l'homme.
Quant aux
syndicats, ils sont totalement paralysés.
Apathie et sentiment d'impuissance ont
donc continué à prévaloir au sein de la population en 1982, même s'ils
diminuaient quelque peu.
Une caractéristique fréquente des régimes autoritaires pakistanais,
indépendamment de leur couleur politique, reste leur attachement au statu quo et
celui du général Zia ne déroge pas à cette règle.
Le système foncier au Pakistan
n'a pas été modifié depuis l'époque où Raj a opéré quelques changements mineurs
au lendemain de sa victoire de 1840.
A l'exception des colonies du canal du
Pendjab, où de petites propriétés foncières sont apparues, le mode
d'exploitation dominant reste le métayage.
Les métayers pouvaient être expulsés
légalement - parfois même de leur maison - sur la seule volonté des
propriétaires terriens.
La situation légale des métayers n'est guère meilleure
aujourd'hui et l'amélioration de leur situation économique n'a été que
marginale.
Le seul changement significatif dans les campagnes a été l'apparition d'une
nouvelle aristocratie, constituée principalement de fonctionnaires et
d'officiers de l'armée.
On leur a accordé - ou pratiquement donné - des
propriétés de 40 à 200 hectares.
Ils cultivent leurs terres de manière
intensive, employant une main-d'oeuvre salariée et utilisant des techniques et
des équipements très modernes.
Ils sont les principaux bénéficiaires de la
"Révolution verte" dans l'agriculture, et le gouvernement leur accorde
généreusement subventions et crédits.
Dans le secteur industriel, la politique de Zia s'est soldée par un échec.
Sa
rhétorique en faveur de l'entreprise privée est sincère mais il a été incapable
de privatiser
maintenant en
chasse gardée
s'en défaire,
les industries que l'État avait nationalisées en 1972.
Organisées
d'innombrables entreprises d'État, ces industries sont devenues la
de la bureaucratie - principal appui de régime - qui répugne à
car elles lui permettent de s'enrichir facilement.
La direction politique demeure fermement aux mains des grands propriétaires
terriens.
Les commerçants se sont enrichis, mais leur influence politique reste
dérisoire.
Celle des industriels a également décliné.
Les origines sociales des
députés nommés au Parlement (Shoora) par Zia reflètent l'influence politique
relative de chacun de ces groupes.
Le régime de Zia Ul Haq offre tous les encouragements possibles aux
investisseurs potentiels: il garantit notamment qu'il n'y aura plus de
nationalisations et accorde des facilités pour tout nouvel investissement.
Mais
à l'exception de quelques industries du tertiaire qui se développent rapidement,
et de quelques affaires commerciales douteuses, ceux qui possèdent des capitaux
refusent d'investir.
Le taux réel de l'épargne a culminé pour l'année 1981-1982
autour de 5%.
La consommation tend à augmenter et un processus de
désindustrialisation s'est enclenché.
La politique économique suivie par le gouvernement, avalisée par le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, a ouvert la porte aux
capitaux privés étrangers ou nationaux.
Elle s'est également traduite par une
diminution des taxes sur les importations, par l'introduction d'un cours des
devises "réaliste", par la réduction de la masse monétaire, du déficit
budgétaire et autres recettes monétaristes.
Tout cela a permis au gouvernement
d'obtenir une aide étrangère pour l'achat de matériel militaire (ce qui ne
pouvait que ravir les généraux) et de biens de consommation durables livrés par
les pays fournissant cette aide.
Les importations pour l'année 1981-1982 ont atteint la somme de 5 525 millions
de dollars, contre 2 452 millions de dollars seulement pour les exportations,
soit moins de la moitié.
Le déficit de la balance des paiements a pu être réduit
grâce aux versements envoyés par les travailleurs émigrés.
Malgré tout, le
déficit reste supérieur à 1,5 milliard de dollars si l'on prend en compte le
remboursement de la dette.
L'année économique 1982-1983 s'annonçait désastreuse.
Face à une faillite
impossible à ignorer, Zia devait se plier aux désirs du FMI.
Il a d'ailleurs
mécontenté ce dernier en continuant de fournir des subsides à l'agriculture (ce
qui enrichit principalement....
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