Le héros romantique et le « mal du siècle » Textes d'appui: Musset, la Confession d'un enfant du siècle (texte...

« Le héros romantique et le « mal du siècle » Textes d'appui: Musset, la Confession d'un enfant du siècle (texte 1); Chateaubriand, René (texte 2); Hugo, Hernani (texte 4); Vigny, Chatterton �texte 7); Balzac, Illusions per­ dues (texte 8) ; Flaubert, l'Education sentimentale (texte 9). La notion de « mal du siècle » est étroitement liée à celle de« héros romantique» et indissociable d'une époque, c'est­ à-dire de circonstances historiques et d'un contexte social et culturel. C'est par un état douloureux d'incertitude et d'attente, d'espoir et de mélancolie que se caractérisent les« enfants du siècle».

Musset fait de cet ensemble d'états d'âme une analyse à la fois historique, psychologique et sociale.

Les manifestations de cette « maladie » apparaissent dans bon nombre de textes littéraires, chez les héros de Chateau­ briand, Balzac, Vigny, Hugo, Flaubert.

C'est à travers eux que l'on pourra, après avoir précisé les origines historiques du phénomène, donner les éléments qui permettent de le diagnostiquer. 1.

Les origines historiques du mal du siècle Dans la Confession d'un enfant du siècle, Musset analyse avec précision et lucidité, presque en sociologue, les facteurs qui peuvent expliquer la naissance de ce « sentiment de malaise», appelé« mal du siècle» ou« vague des passions» (Chateaubriand). • Une réalité sociale décevante Le texte 1 (Musset) insiste particulièrement sur le décalage entre les attentes de toute une génération et la réalité sociale et politique qui l'environne.

«Repos», «oisiveté», «ennui» sont les tennes qui caractérisent l'état de cette jeunesse qui avait rêvé d'héroïsme et de gloire dans le sillage de Napoléon.

Qµand Musset fait allusion aux « combats de gladiateurs» pour lesquels s'étaient préparés les jeunes gens nés avec le siècle, il rappelle la fascination qu'exerçaient alors Napoléon et ses conquêtes.

1815 et la chute du régime impérial font.

disparaître les rêves et réduisent à néant les ambitions.

Si l'on ajoute à cette inaction forcée l'image d'une société terne, triste et hypocrite(« La vie intérieure de la société prenait un aspect sombre et silencieux», texte 1), on comprend l'état de «misère insupportable» dans lequel se trouve la jeunesse de l'époque. Ce à quoi elle occupe son temps est en effet inefficace, improductif ou peu glorieux : libertinage cynique, recherche sans illusion et sans passion d'un emploi (« un état»), participation à des manifestations de rues sans lendemain. • L'incertitude de l'avenir L'insatisfaction permanente, le désenchantement qui font que ces jeunes gens sont dégoûtés de tout avant d'avoir vécu s'expliquent, selon Musset, par l'incertitude du monde dans lequel ils se trouvent jetés.

Un autre extrait de la Confession d'un enfant du siècle approfondit cette analyse et souligne le 66 l ► ' 1 ► l sentiment de déséquilibre né d'une époque qui constitue, historiquement, une charnière : « Trois éléments partageaient donc la vie qui s'offrait alors aux jeunes gens : derrère eux un passé à jamais détruit, s'agitant encore sur ses ruines[ ...

]; devant eux l'aurore d'un immense horizon, les premières clartés de l'avenir; et entre ces deux mondes [ ...

] je ne sais quoi de vague et de flottant.

» 2.

Les manifestations du « mal du siècle» t L'incertitude et l'amertume sont deux composantes essentielles du « mal du siècle», auxquelles il faut ajouter les élans passionnés et l'exaltation.

Ceux qui en sont atteints ont conscience d'une sorte de fatalité, mais trouvent aussi dans leur état, parfois, une jouissance complaisante. • Le désenchantement et l'ennui Ce sont là des termes récurrents*, que l'on peut regrouper sous le terme plus général de « malaise » employé par Musset (texte 1).

C'est un malaise à la fois moral et physique. Chateaubriand parle« d'incertitudes»(« l'automne me surprit au milieu de ces incertitudes», texte 2).

Musset insiste particulièrement sur l'inaction («oisiveté», «repos»). Avant sa rencontre avec Madame Arnoux, Frédéric Moreau (texte 9) jugeait son existence vide et sans but, monotone et inintéressante. L'élément commun à toutes ces manifestations est le sentiment persistant d'une sorte d'inexistence. • Les espoirs et les passions Le « mal du siècle» est un état cyclique, qui fait passer, de manière alternée, de l'abattement le plus morne à I' exaltation la plus violente.

Les héros romantiques connaissent des moments de violence.... »