Le langage dramatique 1 - LES PARADOXES DU LANGAGE THÉÂTRAL • Texte et parole « Le théâtre appartient-il à la...
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«
Le langage
dramatique
1 - LES PARADOXES
DU LANGAGE THÉÂTRAL
• Texte et parole
« Le théâtre appartient-il à la littérature? On peut se le
demander.
Avant tout il est le domaine de la parole - de la
parole en action -, il est d'abord un texte, dont les vertus
seront celles de toute chose écrite, mais ce texte est joué, c'est
à-dire vécu devant nous.
»
Gaëtan Picon.
Le statut du texte théâtral est un statut ambigu, puisque c'est un
écrit destiné à être parlé, ou, si l'on préfère, une parole d'abord
écrite, couchée sur le papier par un dramaturge, mais qui attend la
voix, le souffle, les intonations d'un acteur.
Un texte qui doit aussi,
plus ou moins, se faire oublier comme tel à la représentation pour
que soit préservée l'illusion d'assister à une véritable action, à un
drame authentique.
Un texte néanmoins qui peut également être
lu, à loisir, les grands écrivains de théâtre ayant eu à cœur de pro
curer au public des éditions complètes de leurs œuvres.
Entre
spectacle et lecture, le langage de la scène oscille ainsi de la
nécessaire efficacité dramatique à une réelle qualité littéraire, ou
plutôt doit satisfaire aux exigences des deux à la fois.
Dans le cas des tragédies antiques et classiques le paradoxe
est d'autant plus frappant qu'elles sont écrites en vers, à la dif
férence de la plupart des pièces modernes, en prose.
Une
«belle langue», versifiée, agrémentée de tous les ornements de
la poésie, paraissait indispensable à la noblesse du genre, à la
grandeur des personnages et des intérêts mis en cause, à la
solennité des représentations, à la fameuse «catharsis• (voir
« La cérémonie tragique», p.
94).
Dialogues et discours
On trouve dans les tragédies des échanges verbaux, en répliques
serrées, qui rappellent ceux de la vie quotidienne, et, en abon
dance, d'amples discours que l'on appelle des «tirades•, et qui
peuvent s'étendre sur des dizaines de vers.
Une "réplique», c'est tout à la fois l'action de répondre, et
chaque élément d'un vrai dialogue, dit par un acteur, quand le per
sonnage qui parle avant lui a fini de parler ou se voit interrompu.
Une «tirade» peut être aussi une réplique, sauf dans le cas du
monologue, mais sa longueur, puisqu'il s'agit d'une suite de vers
débités sans interruption, lui confère une sorte d'autonomie, un
air de discours, voire de «récitatif", qui fait presque penser aux
«grands airs» de l'opéra.
C'était, à l'époque classique, un mor
ceau de bravoure, fort apprécié des auteurs et des spectateurs.
Le goût du XVII' siècle pour la rhétorique, autrement dit l'élo
quence, l'art de bien parler, l'art d'argumenter et de persuader,
l'art aussi d'exprimer les passions - art bien connu des «hon
nêtes gens», puisqu'on l'enseignait, à partir des modèles
antiques, dans les collèges du temps-, explique que la tragédie
classique puisse donner l'impression d'être faite de discours
plutôt que d'action.
2 - LES FORMES DE L'ÉCRITURE DRAMATIQUE
L'alexandrin
Les tragédies françaises sont obligatoirement écrites en alexan
drins à rimes plates, avec alternance des rimes masculines et des
rimes féminines (celles-ci se terminant, plus harmonieuses, par un
e muet; par exemple, dans Horace, la rime «terre/guerre•, voir
p.60).
Le texte est comme une partition, que l'acteur doit exécuter
en tenant compte dans sa diction ou sa déclamation des particu
larités du mètre utilisé.
L'alexandrin est un vers de douze syllabes,
dont l'équilibre tient à la construction en deux «hémistiches» (ou
« moitié de vers») de six syllabes chacun, répartis de part et
d'autre d'une pause centrale appelée «césure».
Outre les deux
syllabes toujours accentuées, dites avec plus d'intensité, devant
la césure et à la fin du vers (avant le e muet final dans le cas de la
rime féminine), deux autres «accents" mobiles, à l'intérieur cha
cun de chaque hémistiche, viennent....
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