Le mouvement mondial qui, au début du XX• siècle, a bouleversé et renouvelé toutes les formes littéraires et artistiques a,...
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Le mouvement mondial qui, au début du XX• siècle, a bouleversé et renouvelé toutes les formes littéraires et artistiques a, bien entendu, touché l'Italie
(peinture de Giorgio De Chirico, 1912).
856 ASPECTS CONTEMPORAINS
DE LA LITTÉRATURE ITALIENNE
856.1 - GÉNÉRALITÉS.
A - L'ambiance politique et culturelle.
la République italienne, une nouvelle ère commence,
marquée par l'expansion industrielle de l'Italie du
Nord et, culturellement, par un essor brillant, en parti
culier dans le domaine du cinéma et de la littérature.
b) L'âge des revues.
a) Circonstances historiques.
Le XIXe siècle littéraire s'éteint avec les écrivains
professeurs : Giosuè Carducci, professeur d'éloquence
à l'université de Bologne depuis 1860, reçoit le prix
Nobel en 1906 et meurt l'année suivante; Giovanni
Pascoli, professeur à Messine, Pise et Bologne depuis
1895, reprend en 1906 la chaire d'éloquence laissée
par Carducci et meurt en 1912.
Mais déjà brille, depuis
quelques années, le nom de Gabriele d'Annunzio, avec
e siècle.
lequel nous entrons définitivement dans le
Meurtre du roi Umberto 1er (1900), guerre italo
turque (1912), intervention dans la Première Guerre
mondiale, triomphe et défaite du fascisme qui laisse
l'Italie exsangue en 1945, ces questions sont étudiées
au n° 945.2.
Après le référendum de 1946, instaurant
xx
Le premier tiers du XX• siècle a été, pour la littérature,
l'époque des combats et des écoles.
Les revues litté
raires vont donc jouer un rôle prédominant.
• Leonardo de Giovanni Papini (1881-1956)
et Giuseppe Prezzolini (né en 1882), paraît de 1903
à 1907.
C'est une revue individualiste, pragmatiste (il
s'agit de créer et non d'expliquer).
• la Voce (1908-1914), fondée à Florence par
Prezzolini, est aussi une revue pragmatiste, mais plus
concrète que le Leonardo.
Plus orientée aussi vers les
problèmes esthétiques, La Voce se présente en outre
comme une revue européenne.
Esthétiquement, la
doctrine de Prezzolini propose de renoncer à la rhéto
rique, à la littérature et d'adopter la poétique du cri
(voce = cri).
La Voce a été la tribune du mouvement
fragmentiste (voir ci-dessous).
• Lacerba (1913-191 5) est une revue plus
strictement littéraire fondée par Papini et Ardengo Sof
fici (1879-1964); elle deviendra la tribune du futu
risme (Marinetti, voir ci-dessous).
• la Ronda (1919-1923) est une revue ro
maine qui a groupé des écrivains comme Bacchelli,
Cardarelli, Cecchi, Baldini, etc.
Les « rondistes » - qui
furent souvent des « vocistes » assagis - proposent un
retour au classicisme, au formalisme, et condamnent,
en bloc, les excès du vérisme et de l'esthétisme en
littérature.
ainsi que, sur le plan politique, les excès du
nationalisme (dont le chantre est d'Annunzio).
Dans le sillage de la Ronda - mais avec des va
riantes politiques et esthétiques - se situent la revue
européiste Novecento (1925), de Massimo Bontempelli
(1878-1960), Salaria (1925) et Letteratura.
autour
desquelles s'est créé.
vers 1928.
un mouvement litté
raire cosmopolite.
B - Les grandes lignes de force.
a) Benedetto Croce.
Philosophe, historien, critique littéraire, Benedetto
Croce est né dans les Abruzzes en 1866; il est mort à
Naples en 1952.
Ses principales œuvres philosophiques
sont : un essai sur Hegel intitulé Ce qui est vivant et
ce qui est mort dans la philosophie de Hegel (Cio che
è vivo e cio che è morto nef/a filosofia di Hegel, 1907),
Philosophie de la pratique (Filosofia della pratica),
lconomie et éthique (Economia ed etica.
1909), Le
Caractère de la philosophie moderne (fi Carattere della
filosofia moderna, 1941 ), et des travaux sur Vico.
Ses travaux historiques sont notamment marqués par
son Histoire d'Italie de 1871 à 1915 (Storia d'Italia
da/ 1871 al 1915, publiée en 1915-1928).
Mais
l'œuvre fondamentale de Benedetto Croce, qui eut
aussi bien en Italie que dans les autres pays un reten
tissement considérable, est L'Esthétique comme
science de /'expression et linguistique générale (Este
tica corne scienza del/'espressione e linguistica gene
rale, 1902), à laquelle on peut relier Le Bréviaire d'es
thétique (Breviario di estetica, 1913).
Sur la littérature
il a écrit de nombreux ouvrages, et surtout de nombreux
articles dans la revue La Critica (1903-1944).
fondée
par lui.
L'idée essentielle de Benedetto Croce, en matière
d'esthétique, est la suivante : à la recherche historique
et érudite, dont le XIX• siècle avait abusé, il convient de
substituer une étude de l'art considéré comme un
phénomène en tant que tel (cette idée est liée à la
thèse de Vico que la poésie est l"expression nécessaire,
originale de la pensée humaine).
Mais, si cette idée
générale - en définitive peu nouvelle - méritait d'être
rappelée, on se doit de souligner le caractère stérile de
l'esthétique de Croce qui, en prenant le parti de la
poésie lyrique pure (attitude qui peut être rapprochée
de celle de Paul Valéry en France), méconnaît ou ignore
la poésie liée directement à la souffrance humaine, celle
d'un Baudelaire ou d'un Leopardi par exemple, ou
celle de Pirandello dans le domaine du théâtre.
On
comprend donc que ceux dont la destinée était non pas
de réfléchir sur la littérature mais de faire cette litté
rature, poètes ou prosateurs, aient été farouchement
« anticrociens »; c'est contre l'esthétique de Benedetto
Croce que sont dirigées les revues que nous avons
citées plus haut (en particulier Leonardo et La Voce).
b) La multiplication des écoles littéraires.
• L'activité littéraire a été particulièrement
intense en Italie dans le premier quart du siècle.
C'est
à cette période que remontent les principales écoles
littéraires : décadentisme, crépuscularisme, fragmen
tisme, futurisme, essentialisme, hermétisme, avant
gardisme.
• L'Italie fasciste a protégé le futurisme, qui est
d'ailleurs beaucoup plus un mouvement d'expression
plastique qu'un mouvement littéraire.
Si Dada possède
une composante italienne dans le domaine de la pein
ture (les peintres métaphysiques : Carrà, De Chirico),
l'Italie ignore l'expressionnisme (d'origine allemande)
et le surréalisme (d'origine française).
C'est d'ailleurs
une ignorance relative, car la censure mussolinienne ne
s'est pas exercée avec la même intensité que la censure
hitlérienne; quoi qu'il en soit, les dada et les surréalistes
italiens ne sont que de petits imitateurs.
Après la Seconde Guerre mondiale, le phénomène
le plus important de l'histoire de la littérature italienne
a été le développement du roman.
provinciales, étalent un sentimentalisme incolore, ino
dore et sans saveur.
Ils suivent, en somme, les doctrines
de Benedetto Croce dans leur recherche du lyrisme
spontané.
Bien que le terme « crépuscule » ait été em
ployé à propos de Marino Moretti, c'est Guido Gozzano
qui est le représentant le plus typique de cette « reli
gion » de l'intimisme.
• En février 1909 paraît le Manifeste futuriste
de Filippo Tommaso Marinetti (1876 -1942).
Avec le
futurisme, c'est non seulement l"éloquence de Carducci
et le décadentisme de d'Annunzio qui sont brutalement
rayés de la littérature, mais aussi l'expression littéraire
traditionnelle, héritage du passé (// passatismo : « le
passéisme ») et, par conséquent, les niaiseries crépus
culaires.
Si l'œuvre poétique de Marinetti reste mi
neure et repose trop souvent sur des procédés, on doit
souligner qu'en réclamant pour la poésie l'usage des
seuls matériaux que représentent l'analogie, l'image
(image explosive, dont la substance est à chercher
dans la vie moderne : poésie des machines), il fait
œuvre de précurseur.
Dada (voir 846.2, D), dont les
origines sont distinctes, a plus d'un point commun
avec le futurisme et, lorsque le mouvement prend son
essor à Zurich, certains ont pu croire, pendant quelque
temps, qu'il en était un prolongement.
Marinetti a réuni autour de lui, grâce à la force
convaincante de ses doctrines, des crépusculaires
comme Corrado Govoni et Aldo Palazzeschi ; il a re
cueilli l'adhésion à son mouvement de Giovanni Papini,
l'anticrocien par excellence, qui fit de sa revue, La
cerba, la tribune du futurisme.
• Les fragmentistes sont issus du mouvement
lancé par Giuseppe Prezzolini et le groupe de La
Voce.
Ils refusent la rhétorique, la grandiloquence, le
mysticisme et les mièvreries sentimentales, c'est-à
dire tout autant Carducci, d'Annunzio, Pascoli et le
crépuscularisme.
La poésie doit rechercher le fait
poétique dépouillé de son enveloppe littéraire, tel qu'il
apparait dans le « fragment lyrique ».
En marge de ce
mouvement, qui précède immédiatement la guerre
de 1914-1918, il faut citer des poètes et essayistes
brillants comme Giovanni Boine (1887-1917), Scipio
Slataper (1888-1915), Piero Jahier (1884-1966), et
le critique Renato Serra (1884-1915).
b) Après la Première Guerre mondiale.
• La tendance dominante de la poésie ita
lienne jusqu'à 1945 est celle qui apparait dans les
œuvres de poètes comme Giuseppe Ungaretti (18881970), Eugenio Montale (né en 1896) et Salvatore
Quasimodo.
Les influences agissantes sont celles de
Rimbaud, Mallarmé, Valéry, Leopardi.
Il s'agit d'une
poésie néo-symboliste, cherchant à exprimer, par le
jeu des analogies et des symboles, l'univers et la situa
tion de l'homme dans cet univers.
Elle rompt avec les
règles de la versification traditionnelle et débouche
sur une technique parfois hermétique (Montale).
On
a parlé à propos de cette école d'essentialisme, au sens
philosophique du terme.
F.T.
Marinetti (1876-1942).
• Après la Seconde Guerre mondiale, la poésie
italienne se tourne vers une vision plus réaliste, moins
cryptographique des choses.
Le mouvement se déve
loppe autour de la revue Il Politecnico, avec le roman
cier Elio Vittorini (1908-1966), le poète (et critique)
Franco Fortini (né en 1917), Giansiro Ferrata (né
en 1907), l'essayiste Carlo Bo (né en 1911).
Après 1950, la polémique contre l'hermétisme et la
poésie traditionnelle, éclairée par l'influence des cri
tiques français, ouvre la voie aux formes d'expression
antilittéraires, désacralisées (Pasolini}.
La poésie
expérimentale, inspirée du lettrisme ou du situatio
nisme (voir 846.2, F) reste à l'état de tentatives locales.
B - Les œuvres.
Le tableau n° 14 de l'Annexe donne une idée sché
matique de la répartition des principaux poètes italiens
du XX• siècle par « écoles ».
A vrai dire, cette classifi
cation est artificielle car, s'il existe des affinités, il n'y a
pas à proprement parler d'écoles poétiques.
La seule
exception est celle du futurisme.
Bien des poètes ont
été ainsi des crépusculaires, puis des fragmentistes ou
des hermétiques.
856.2 - LA POÉSIE AU XX e SIÈCLE.
A - Les grandes lignes de /'évolution.
a) Avant la Première Guerre mondiale.
• Les trois poètes qui dominent la fin du
XIX• siècle sont Carducci, Pascoli, D'Annunzio.....
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