Le multilatéralisme est tout autant souhaitable que l’unilatéralisme apparaît inévitable L’unilatéralisme est inscrit dans les jeux inégalitaires de la puissance....
Extrait du document
«
Le multilatéralisme est tout autant souhaitable que l’unilatéralisme apparaît
inévitable
L’unilatéralisme est inscrit dans les jeux inégalitaires de la puissance.
Pourtant, depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, s’affirme une
dynamique multilatérale, impliquant tant l’égalité des États que l’ouverture du
système international vers les sociétés, confortée aujourd’hui par la recherche
chaotique de formes de gouvernance mondiale.
Est multilatéral tout système dans lequel les acteurs (ici, essentiellement les
États) souscrivent, sur un pied d’égalité, à un ensemble de normes juridiquement
obligatoires, l’application de ces règles et le traitement des litiges pouvant
en résulter étant assurés par une ou des instances indépendantes.
Toute la
constellation onusienne - l’Organisation des Nations unies elle-même et les
institutions spécialisées l’entourant - s’inscrit dans cette vision
multilatérale.
Les États membres se lient librement par une série de principes
(notamment l’égalité souveraine des États, l’inviolabilité des frontières, le
règlement pacifique des différends...) ; tout État violant ces principes peut
être frappé de sanctions par les autres États participants et même être
contraint par la force armée à revenir dans le droit chemin.
Mais, l’univers
international étant toujours composé d’États souverains et inégaux en puissance,
le mécanisme de contrainte, le Conseil de sécurité des Nations unies, reste
dominé par cinq États, dotés d’un droit de veto et posés en 1945 comme plus
égaux que les autres - parce qu’étant reconnus comme les cinq principaux
vainqueurs de la guerre : États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France.
Le
multilatéralisme, philosophiquement égalitaire, ne peut faire abstraction de
réalités inégalitaires : les capacités militaires continuent d’être entre les
mains des États et d’être très inégalement distribuées.
Dans ces conditions, la
police se retrouve assumée par les plus forts.
Les acquis du multilatéralisme
Le multilatéralisme est la traduction dans les rapports interétatiques de deux
valeurs clés : l’échange et la démocratie, lesquels constituent les deux piliers
du système international voulu par les États-Unis à l’issue de la Seconde Guerre
mondiale.
Dans la perspective du libéralisme économique, développement
économique et multiplication des échanges sont inséparables.
Or, l’échange a
besoin de confiance, donc de règles claires à l’égard desquelles les parties
bénéficient d’un traitement égal, cette égalitéétant garantie par un ou des
organes supérieurs, habilités à trancher les litiges (ainsi de l’Organe de
règlement des différends [ORD] de l’Organisation mondiale du commerce - OMC).
L’échange appelle des droits identiques pour tous les États.
De plus, démocratie
internationale et démocratie interne sont de plus en plus ressenties comme
indissociables.
S’il peut exister des multilatéralismes régionaux (l’Union
européenne en étant le laboratoire), le multilatéralisme a bien pour horizon la
totalité de la planète : une règle, pour être efficace et légitime, doit être
appliquée par le plus grand nombre possible.
Depuis 1945, le multilatéralisme, quelles que soient ses énormes insuffisances,
est une incontestable réussite.
Bien sûr, l’ONU n’empêche pas la guerre entre
des États ou des peuples déterminés à la faire ; mais les États sont malgré tout
de plus en plus encadrés par le développement (certes très anarchique) des
dispositifs de surveillance : les autres États, les opinions publiques, les
organisations intergouvernementales ou non gouvernementales...
Quant aux
échanges, ils se sont accrus de façon spectaculaire.
Le système multilatéral ne
saurait que se renforcer : non seulement la contrainte remplace l’incitation (en
1995, l’OMC a remplacé le GATT [Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce] qui était un simple pacte de fait), mais encore la quasi-totalité des
États se rallie à ce système.
L’attitude des États-Unis
Face au multilatéralisme, l’unilatéralisme caractérise l’attitude d’un État qui,
profitant de sa supériorité ou de sa capacité à se soustraire à la loi
internationale, tente d’imposer unilatéralement sa volonté à un ou plusieurs
autres États.
Le terme «unilatéralisme» est suscité par des comportements
répétés des États-Unis, d’abord par la clause législative Super 301, votée par
le Congrès en 1988.
Aux termes de celle-ci, si les États-Unis constatent que
leurs exportations sont « pénalisées » par tel ou tel État, ils se considèrent
en droit de le frapper de mesures de rétorsion.
L’unilatéralisme des États-Unis
se manifeste surtout par leur refus d’être partie à d’importants dispositifs
multilatéraux, du traité interdisant les mines antipersonnel au projet de Cour
pénale internationale (CPI) [voir « L’émergence d’une justice pénale
internationale permet de réprimer les crimes les plus révoltants »], du
protocole de Kyoto sur la limitation des....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓