Devoir de Philosophie

LE MYTHE, LA SCIENCE ET LA PHILOSOPHIE Expliquer le texte suivant : Il est inadmissible de dire que la science...

Extrait du document

« LE MYTHE, LA SCIENCE ET LA PHILOSOPHIE Expliquer le texte suivant : Il est inadmissible de dire que la science est un domaine de l'activité intellectuelle humaine, que la religion et la philosophie en sont d'autres, de valeur au moins égale, et que la science n'a pas à intervenir dans les deux autres, qu'elles ont toutes la même prétention à la vérité, et que chaque être humain est libre de choisir d'où il veut tirer ses convictions et où il veut placer sa foi.

Une telle conception passe pour particulièrement distinguée, tolérante, compréhensive et libre de préjugés étroits.

Malheu­ reusement, elle n'est pas soutenable, elle participe à tous les traits nocifs d'une Weltanschauung 1 absolument non scientifique et lui équivaut prati­ quement.

Il est évident que la vérité ne peut être tolérante, qu'elle n'ad­ met ni compromis ni restriction, que la recherche considère tous les domaines de l'activité humaine comme les siens propres et qu'il lui faut devenir inexorablement critique lorsqu'une autre puissance veut en confisquer une part pour elle-même. FREUD 1.

Weltanschauung : vision du monde. La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.

Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension pré­ cise du texte, du problème dont il est question. COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - Freud affirme ici violemment une certaine intolérance de la science à l'égard d'autres disciplines (la religion ou la philosophie) qui préten­ draient s'occuper de domaines lui appartenant. - On pourra trouver des exemples de ces domaines dans la psychana­ lyse elle-même, puisque Freud la considère comme faisant partie de la science, mais on aura soin de ne retenir que ceux qui peuvent mettre en cause un conflit entre psychanalyse et philosophie, ou psychanalyse et religion. chaque domaine accédait à certaines formes de vérité et présentait une valeur propre, tout effort pour les hiérarchiser ne paraissant guère justifié. Une telle conception apparaît«inadmissible» à Freud, et il ne se prive pas d'ironiser à son propos : ne passe-t-elle pour«particulièrement distin­ guée, tolérante, compréhensive et libre de préjugés étroits» ? Ainsi, admettre cette possibilité de coexistence serait jouer les grandes âmes, qui prétendent faire la preuve de leur largesse d'esprit et se donnent un rôle avantageux.

La virulence dont il fait preuve peut d'ailleurs s'expliquer, au moins en partie, par le fait que, la science ayant elle-même progressé depuis Descartes ou Leibniz, le moment n'est plus à la tolérance, tout devant au contraire être mis en œuvre pour que les avancées puissent continuer sans rencontrer d'obstacles ou de freins. Sur ce point, l'expérience personnelle de Freud n'est peut-être pas négligeable : il est bien placé pour savoir que ses théories ne sont admises que comme des interprétations qui laissent la possibilité de philosopher sur des domaines qu'il a explorés, et que son explication de la religion par la recherche névrotique d'une image paternelle toute-puissante qui per­ mette d'affronter plus sereinement l'existence n'empêche pas grand monde de continuer à croire en Dieu.

On peut ainsi constater que, en dépit des enseignements de la psychanalyse, «chaque être humain [reste] libre de choisir d'où il veut tirer ses convictions et où il veut placer sa foi» ; mais au lieu de simplement le constater, Freud le déplore. [Il.

La science comme vision du monde] Là où l'on se contente le plus souvent de désigner une vision du monde «tolérante», Freud dénonce une vision du monde «absolument non scientifique» et particulièrement nocive.

En d'autres termes, on devrait admettre que le développement de la science est devenu tel qu'il rend désormais impossible toute vision du monde qui ne lui serait pas ordon­ née.

Il y a ainsi un choix radical à effectuer : ou bien on prend le parti de traiter tous les problèmes scientifiquement - et cela élimine les considéra­ tions philosophiques aussi bien que les croyances religieuses -, ou bien on prétend faire coexister les trois points de vue - et cela équivaut à com­ battre la science elle-même. En effet, dans ce dernier cas, on continue à considérer que les vérités scientifiques ne sont pas exclusives, et qu'il peut exister d'autres formes de vérité.

Ce à quoi Freud objecte que la vérité est unique - ce pourquoi elle ne peut être tolérante, ni admettre de compromis ou de restriction. Une découverte scientifique devrait en quelque sorte supprimer toute pos­ sibilité d'intervention pour la philosophie ou la religion sur le domaine qu'elle concerne.

Puisque, malgré tout, il arrive que philosophie et reli­ gion continuent à se mêler d'un tel domaine (des philosophes s'obstinent à parler de la conscience en termes pré-psychanalytiques, et il existe tou­ jours des prêtres !), la recherche scientifique doit devenir « inexorable­ ment critique» à.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓