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Le poi�t de vue de Sganarelle Acte Ill, scène 1 CONTEXTE Au moment où commence ce passage, Don Juan et...

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« Le poi�t de vue de Sganarelle Acte Ill, scène 1 CONTEXTE Au moment où commence ce passage, Don Juan et son valet Sganarelle ont déjà connu bien des mésaventures.

Don Juan a subi les reproches de sa femme abandonnée; tous deux ont failli se noyer suite à une tentative d'enlèvement manquée; Don Juan séduit deux paysannes qui se disputent son cœur; enfin, ils doi­ vent fuir à la nouvelle que douze hommes armés les poursuivent. Don Juan montrera par la suite qu'il est courageux mais, dans ce cas, estimant que la partie est trop inégale, il juge compatible avec l'honneur d'échapper par ruse au danger.

Il se déguise donc, abandonnant les beaux habits qui éblouissaient Pierrot pour un simple habit de campagne.

Sganarelle, de son côté, a revêtu un habit de médecin. L'acte m commence donc d'une manière tout aqssi surpre­ nante que l'acte II puisque le spectateur découvre mai"tre et valet dans une tenue tout à fait inhabituelle.

Sganarelle, rendu confiant et inspiré par son habit de médecin, se lance dans un plaidoyer qui devrait amener Don Juan à changer de vie. Ce dialogue permet à Molière de parodier le débat, très actuel de son temps, entre les dévots et les libertins, les partisans d'une religion qui glorifie l'ignorance et ceux qui prônent la raison critique. TEXTE DON JUAN: SGANAREllE: Ce que je crois? Oui. DON JUAN: Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. SGANARELLE: La belle croyance (et les beaux articles de foi) que voici! Votre religion, à ce que je vois, est donc l'arithmétique? Il faut avouer qu'il se met d'étranges folies dans la tête des hommes, et que pour avoir bien étudié on en est bien moins sage le plus souvent.

Pour 10 moi, Monsieur, je n'ai: point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m'avoir jamais rien appris; mais avec mon petit sens, mon petit juge­ ment, je vois les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons 15 n'est pas un champignon, qui soit venu tout seul en une nuit.

Je voudrais bien vous demander qui a fait ces arbres-là, ces rochers, cette terre, et ce ciel que voilà là­ haut, et si tout cela s'est bâti de lui-même.

Vous voilà vous, par exemple, vous êtes là: est-ce que vous vous êtes 20 fait tout seul, et n'a-t-il pas fallu que votre père ait en� grossé votre mère pour vous faire? Pouvez-vous voir toutes ces inventions dont la machine de l'homme est composée sans admirer de quelle façon cela est agencé l'un dans l'autre: ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, 25 ces ...

ce poumon, ce coeur, ce foie, et tous ces autres in­ grédients qui sont là, et qui ...

Oh! dame, interrompez­ moi donc si vous voulez: je ne saurais disputer si l'on ne m'interrompt; vous vous taisez exprès et me laissez parler par belle malice. s 30 DON JUAN: J'attends que ton raisonnement soit fini. SGANARELLE: Mon raisonnement est qu'il y a quelque chose d'admirable dans l'homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer.

Cela n'est-il pas merveilleux que me voilà ici, et que j'aie 35 quelque chose dans la tête qui pense cent choses diffé­ rentes en un moment, et fait de mon corps tout ce qu'elle veut? Je veux frapper des mains, hausser le bras, lever les yeux au ciel, baisser la tête, remuer les pieds, aller à droit, à gauche, en avant, en arrière, tourner.:. 4o Il se laisse tomber en tournant. DON JUAN: Bon! voilà ton raisonnement qui a le nez cassé. SGANAREILE: Morbleu! je suis bien sot de m'amuser à raisonner avec vous.

Croyez ce que vous voudrez: il 45 m'importe bien que vous soyez damné! MATÉRIAUX Civilisation ► Prouver l'existence de Dieu était une tâche que s'assignaient depuis long­ temps les théologiens et les philosophes. Descartes, par exemple, dans le Discours de la méthode (1637), avait avancé ce qu'on appelle l'argument ontologique: si nous avons en nous l'idée de perfection, elle ne peut y avoir été mise que par un être parfait, c'est-à-dire Dieu. Mais l'argument le plus fréquemment avancé était simple: puisqu'il n'y avait pas d'effet sans cause, il fallait bien que quelqu'un ait créé ce monde avec toutes ses merveilles. Voltaire reprendra, au siècle suivant, cette thèse du grand Architecte ou du grand Horloger: «L'univers m'embarrasse et je ne puis songer Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger.

» L'argument est donc considéré comme sérieux et avancé par les plus grands, Bossuet par exemple. Les libertins estimaient sans valeur cet argument.

Ils faisaient remarquer tout d'abord que cet univers émanant d'un être parfait et bon comportait bien de� imperfections.

Ils soulignaient aussi le vice du raisonnement: on com­ mençait par dire qu'il ne pouvait pas y avoir d'effet sans cause, et ensuite on inventait un effet sans cause que l'on appelait Dieu... Langue ► La machine de l'homme (1.

22): le mot «machine» n'a.é)lidemment pas son sens actuel.

Il a un sens proche d'organisation, de constitution.

C'est encore ce sens que l'on trouve dans les Lettres persanes quand le personnage de Montesquieu s'étonne de l'agitation des Parisiens: « Il n'y a point de gens au monde qui tirent mieux parti de leur ma­ chine que les Français.» Rien à voir avec les moyens modernes de transport comme on l'entend une fois sur deux. Descartes avait défrayé la chronique, quelques années auparavant, avec sa théorie des animaux machines.

L'homme était constitué d'une «machine» à quoi s'ajoutait l'âme.

Mais chez les animaux, seule la machine existait.

En conséquence, on pouvait en déduire que les animaux ne souffraient pas.

Cette thèse donna lieu à des polémiques auxquelles La Fontaine participa.

Au siècle suivant, faisant l'économie de l'âme, La Mettrie écrira L'Homme-machine. IDÉE DIRECTRICE ET MOUVEMENT DU TEXTE Tout en cheminant, Don Juan et Sga..narelle se sont lancés dans une dispute philosophique.

Ainsi Sganarelle apprend avec consternation que son maître ne croit à rien, ni à la médecine, ni à l'enfer, et même pas au Moine Bourru! Finalement, Don Juan affirme ne crire qu'à «deux et deux sont quatre...

et quatre et quatre sont huit».

Sganarelle entreprend donc de le ramener à des sentiments plus chrétiens, mais il s'enlise dans un galimatias qui tourne court. Le laconisme de Don Juan tranche sur la volubilité brouillon­ ne de Sganarelle. Le texte s'articule en trois grandes parties.

Dans un premier temps, poussé par son valet, Don Juan fait sa fameuse profession de foi qui tient en une seule phrase.

Sganarelle réagit par un vé­ ritable sermon que Don Juan écoute en silence jusqu'à ce que ce discours sombre de lui-même dans le ridicule.

Ce n'est qu'à ce moment que Don Juan tire plaisamment la conclusion de cette ambitieuse démonstration. Cette articulation ressemble donc à celle d'une dissertation: - introduction, mettant en place un problème; - développement; - conclusion. Mais, à la différence d'une dissertation, Sganarelle ne déve­ loppe qu'une seule thèse.

Dans son développement, il est pos­ sible de distinguer différentes phases. La démonstration de Sganarelle s'appuie sur une dénoncia­ tion des méfaits de l'instruction et de la science. • Dans un premier temps, après avoir plaisanté sur cette nou­ velle religion arithmétique, Sganarelle centre le développement sur lui («Pour ll1Qi Monsieur, je n'ai point étudié...»).

Le bon 'sens des ignorants est opposé aux égarements des gens instruits, Sganarelle étant le représentant de ce bon sens que n'a pas.... »

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