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Le président Ferdinand Marcos, au pouvoir sans interruption depuis 1965, s'est efforcé tout au long de l'année 1981 de rétablir...

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« Le président Ferdinand Marcos, au pouvoir sans interruption depuis 1965, s'est efforcé tout au long de l'année 1981 de rétablir une légitimité de plus en plus violemment contestée.

La "nouvelle société" promise lors de l'instauration de la loi martiale en 1972 a été passée par pertes et profits.

Réélu président pour six ans au mois de juin, Marcos promit alors une "nouvelle république", sans convaincre grand monde semble-t-il. L'année avait commencé par la levée de la loi martiale (en vigueur depuis neuf ans) et la libération de quelques prisonniers politiques.

Ce faisant, Marcos préparait la visite, en février, du pape Jean-Paul II dans la plus grande nation catholique d'Asie.

Il répondait aussi aux pressions des Américains qui, sous l'administration Carter, lui avaient souvent reproché son mépris pour les droits de l'homme.

Mais en vieux routier de la politique, Marcos avait pris soin, dès la fin 1980, de prendre les mesures légales qui lui permettaient de conserver tous les pouvoirs après la levée de la loi martiale.

L'opposition au régime avait dénoncé le caractère "cosmétique" du changement opéré. Ce "changement" s'est poursuivi en avril avec l'organisation d'un plébiscite, facilement remporté par Marcos, qui lui a permis d'amender la Constitution afin de pouvoir solliciter en juin un nouveau mandat (et au-delà, un autre mandat en 1987...).

Les élections présidentielles organisées le 16 juin ont vu sa réélection triomphale avec 88% des votes exprimés.

Il était à vrai dire le seul vrai candidat en lice: l'ensemble de l'opposition, des conservateurs aux communistes, avait refusé de se prêter à ce qu'elle considérait comme une farce électorale de plus, et avait appelé au boycott des élections. Le risque d'un succès de ce boycott a incité Marcos à avoir recours à tout un arsenal de procédés plus ou moins légaux (l'abstention était passible de peines de prison), moraux (elle était dénoncée comme un "péché mortel") ou policiers (découverte d'un "important complot" à la veille du vote).

De source indépendante, on estime cependant que plus de 30% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes pour ce premier scrutin "démocratique" depuis 12 ans. L'opposition en a immédiatement rejeté le résultat, ainsi que les offres du président réélu d'engager des discussions en vue d'une politique de "réconciliation nationale". La "démocratisation" du régime philippin a reçu en revanche la bénédiction satisfaite de l'administration Reagan, et le vice-président american Bush est venu à Manille féliciter Marcos pour son "respect des principes et du processus démocratiques".

Marcos a également reçu le soutien des pays de l'ASEAN (Association des nations d'Asie du Sud-Est), du Japon et de l'Australie, réunis en septembre à Manille pour un sommet présidé par le secrétaire d'État américain Haig.

L'évolution du régime Marcos a été applaudie avec encore plus de vigueur par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale: la réélection du président a été suivie en effet par la constitution d'un nouveau gouvernement dont le Premier ministre n'est autre que César Virata, représentant quasi officiel de la Banque mondiale aux Philippines, et présenté par certains comme successeur possible de Marcos - du moins si la flamboyante et ambitieuse Imelda Marcos, épouse du président, ne parvient pas à s'imposer en dépit de ses efforts. La satisfaction des États-Unis et des institutions internationales pourrait pourtant bien n'être que le résultat d'une politique à courte vue.

La réélection de Marcos a consommé la rupture entre le régime et une opposition au sein de laquelle les partisans d'une alternative démocratique et négociée avec l'appui des Occidentaux ont été considérablement affaiblis.

Cette opposition traditionnelle et modérée, qui émane de secteurs de la bourgeoisie écartés du pouvoir par le clan Marcos et dont le chef de file est l'ex-sénateur Aquino (en exil aux États-Unis), a perdu beaucoup de sa crédibilité, du.... »

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