Le Québec n'est, juridiquement, que l'une des dix provinces de la fédération canadienne, mais les Québécois francophones se considèrent comme...
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Le Québec n'est, juridiquement, que l'une des dix provinces de la fédération canadienne, mais les
Québécois francophones se considèrent comme une nation distincte de la nation canadienne et réclament
un statut conforme à cette définition.
L'égalité des deux nations se heurte cependant à l'égalité des
provinces, incluse dans la Constitution de 1982.
D'où la grave crise politique que connaît le Canada
depuis l'échec de l'accord du lac Meech, en juin 1990, qui visait justement à reconnaître le caractère
distinct du Québec.
En avril 1991, le gouvernement du Québec, au terme d'une large consultation, faisait connaître sa
nouvelle stratégie: il donnait au Canada une dernière chance de proposer un renouvellement du
fédéralisme canadien tenant compte des aspirations québécoises.
Si ces offres formelles se révélaient
satisfaisantes, elles seraient soumises à référendum au Québec avant la fin d'octobre 1992.
Sinon serait
organisé un référendum sur la souveraineté du Québec et, en conséquence, il y aurait rupture de la
fédération canadienne.
Telle est l'essence de la loi 150, adoptée par l'Assemblée nationale du Québec en
juin 1991.
Le gouvernement fédéral maugréa...
mais se mit au travail.
La première mouture des propositions
fédérales fut dévoilée en septembre 1991 et confiée à une commission parlementaire qui fit le tour du
pays pour recueillir les avis de groupes de citoyens, triés sur le volet, et qui remit le rapport BeaudoinDobbie au début de mars 1992.
Restait alors à intégrer les provinces dans le processus, et ces
discussions se prolongèrent jusqu'au 7 juillet.
Le Québec en fut formellement absent.
La quadrature du cercle
Ces discussions ont été singulièrement compliquées par la "nécessité" d'en arriver à une nouvelle
Constitution satisfaisante pour tout le monde, et non seulement pour le Québec.
Ainsi, les communautés
autochtones, réparties sur plus de 600 réserves et représentant 3% de la population canadienne, ont mis
à profit leur nouveau poids politique pour participer - pour la première fois de leur histoire - aux
négociations constitutionnelles, mais également pour faire reconnaître leur droit "inhérent" à se
gouverner elles-mêmes, à l'intérieur même du Canada.
Ce nouveau niveau de gouvernement remplacerait
le système archaïque en vertu duquel le gouvernement fédéral demeure le "gouverneur" des
autochtones.
Mais l'application concrète de ce nouveau principe a inquiété plusieurs provinces, dont le
Québec, qui était déjà indisposé par la campagne plutôt efficace menée par les autochtones de la baie
James (les Cris) contre le projet hydroélectrique de Grande-Baleine.
Par ailleurs, les provinces moins peuplées ont énergiquement réclamé un Sénat "triple E" (égal, élu,
efficace), ce qui signifierait une transformation radicale du Sénat canadien, la chambre haute du
Parlement, dont les membres sont nommés par le gouvernement fédéral.
Le principe de l'élection des
sénateurs au suffrage universel a été accepté, mais celui de l'égalité de chacune des dix provinces est
apparu hérétique aux deux provinces les plus importantes, l'Ontario et le Québec, du moins jusqu'au 7
juillet 1992.
Ce nouveau Sénat pourrait bloquer des lois adoptées par la Chambre des communes.
De plus, le Québec, même s'il a fait des concessions, a continué de réclamer, en plus de ce qu'il y avait
dans le défunt accord du Lac Meech, le rapatriement de plusieurs compétences exercées par le niveau
fédéral, bien au-delà de ce que le Canada anglais serait prêt à envisager.
Celui-ci a rejeté à la fois tout
affaiblissement significatif du gouvernement central et toute idée de "fédéralisme asymétrique".
C'était,
en somme, la quadrature du cercle.
Le Premier ministre canadien, Brian Mulroney, crut s'en sortir en
préparant le pays à l'idée d'une proposition constitutionnelle qui serait déposée unilatéralement par le
gouvernement fédéral et soumise à un référendum pancanadien.
Ce scénario misait sur la complicité du
gouvernement du Québec, qui aurait géré le volet québécois du référendum, à supposer que l'offre
fédérale fût "acceptable" au Québec.
La loi fédérale permettant la tenue de ce référendum n'a imposé
aucune limite de dépenses pour la campagne référendaire, et les forces fédéralistes québécoises se sont
préparées à axer leur campagne sur les retombées économiques négatives de la souveraineté
québécoise.
Du fait de son impopularité, B.
Mulroney se devait d'obtenir l'appui du principal parti de
l'opposition, le Parti libéral de Jean Chrétien, qui dominait dans les sondages à la mi-1992.
Il accorda
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d'autant plus son appui qu'il voulait régler cet épineux dossier bien avant les prochaines élections
fédérales, prévues avant décembre 1993.
Ce scénario n'était pas sans risque: la victoire au Québec ou dans l'Ouest canadien n'allait pas de soi.
Or
il se produisit, le 7 juillet 1992, un événement totalement imprévu qui bouleversa tous ces calculs.
Lors
d'une ultime séance de négociation réunissant le ministre fédéral responsable du dossier constitutionnel,
Joe Clark (Brian Mulroney se trouvant à Munich pour le sommet des sept pays les plus industrialisés),
tous les Premiers ministres provinciaux - sauf celui du Québec - et les chefs autochtones, le Premier
ministre de l'Ontario, Bob Rae, accepta une variante du Sénat "triple E", ce qui ouvrait la voie à un accord
global.
Le gouvernement fédéral et les neuf provinces du Canada anglais s'étaient mis d'accord sur une
nouvelle Constitution canadienne.
Cet accord comportait plusieurs éléments inacceptables au Québec (autochtones, Sénat,....
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