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Le rationalisme cartésien DESCARTES 1. Les principes. * René Descartes (1596-1650). ** Ce sur quoi re­ pose un édifice, ici...

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« Le rationalisme cartésien DESCARTES 1.

Les principes. * René Descartes (1596-1650). ** Ce sur quoi re­ pose un édifice, ici synonyme de prin­ copes. *** « Je comparais les écrits des an­ ciens (.

..) à des pa­ lais fort superbes et fort magnifiques qui n'étaient bâtis que sur du sable et de_ la boue.» (Dis­ cours de la Métho­ de, 1 re partie). **** Qui a l'appa­ rence de la vérité, mais qui peut être faux ; n'entraine pas la certitude. * Toutes les techn► ques0 • * Voir p.

59. * De telle façon. Ce que Descartes* reproche aux disciplines qui lui ont été enseignées, c'est d'abord de ne pas reposer sur des fondements** solides***, ensuite de se limiter au vraisemblable****.

La connaissance vraie doit au contraire commencer par la recherche des principes, puis en déduire des certitudes. « J'aurais voulu premièrement expliquer ce que c'est que la philosophie, en commençant par les choses les plus vulgaires, comme sont: que ce mot de philosophie signifie l'étude de la sagesse, et que par sagesse on n'entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l'homme peut savoir, tant pour la conservation de sa vie que pour la conservation de sa santé et l'invention de tous les arts*, et qu'afin que cette connaissance soit telle, il est nécessaire· qu'elle soit déduite des premières causes, en sorte que pour étudier à l'acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c'est-à-dire des principes ; .et que ces principes doivent avoir deux conditions, l'une, qu'ils soient.si clairs et si évidents* que_ l'esprit humain ne puisse douter de leur vérité lorsqu'il s'applique avec attention à les considérer ; l'autre, que ce soit d'eux que dépende la connaissance des autres choses, en sorte qu'ils puissent être connus sans elles, mais non pas réciproquement elles sans eux ; et qu'après cela il faut tâcher de déduire tellement* de ces principes la connaissance des choses qui en dépendent qu'il n'y ait rien en toute la suite des déductions qu'on en fait qui ne soit très manifeste.

» Descartes, Principes de la philosophie (préface) 2.

La raison . .Au début du Discours de la méthode, Descartes affirme l'égalité de droit de tous les esprits : ce qui signifie que nous possédons tous la raison (faculté de bien juger), mais non pas que nous en usons toujours correctement; d'où la nécessité de la méthode. « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée: car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'en ont.

En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien* juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on * Noter la synony­ mie de.« bon sens». « raison », « puis­ sance de bien ju­ ger ».

« puissance de.

distinguer le vrai d'�vec le faux». ** Par nature. nomme le bon sens ou la raison* est naturellement** égale en tous les hommes ; et ainsi, que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses.

» Descartes, Discours de la Méthode,§ I 3.

La méthode * Comparer avec le 1"' � de la Logique de Port-Royal : « La logique est l'art de bien conduire sa rai­ son dans la connais­ sance des choses ». Voir p.

65. ** Voir l'exposé des 4 règles de la mé­ thode (Discours 2' partie). Le sous-titre, trop souvent oublié, du Discours indique l'utilité et le but de la m�thode : « bien* conduire sa raison» et « chercher la vérité dans les sciences», l'un étant la condition de l'autre.

Pour découvrir la vérité, il ne faut pas marcher au hasard, mais suivre un ordre, une méthode**. Le premier procédé de recherche est l'analyse: il faut« diviser chacune des difficultés», c'est-à-dire ramener un problème complexe aux notions simples qui le constituent.

Ces notions sont simples parce que irréductibles à d'autres; elles sont entièrement et directement connues par intuition. « Par méthode j'entends des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles mais en accroissant progressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre. Toute la méthode consiste dans l'ordre et la disposition des choses vers lesquelles il faut tourner le regard de l'esprit, pour découvrir quelque vérité.

Or, nous la suivrons exactement, si nous ramenons graduellement les propositions compliquées et obscures aux plus simples, et si ensuite, partant de l'intuition des plus simples, nous essayons de nous élever par les mêmes degrés à la connaissance de toutes les autres.

>> Descartes, Règles pour la direction de l'esprit (4 et 5) « Par intuition j'entends, non pas le témoignage changeant des sens ou le jugement trompeur d'une imagination qui compose mal son objet, mais la conception d'un esprit pur et attentif, conception si facile et si distincte qu'aucun doute ne reste sur ce que nous comprenons ; ou ce qui est la même chose, la conception ferme d'un esprit pur et attentif, qui naît de la seule lumière de la raison et qui, étant plus simple, est par suite plus sûre que la déduction même...

» Descartes, Règles pour la direction de l'esprit (3) L'intuition, connaissance directe, immédiate qui « permet de recevoir une chose pour vraie» est la vision de l'évidence.

Une idée est évi­ dente lorsqu'elle est claire et distincte. • idée. * Le contenu de l'idée est entièrement con­ nu. « Ce que c'est qu'une perception* claire et distincte. Il y a même des personnes qui en toute leur vie n'aperçoivent rien comme il faut pour en bien juger ; car la connaissance sur laquelle on peut établir un jugement indubitable doit être non seulement claire, mais aussi distincte.

J'appelle claire* celle qui est présente et 59 * Noter l'image utili­ sée ici ainsi que plus haut l'emploi des ter­ mes « lumière de.

la raison» (la lumière permet de voir). ** On ne peut pas la confondre avec une autre idée. manifeste à un esprit attentif; de même que nous cirsons voir clairement* les objets lorsque étant présents ils agissent assez fort, et que nos yeux sont disposés à les regarder; et distincte**, celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle ne comprend en soi que ce qui paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut.

» Descartes, Principes (45) « (•••) je jugeai que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies.

» Descartes, Discours de la Méthode (4• partie) L'intuition seule ne suffit pas : la déduction est nécessaire parce que tout ne peut pas être connu directement.

La.

conclusion d'un raisonne­ ment mathématique n'est pas atteinte immédiatement, mais de façon discursive: par une suite de propositions qui s'enchaînent nécessaire­ ment les unes aux autres, une démonstration.

Ici également I' ordr(] est fondamental : chaque proposition doit être liée à celle qui précède et à celle qui suit. « On a déjà pu se demander pourquoi, outre l'intuition, nous avons ajouté ici un autre mode de connaissancè qui se fait par déduction, opération par laquelle nous entendons tout ce qui se conclut nécessairement d'autres choses connues avec certitude.

Mais il a fallu procéder ainsi, parce que plusieurs choses sont connues avec certitude, bien qu'elles ne soient pas elles-mêmes évidentes, pourvu seulement qu'elles soient déduites à partir de principes vrais et connus, par un mouvement continu et ininterrompu de la pensée qui a une intuition claire de chaque chose.

C'est ainsi que nous savons que le dernier anneau d'une longue chaîne est relié au premier, même si nous n'embrassons pas d'un seul et même coup d'œil tous les intermédiaires dont dépend ce lien, pourvu que nous ayons parcouru ceux-ci successivement, et que nous nous souvenions que du premier au dernier chacun tient à ceux qui lui sont proches.

» Descartes, Règles pour la direction de l'esprit (3) 4.

Les premières vérités « 11 fallait que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point après cela quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable.\> On le voit, le doute cartésien est totalement différent de celui des sceptiques« qui doutent pour douter» : son but est de trouver une première vérité.

Il s'agit d'un doute volontaire, provisoire, systéma­ tique « ( toutes les choses»), hyperbolique « ( considérer comme fausses toutes les choses dont on peut douter»). « Que pour examiner la vérité il est besoin, une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute autant qu'il se peut. Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte qu'il n'y a point d'apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de douter une fois en notre vie de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon d'incertitu­ de.» Descartes, Principes (F• partie,§ 1) « Qu'il est utile aussi de considérer comme fausses toutes les choses dont on peut douter. Il sera même fort utile que Q.OUS rejetions comme fausses toutes celles où nous pourrons imaginer le moindre doute, afin que si nous en découvrons quelques-unes qui, nonobstant cette précaution, nous semblent manifestement vraies, nous fassions état qu'elles sont aussi très certaines et les plus aisées qu'il est possible de connaître.

» Descartes, Principes (l'• partie,§ 2) a.

Le cogito. • Ainsi appelé, à cause de la for­ mule de Descartes Cogito, ergo sum (je pense, donc je suis). Descartes est ainsi amené à rejeter les données des sens (les sens nous trompent parfois), les raisonnements (nous faisons parfois des erreurs), toutes ses pensées (comment distinguer la veille du sommeil ?).

Au terme des démarches du doute.

Descartes rencontre aussitôt une première certitude: le cogito*. « Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.

» Descartes, Discours de la Méthode (4• partie) Il approfondit cette première vérité.

Après avoir établi quï/ est, Descartes se demande ce qu'il est: il identifie moi et âme; âme et pensée.

C'est la thèse du dualisme: l'âme est une substance entière­ ment distincte du corps. * Chose que l'on con­ çoit comme subsis­ tant par soi-même, voir p.48. ** Chez Descartes, nature et essence sont synonymes : ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est. *** Ne signifie pas « séparée en fait». mais « séparable par la pensée». **** Parce qu'elle est simple alors que le corps est une ma­ chine complexe, voir p.64. « Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais feindre que je n'avais aucun corps, et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun lieu où je fusse ; mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que je n'étais point (...) ; je connus de là que j'étais une substance* dont toute l'essence ou la',,ature* * n'est que de penser, et qui, pour être, n'a besoin d'aucun lieu, ni ne dépend d'aucune chose matérielle.

En sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte*** du corps, et même qu'elle est plus aisée**** à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est.

» Descartes, Discours de la Méthode (4• partie) « Mais qu'est-ce donc que je suis? Une chose qui pense. Qu'est-ce qu'une chose qui pense? C'est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent.

» Descartes, Méditations (2) b.

Dieu. * Cette preuve est ainsi appelée parce qu'elle se fonde di­ rectement sur la no­ tion d'être (to on, ontos, en grec). * Le terme indéfini est employé par Descartes pour dé­ sig�er ce · en quoi remar­ noùs ne qüons point de limi­ tes.

L'homme.

être fini par nature, ne peut pas compren­ dr� /'infini.

Le nom d'infini n'est em­ ployé, chez Descar­ tes que pour Dieu (voir Principes, 1 re partie§ 27). • Voir p.

60. La seconde vérité découverte par Descartes est l'existence de Dieu.

La plus célèbre des trois preuves, la preuve ontologique*, repose sur le raisonnement suivant: par définition l'être parfait est celui qUi possède toutes les perfections; or, l'existence est une perfection; donc l'être parfait existe. « Je voulus chercher après cela d'autres vérités, et m'étant proposé l'objet des géomètres, que je concevais comme un corps continu, ou espace indéfiniment* étendu en largeur et hauteur ou profondeur, divisible en diverses parties qui pouvaient avoir diverses figures et grandeurs et être mues ou transposées en toutes sortes, car les géomètres supposent tout cela en leur objet, je parcourus quelques-unes de leurs plus simples démonstrations.

Et, ayant pris garde que cette grande certitude que tout le monde leur attribue n'est fondée que sur ce qu'on les conçoit évidemment, suivant la règle que j'ai tantôt dite*, je pris garde aussi qu'il n'y avait rien du tout en elles qui m'assurât de l'existence de leur objet.

Car, par exemple, je voyais bien que supposant un triangle, il fallait que ses trois angles fussent égaux à deux droits, mais je ne voyais rien pour cela qui m'assurât qu'il y eut au monde aucun triangle ; au lieu que, revenànt à examiner l'idée que j'avais d'un Etre parfait, je trouvais que l'existence y était comprise en même façon qu'il est compris en celle d'un triangle que ses trois angles sont égaux à deux droits (...) ou même encore plus évidemment ; et que, par conséquent, il est pour le moins aussi certain que Dieu, qui est cet être si parfait, est ou existe, qu'aucune démonstration de géométrie le saurait être.

» Descartes, Discours de la Méthode (4• partie) c.

La matière. * La première est la substance pensante. ** Extension, syno­ nyme d'espace. « Il n'y a point de doute que tout ce que la nature m'enseigne contient quelques vérités.» En effet, si Dieu existe, il ne peut me tromper puisqu'il est parfait.

Donc mes perceptions ne sont pas des fictions mais viennent des objets du monde extérieur.

De même, par le plaisir, la douleur, le désir, ma propre nature m'enseigne que je suis lié à un corps.

Mais cette connaissance du monde extérieur, de mon corps, des choses matérielles donc, est en général confuse parce qu'elle vient des sens: je vois leur couleur, leur forme, leur volume même varier.

Toutes ces qualités ne constituent donc pas leur essence.

En revanche, toujours elles occupent un espace.

Il est donc possible de définir cette deuxième* substance:« l'essence de la matière est l'étendue**». « (...) La nature de la matière, ou du corps pris en général, ne consiste point en ce qu'il est une chose dure, ou pesante ou colorée, ou qui touche nos sens de quelque autre façon, mais seulement en ce qu'il est une substance étendue en longueur, largeur et profondeur (...) : d'où il suit que sa nature consiste en cela seul qu'il est une substance qui a de l'extension.

» Descartes, Principes (2, 4) •Cf.Lettre à Mersenne du.,s avril 1630· * Idées innées. En outre, nous pouvons maintenant distinguer trois sortes d'idées : les idées que nous formons nous-mêmes d'après le monde extérieur, les idées factices (une chimère, une sirène) et enfin les idées innées qui nous sont données par Dieu et qui, claires et distinctes, sont les éléments nécessaires à la connaissance des lois de la nature créées également par Dieu*.

Ces idées innées, fondement de la science, nous pouvons les connaître en faisant retour sur nous-mêmes, par la réflexion. « Je considère qu'il y a en nous certaines notions primitives*, qui sont comme des originaux sur le patron desquelles nous formons toutes nos autres connaissances.

Et il n'y a que fort peu de telles notions ; car, après les plus générales, de l'être, du nombre de la durée, etc., qui conviennent à tout ce que nous pouvons concevoir, nous n'avons, pour le corps en particulier, que la notion d'extension, de laquelle suivent celles de la figure et du mouvement ; et pour l'âme seule,.... »

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