Le romancier doit-il être nécessairement original ? Analyse du sujet et problématisation : Le sujet porte sur l’originalité du romancier....
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Le romancier doit-il être nécessairement original ?
Analyse du sujet et problématisation :
Le sujet porte sur l’originalité du romancier.
Le genre romanesque est un genre
littéraire aux contours flous caractérisé pour l'essentiel par une narration fictionnelle en
prose plus ou moins longue ayant pour objet la relation de situations et de faits
présentés comme relevant de l'invention même si l'auteur recherche souvent un effet de
réel.
Le terme « original » doit être ici envisagé dans ses différentes acceptions :
original désigne d’abord étymologiquement l’idée d’une origine ( un roman « original »
porterait donc la marque de son origine, c’est-à-dire de son auteur) ; original, dans un
sens second et courant peut évoquer la singularité d’une œuvre, son aspect novateur et
créatif.
Problématique : Un romancier doit-il absolument marquer sa singularité
dans son œuvre ? Tout roman doit-il renvoyer à son origine auctoriale ?
I)
Si un romancier ne traite pas nécessairement des sujets originaux
1)
Le romancier traite du monde qui l’entoure
La première source d’inspiration du romancier est souvent le monde qui l’entoure.
Il cherche à transmettre dans son œuvre la réalité de la façon la plus authentique
possible afin que le lecteur reconnaisse la réalité référentielle désignée par le récit.
Les
romans réalistes qui cherchent à décrire le réel de la façon la plus objective qui soi ne
traitent donc pas de sujets nécessairement originaux : le discours réaliste est un discours
persuasif : il cherche à produire l'illusion référentielle.
Le récit se veut conforme à la
réalité socio-culturelle du lecteur.
Il représente des objets, des personnes et des
enchaînements stéréotypés et attendus par l'énonciataire.
Il renvoie au contexte extralinguistique.
Il multiplie les procédés créateurs d'effet de réel.
Ex : La série des Rougon-Macquart regroupe un ensemble de vingt romans écrits
par Émile Zola entre 1871 et 1893.
Elle porte comme sous-titre « Histoire naturelle et
sociale d'une famille sous le Second Empire » témoignant de l’importance de la fonction
référentielle dans les romanes de cet ensemble : Zola veut y dépeindre la société du
Second Empire de la façon la plus exhaustive possible, en n'oubliant aucune des
composantes de cette société et en faisant une large place aux grandes transformations
qui se produisent à cette époque (urbanisme parisien, grands magasins, développement
du chemin de fer, apparition du syndicalisme moderne, etc.).
2)
Certains thèmes romanesques sont garants d’un succès du
romancier
Certains thèmes romanesques très utilisés, stéréotypés et devenus même des
clichés, sont souvent garant du succès du roman.
L’originalité thématique ne garantit pas
l’intérêt du lecteur pour un roman : au contraire, ce dernier semble rechercher certains
invariants dans une œuvre romanesque ; il apprécie une familiarité immédiate avec un
œuvre qui convoque des thèmes traditionnels du roman.
Ces thèmes romanesques sont
l’histoire d’amour(impliquant le « passage obligé » qu’est la scène de première
rencontre), la formation de l’individu, la confrontation avec la mort, etc..
Traiter un sujet
totalement « original », extravagant, c’est donc parfois prendre le risque de l’échec ou
d’une diffusion limitée vers un public d’intellectuels et de lecteurs avisés.
II)
C’est l’affirmation de sa singularité qui crée un auteur de roman
Comment s’affirme la singularité d’un romancier ?
1)
Le style, marque de la singularité
Le style du romancier apparaît comme la marque essentielle de sa singularité.
Un
romancier doit nécessairement faire preuve d’une originalité dans son écriture, d’un
« style » particulier qui le présente comme unique et immédiatement reconnaissable.
La
singularité, 'individuation du style en effet n'impliquent pas nécessairement une
subversion des règles d’écriture, mais au moins un certain degré de liberté dans la façon
de les assumer .
Avoir du style pour un romancier, c'est pour une œuvre la même chose
que pour l'individu avoir de la personnalité : s'affirmer comme être d'exception,
manifester sa différence.
Ex : Le style stendhalien caractérisé par les restrictions de champ et les intrusions
d’auteur ; le style proustien où la métaphore règne en maîtresse et qui se complaît dans
la digression.
Certains romanciers au style très marqué ont vu ce dernier passer dans le langage
courant sous la forme d’un adjectif : cf.
l’adjectif « rabelaisien » qui ne s'applique plus
guère à l'auteur dans le langage courant, mais qui désigne la gaieté truculente, voire
cynique et grossière que l'on trouve chez Rabelais.
2)
L’affirmation de la singularité du romancier passe par la vision
personnelle qu’il donne de la réalité
Chaque romancier voit la réalité au travers de sa personnalité et son roman devient
une stylisation de cette réalité.
Cf.
Zola dans Mes Haines : « une oeuvre d'art est un coin
de la création vu à travers un tempérament ».
à le romancier original est donc finalement
un artiste....
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