Le temps des présages Les bouleversements qui vont affecter les genres litté raires seront la conséquence de la profonde scission...
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Le temps
des présages
Les bouleversements qui vont affecter les genres litté
raires seront la conséquence de la profonde scission que la
guerre imprimera dans l'évolution des goûts et des
mœurs.
De 1900 à 1914, le x1x' siècle se prolonge tandis
que le xx• demeure à l'état de présages.
Les chemins de la poésie
En 1900, deux mouvements poétiques sont encore très
vivaces : le Parnasse (Leconte de Lisle, Sully Pru
dhomme et José Maria de Heredia); et surtout le
Symbolisme (Baudelaire, Verlaine et Mallarmé).
A l'inverse des Romantiques, qui livraient volontiers
les angoisses et les voluptés de leur cœur, les Par
nassiens 1, s'interdisant toute expression de sentiments
personnels, préféraient une inspiration savante servie par
une forme exigeante et raffinée.
Les Symbolistes, par réaction, avaient revendiqué les
droits de la sensibilité, de l'émotion, du rêve, et s'étaient
1.
Du nom d'une montagne de la Grèce consacrée à Apollon et aux
Muses.
affranchis des contraintes d'une versification gumdée, au
profit de la fluidité et de la nuance.
« De la musique avant
toute chose», préconisait Verlaine.
Les derniers échos du Parnasse
C'est un Grec exilé à Paris, Jean Moréas 1 {1856-1910),
qui clôt le mouvement parnassien avec des Stances
(1899-1901) écrites sur le modèle des poèmes antiques.
Cette nostalgie de la mythologie et de la beauté
helléniques s'illustre dans les œuvres de Pierre Louys
(1870-1925) qui mystifie les érudits en inventant une
poétesse grecque, auteur des Chansons de Bilitis (1894),
charmants petits poèmes en prose un peu maniérés.
Ami
de Heredia, de Mallarmé, de Gide, Pierre Louys est
activement mêlé à la vie littéraire de son temps.
Il décrit
les mœurs antiques dans Aphrodite (1896) et laisse un
conte libertin, alerte et raffiné, les Aventures du roi Pausole
(1901).
Ce retour aux sources antiques marque aussi la
prose.
Sur les traces d'Ernest Renan, qui avait éprouvé
devant le Parthénon en 1860 la révélation du génie grec,
Charles Maurras (le Voyage d'Athènes) et Maurice Barrès
{le Voyage de Sparte) précèdent tous ceux qui, de Cocteau à
Giraudoux et de Valéry à Marguerite Yourcenar,
puiseront dans cette innombrable réserve de mythes et de
préceptes que constitue l'Antiquité.
Les derniers feux du Symbolisme
Quelques poètes illustrent encore les thèses du Symbo
lisme au-delà de 1900.
Les écrivains belges d'expression
française, Emile Verhaeren et Maurice Maeterlinck,
1.
Jean Papadiamantopoulos emprunte son pseudonyme à la
Morée, dénomination ancienne du Péloponnèse.
transfigurent tous deux la réalité.
Tandis que Verhaeren
donne une image frénétique de la société industrialisée,
Maeterlinck se réfugie dans le rêve et dans l'étrange.
Francis Jammes cherche l'évasion dans l'émotion quoti
dienne.
Emile Verhaeren (1855-1916) brosse dans les Forces
tumultueuses (1902) un tableau du monde contemporain.
Séduit par le socialisme, c'est une sorte de Zola de la
poésie, qui avait naguère décrit dans les Campagnes
hallucinées (1893) et dans les Villes tentaculaires (1895)
l'exode de la terre abandonnée vers les banlieues noires et
surpeuplées.
Les horizons d'usines, les rougeoiements des
forges, les eaux glauques des canaux, trouvent en lui le
porte-parole convaincu....
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