Le terme même de dénouement éclaire sur sa fonction : la scène du dénouement est chargée de "dénouer" l'intrigue qui...
Extrait du document
«
Le terme même de dénouement éclaire sur sa fonction : la scène du dénouement est
chargée de "dénouer" l'intrigue qui a été présentée et qui s'est compliquée tout au long
de la pièce.
Elle a une fonction dramatique évidente.
A ce premier niveau se superpose
un niveau symbolique : quel sens l'auteur a-t-il voulu donner à sa pièce? La question du
sens est problématique dans le cas du théâtre : c'est en effet un genre qui est par
définition polyphonique, c'est le genre où l'auteur est le plus discret, puisqu'il s'éparpille
en divers personnages qui ont tous la parole.
C'est pourquoi la scène finale prend une
grande importance : l'auteur y montre à qui il décide de donner le "dernier mot".
Faut-il
pour autant se fier uniquement au dénouement? Et admettre que toute la pièce tourne
autour de la scène finale?
I.
Un lieu privilégié pour délivrer le message principal de l'auteur
_ Dans ses Discours sur le poème dramatique, Corneille émet l'idée que le destin des
personnages, dans les tragédies, doit avoir une portée morale : la mort de Cléopâtre
dans Rodogune a un sens, elle est destinée à montrer qu'un personnage animé par une
passion noire (l'amour du pouvoir, en l'occurrence) ne parvient qu'à provoquer sa propre
destruction.
_ Cas particulier des "pièces à thèse" au XXe siècle : .Ainsi dans sa pièce Le malentendu,
Camus met en scène une mère et ses filles qui tiennent une auberge et tuent et
détroussent leurs clients.
Par erreur, elles tuent ainsi leur propre fils sans le reconnaître,
puis découvrent son identité et leur crime.
La dernière scène montre Maria, une des
filles, qui se tourne vers leur serviteur, "Le vieux" et lui demande de l'aide, qu'il lui
refuse.
Le "vieux" est ici l'image de Dieu, et ce dialogue final montre le caractère absurde
et désespéré de la croyance religieuse.
Il résume en une image forte le message global
de la pièce.
II.
Le choix du dénouement participe aussi d'un jeu avec les codes théâtraux et
avec le lecteur
_ Le dénouement des comédies est codifié : il est préférable que la pièce se termine dans
une tonalité d'allégresse générale (que tout le monde soit satisfait) et très souvent par
un mariage : une très grande partie des comédies de Molière se termine par le mariage
des amants qui semblait d'abord impossible (L'école des femmes, Tartuffe, Le médecin
volant...) le dénouement de L'avare est caractéristique : le mariage final de Cléante et de
Marianne n'est dû qu'à un coup de théâtre qui dévoile que Marianne est la fille
d'Harpagon, et qu'il ne peut donc se marier avec elle.
Ce deux ex machina paraît un peu
forcé, mais permet l'heureux dénouement.
Mais il semble que le sens véritable de la
pièce soit dans la peinture du caractère obsessionnel de l'Avare, et de sa monomanie
destructrice et presque tragique.
Le dénouement allègre pourrait presque paraître
discordant par rapport aux accents grincants....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓