Le thème de l'argent Le testament qui enrichit Jean introduit dans le roman l'équivalent d'un coup de théâtre. li met...
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Le thème de l'argent
Le testament qui enrichit Jean introduit dans le roman l'équivalent
d'un coup de théâtre.
li met également à nu les mensonges conju
gaux, la rivalité des frères, l'absence d'unité familiale...
En faisant
tomber les masques, l'argent révèle le fonctionnement de la société
et le vrai visage de l'homme.
LE SEUL LIEN ENTRE LES ÊTRES
Dans Pierre et Jean, chacun, enfermé en lui-même, vit à l'écart
des autres.
L'argent est ici le seul lien qui existe entre les êtres.
Mais
il s'agit d'un lien négatif.
Ainsi, la famille Roland ne se trouve soudée qu'à l'annonce de
l'héritage.
Tous font alors bloc et se détournent de Mme Rosémilly.
À
aucun autre moment les Roland ne sont aussi solidaires, ni aussi
jaloux de leur intimité : « ils demeuraient [..•] un peu ennuyés tous les
quatre d'avoir invité cette étrangère qui gênerait leur discussion et
les résolutions à prendre » (p.
76).
À cet instant sans doute, les
membres de la famille sont unis : la cupidité les rapproche.
L'argent régit aussi les relations entre hommes et femmes.
Pierre
n'a connu dans sa jeunesse que « des liaisons de quinzaine, rom
pues quand était mangé l'argent du mois» (p.
101).
La gêne met fin
à ces aventures que seul l'argent avait favorisées.
Un geste de Pier
re, lors de sa seconde visite à la brasserie, est symboliquement très
fort.
li y a beaucoup de clients ce soir-là.
La serveuse ne lui accorde
aucune attention.
Las d'attendre, Pierre se manifeste comme il
convient : « li finit par frapper la table d'une pièce d'argent.
Elle
accourut» (p.
208).
Cette scène en dit long sur le type d'intérêt que
la serveuse lui porte.
Mais Pierre lui-même ne sépare pas l'amour et
l'argent.
Quand il regarde la jeune femme, il la trouve
sentant le peuple
»
«
commune,
(p.
103).
Il songe que seul l'argent fait naître
l'amour : « Les femmes, pense-t-il, doivent nous apparaître dans un
rêve ou dans une auréole'de luxe qui poétise leur vulgarité» (p.
103).
La confusion entre amour et argent n'est pas seulement le lot des
.
amours de rencontre.
Le mariage de Jean et de Mme Rosémilly est
également scellé par l'intérêt.
Jean ne fait sa demande qu'après un
minutieux calcuI1 dont la conclusion est très concrète :
«
La fortune
était donc à peu près équivalente, et la jeune femme assurément lui
plaisait beaucoup» (p.
157).
L'ordre des deux propositions n'est pas
innocent.
Le chemin du cœur passe par l'argent.
L'êTRE ET L'AVOIR
L'argent est plus qu'un moyen d'échange avec les autres.
Il détermine l'identité des êtres.
L'argent apparaît dans la rêverie des personnages comme la
condition de la réalisation de soi.
Pierre comprend que le dénuement
condamne tous ses espoirs et murmure avec une sincérité désespérée : « Cristi ! Si j'avais de l'argent » (p.
100).
Pour lui, la fortune permet aux êtres de révéler leur vraie nature : « Pour les médiocres, élle
n'était qu'une cause d'abaissement, tandis qu'elle mettait au contraire un levier puissant aux mains des forts
»
(p.
98).
Au fond, l'argent
servirait à montrer qui nous sommes.
Étrange sagesse !....
»
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