LE TRAVAIL « J'ai toujours regardé le travail comme la plus grande des consolations pour les malheurs inséparables· de la...
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«
LE TRAVAIL
« J'ai toujours regardé le travail comme la plus grande des consolations
pour les malheurs inséparables· de la condition humaine.
» Ce propos de
Voltaire illustre bien l'avènement d'une nouvelle morale qui, au XVIIIe siècle,
se substitue à la tradition aristocratique, pour qui le travail est méprisable et
abandonné aux couches inférieures de la population.
Le développement
économique et social, à cet instant de l'histoire, porte une nouvelle classe
sociale au pouvoir: la bourgeoisie, dont /'éthique repose sur le mérite et le
labeur.
• Émergence de la notion
A.
Smith, à la même période, joue un rôle de précurseur, en notant, contre
la plupart des économistes de son temps, l'importance du travail dans la
richesse d'une nation et, en le dégageant comme une catégorie abstraite de
différentes formes concrètes, qu'il revêt ·dans la réalité.
On croyait, en effet,
communément que la source de la richesse était constituée par la quantité
de métaux précieux détenus par.
la communauté.
Avec Hegel, le travail devient un concept central.
Pour lui, il n'existe pas
d'essence stable et immuable de l'homme.
Celui-ci se fait, se construit et tend
vers sa réalisation par une pratique.
La célèbre dialectique du maître et de
l'esclave offre une illustration théorique de cette idée.
A l'origine, l'affronte
ment des consciences, dans leur désir d'être reconnues 'par l'autre, n'a d'issues
que dans la mort ou l'acceptation par le vaincu de la volonté du vainqueur.
Celui-ci fait travailler à son profit son adversaire devenu son esclave.
Mais
cette situation initiale se modifie parce qu'au contact de la nature et par le
biais du travail qu'il est contraint d'exercer, il expérimente sa maîtrise et prend
conscience de lui-niême.
A l'inverse, le maître s'enferme dans une contradic
tion insoluble; condamné à l'oisiveté, reconnu par une conscience qui s'est
niée elle-même en acceptant d'être asservi, il est destiné à dégénérer.
L'histoire, à la longue, entraîne le renversement du maître par l'esclave, devenu
conscient de sa propre identité.
Cette genèse montre bien que, pour Hegel, le travail devient un élément
fondamental du développement humain.
Marx reprend cette analyse, et veut
la dépasser : pour lui, le travail est, dans sa forme la plus générale, un rapport
entre l'homme et la nature, conçu comme une mutuelle transformation.
Par
son action, l'homme maîtrise progressivement la nature, mais en retour, il
développe ses propres potentialités et s'arrache au monde de f'impensé pour
accéder à la conscience de soi.
Cette mutation est capitale, car elle constitue
le caractère proprement humain du travail, qui le différencie radicalement de
l'activité animale: « Ce qui distingue, dès l'abord, le plus mauvais architecte....
»
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