L'ÉCOLE DES LÉGISTES (FAJIA-ÉCOLE DE LA LOI) On les appelle aussi «réalistes» entendant évidem ment par là non seulement des...
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L'ÉCOLE DES LÉGISTES
(FAJIA-ÉCOLE DE LA LOI)
On les appelle aussi «réalistes» entendant évidem
ment par là non seulement des hommes plus préoccu
pés du réel tel qu'il s'appréhende utilement que de la
quintessence des êtres et des choses, mais encore des
hommes plus soucieux d'efficacité et de rendement
que de beaux principes et de belles légendes au nom
desquels on juge le présent sans parvenir ni à le
prendre en compte ni surtout à le corriger.
Au fond, ce
qui exaspère un «réaliste» de tout temps est le fait
qu'un moraliste aura toujours raison puisque son dis
cours est «imparable»: si la situation est ce qu'elle
est, c'est parce que les hommes, du simple particulier
au souverain, ne respectent pas les vertus et les rites.
Les respecteraient-ils, à commencer bien sûr par le
souverain dont l'exemple rayonne, que le monde
serait dans la grande paix.
Tant qu'il ne l'est pas, il
n'y a d'autre raison à chercher que ce non-respect.
Les
moralisateurs font partie de cette grande famille des
nyaka: il n'y a qu'à pratiquer bienveillance et justice
et à se conformer aux rites.
Un nyaka a toujours raison
puisque la réalité ne saurait avoir prise sur lui, encore
moins lui donner tort.
A la limite l'ordre étant toujours
du côté du«bien», et tout désordre du côté du«mal»,
le fait même qu'il y ait désordre est à mettre au
compte du mal, le bien étant par définition indemne de
toute accusation, qu'il réussisse ou échoue.
Un «réaliste» aborde le problème d'une tout autre
façon.
Il n'y a pour lui ni traditions, ni principes qui valent
par eux-mêmes, mais une seule question : que faire
avec les moyens du bord pour que cela fonctionne.
Dans le monde tel qu'il existe actuellement, quelle est
la nature concrète du problème et qu'elle est sa solu
tion concrète.
Dans cette Chine, en proie aux concurrences d'au
torité et de pouvoirs, aux concurrences d'opinions et
de voies (dao), la nature du problème était pour eux
fort simple : comment supprimer toutes ces concur
rences qui empêchent toute union efficace, tout rende
ment profitable.
La solution, ou en tout cas une solution imaginable,
était, comme souvent en ce cas : instaurer l'union du
pouvoir et de l'idéologie, l'unité, l'unification.
Contre
les vœux pieux de belles âmes impénitentes confites
en rites et nostalgies passéistes, contre les pouvoirs
locaux aux intérêts limités et concurrents, préconiser
l'efficacité d'un pouvoir et d'une loi unique pour tous.
La stratégie mise en place est connue et n'a pas
beaucoup varié, jusqu'à aujourd'hui: diviser pour l'em
porter; ensuite, l'ayant emporté, imposer par récom
penses et châtiments une même loi pour tous (et ce
qu'il faut faire et ce qu'il faut dire); finalement, la loi
étant«intériorisé�», n'avoir (presque) plus besoin de
recourir aux châtiments, la transgression étant hors
prix et la «paix» tellement commode.
«Admirable»
programme de tous les «totalitaires» qui prétendent
tous connaître la«nature humaine» et veulent le bien
du peuple, fût-ce contre lui-même, car bien sûr le
peuple a courte vue et est toujours prêt à perdre au pré
sent son intérêt lointain.
On connaît l'antienne, elle est
de tous les temps, de tous les pouvoirs forts.
Elle n'est
pas pour autant· sans pertinence quand le désordre est
tel, telle la discordance des voix et des voies, tel le
vacarme des armes, que tout semblant d'ordre ne peut
que mieux valoir.....
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