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Leibniz (1646-1716) DE LA FORCE À l:ESPRIT L e grand dessein de Leibniz est de réconcilier les opposés : dans...

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« Leibniz (1646-1716) DE LA FORCE À l:ESPRIT L e grand dessein de Leibniz est de réconcilier les opposés : dans chaque système il « prend le meilleur » ; de toutes les phi­ losophies, il montre à lafois la part de vérité, les limites et la mutuelle complémentarité.

Ainsi, s'il est vrai que l'on peut expliquer le vivant par des raisons mécaniques (Descartes), on ne doit pas oublier que le mécanique est subordonné à une fin, et organisé par un principe imma­ tériel qui le porte : l'âme (Aristote).

S'il est vrai que l'expérience nous instmit (Locke), il ne faut pas oublier le rôle des idées innées (Descartes), quiforment l'armature d'une connaissance organisée. 1.

De la physique à la métaphysique ----------------------------A.

Critique de Descartes 111 Les recherches de Leibniz en sciences physiques le conduisent à criti­ quer la conception cartésienne de la matière.

La substance corporelle ne se réduit pas à l'étendue, c'est-à-dire à la simple propriété d'être située dans l'espace et d'en occuper une partie. ■ Car si la matière«prend de la place», c'est d'abord qu'elle résiste, exerce une puissance, une sorte d'effort.

L'extension dans l'espace, à laquelle on voulait la réduire, présuppose une action.

L'étude de la chute des corps, à la suite de Galilée, confirme cette idée.

Il faut admettre dans les corps quelque chose d'invisible- différent de la masse et de la vitesse - qui explique leur virtuelle puissance d'agir : la force. ■ Ainsi l'explication des phénomènes matériels fait-elle intervenir une cause immatérielle.

C'est la force qui constitue l'essence intime des corps, dont l'extension spatiale n'est que le déploiement.

La science elle-même découvre ainsi le«méta-physique»• au cœur du physique•. B.

L'exigence d'une unité véritable ■ L'idée de force permet également de résoudre le problème de l'unité des corps.

L'étendue étant divisible à l'infini, on ne peut en effet trouver en elle aucun principe d'unité. ■ Les atomes de matière sont une fiction qui ne résout rien car, aussi petits soient-ils, ils auront toujours des parties, et seront toujours divi­ sibles en droit. ■ D'où les corps tireront-ils donc leur unité, si la matière étendue en est dépourvue? Nécessairement d'un être sans partie, indivisible, donc immatériel.

Cet être, c'est la force, principe interne de cohésion dans les corps.

Les vrais atomes ne sont donc pas ceux de la physique, mais des points d'énergie immatériels.

Ce sont des formes, qui organisent la matière, comme l'âme organise le corps.

Leibniz les appelle «monades» (du grec«manas» : unité) (Monadologie). 2. Les monades A.

Le spirituel au fond du c01porel ffi En trouvant la force, nous avons quitté l'étendue pour l'immatériel, l'extériorité pour l'intériorité, l'inerte pour le dynamique, bref décou­ vert au fond de la matière ce que l'on peut déjà nommer l'esprit. sil Car, du caillou jusqu'à Dieu, en passant par les végétaux et les animaux, la nature est une hiérarchie de monades, une ascension continue vers l'esprit, depuis la force jusqu'à l'intelligence infinie.

Au fond, les corps sont des âmes sans conscience ni mémoire, des esprits momentanés.

S'ils sont quelque chose, c'est dans la mesure seulement où, étant des forces, ils sont un peu des esprits. 11 Chaque monade se distingue de toutes les autres par sa qualité interne, qui est sa perception de l'univers. B.

La perception ■ Percevoir, c'est avoir un point de vue particulier sur la multitude extérieure, la représenter à travers notre propre unité.

Tout étant lié dans l'univers, chaque parcelle n'étant ce qu'elle est qu'en vertu de ce que sont toutes les autres, on pourrait, en droit, retrouver l'ensemble de l'univers à partir d'une seule partie. ■ Toute monade peut donc être considérée comme une expression, comme un point de vue singulier sur l'univers, bref comme une perception du Tout.

On voit donc que toute perception n'est pas consciente : les pierres, les plantes expriment l'univers sans le savoir. ■ Les animaux - organismes vivants supérieurs•-, eux, sont doués de« sentiment»: ils font l'épreuve de leur perception, mais ne pren­ nent pas de distance par rapport à ce qu'ils vivent.

Ils ont une âme, mais ne sont pas des «esprits». Seul l'homme s'aperçoit de ses perceptions et les distingue de soi: il peut dire«moi» (il est doué d'«aperception»).

Cependant, l'activité de l'esprit humain ne se limite pas à la conscience: j'ai de nombreuses « petites perceptions » inconscientes qui agissent sur mon comporte­ ment irréfléchi ; de même, ma perception consciente est composée de perceptions inaperçues qui la composent (le bruit de la vague est fait des bruits des milliers de gouttelettes de la vaguef; enfin, mes souvenirs existent virtuellement en mon esprit.

Bref, l'activité psychique déborde largement l'activité consciente, même si la conscience en représente la perfection. ■ C.

La connaissance ■ La perception ne commence à devenir une connaissance qu'avec la mémoire, grâce à laquelle on peut reconnaître un être déjà vu, et, par habitude, s'attendre à tel événement lorsque tel autre le précède(la vue du bâton fait fuir le chien).

C'est là toute la connaissance animale, et celle à laquelle bien souvent les hommes se limitent dans la vie quotidienne. ■ Ce n'est pas encore la raison, qui connaît les vérités nécessaires. Celles-ci, comme les principes mathématiques, sont innées.

L'expé­ rience est seulement l'occasion de développer l'inné, présent virtuel­ lement en nous.

Elle le sollicite sans le créer, comme un catalyseur. ■ Par exemple : « A= A » est une vérité nécessaire, a priori, innée, qui ne tire pas sa certitude d'une expérience répétée, mais qui sans.... »

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