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Les attentats du 11 septembre 2001 obligent à repenser la puissance Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World...

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« Les attentats du 11 septembre 2001 obligent à repenser la puissance Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center de New York et contre le Pentagone américain ont-ils marqué une rupture ou ont-ils été de simples révélateurs de tendances lourdes apparues dans le sillage de la mondialisation ou de l’échec du multilatéralisme que le système international avait jusqu’alors réussi à maquiller ? Dans l’un et l’autre cas, c’est l’idée même de puissance qui est en jeu : peut-être avait-on prêté trop d’attention à l’accumulation impressionnante de ressources de puissance par les États, et surtout les plus forts, sans s’interroger suffisamment sur la capacité de cette puissance, ce qu’elle peut faire ou empêcher ? À partir de novembre 1989 (chute du Mur de Berlin) ou de décembre 1991 (disparition de l’Union soviétique), les États-Unis sont restés seule superpuissance, devenant de ce fait une « hyperpuissance » n’ayant plus d’interlocuteur ni de réel challenger acceptant de la défier.

Pendant dix ans, Washington a rejeté Saddam Hussein ou l’islamiste saoudien Oussama Ben Laden (perçu comme l’instigateur des attentats) au rang, non d’ennemis, mais de « déviants », voire de « voyous » (rogue).

L’adversaire n’en était pas un, et le « voyou » se voyait incité à « gérer » son énorme déficit de puissance sur un autre registre, le jeu du coup d’épingle, la stratégie du désordre, l’accomplissement terroriste, celui-là même qui désarçonne la puissance classique. Le géant et le brigand Il n’était pas sûr que cette stratégie nouvelle de « puissance régulatrice » fût vraiment tenable.

Sur la question piégée du Proche-Orient, elle fut choisie jusqu’à l’entêtement par le président Bill Clinton (1993-2001).

Son échec, tout comme le demi-échec des accords de Dayton (1995) relatifs au conflit en Bosnie-Herzégovine, a révélé que le nouvel ordre était çà et là perçu comme trop injuste pour que la puissance américaine fût acceptée comme un régulateur crédible. De ce rôle manqué, les États-Unis sont sortis plus gladiateurs qu’arbitres dans la manière dont ils furent perçus, notamment dans le monde arabe et musulman.

La même remarque vaudrait à propos de la politique somalienne de Washington, mais aussi pour son attitude face à l’Irak : de la guerre du Golfe (1991) aux bombardements routiniers, cette dernière transforma peu à peu le justicier en adversaire.

Ces transmutations ne sont pas innocentes : elles ont brisé l’élan créé autour de l’idée de « nouvel ordre mondial » pour lui substituer celle de pax americana ; elles ont donc dévoyé l’idée d’une puissance rénovée, tout en cristallisant dangereusement sur les États-Unis toutes les frustrations ressenties devant les désordres mondiaux. La défaite dans la guerre du Vietnam avait convaincu toute une partie de l’intelligentsia américaine, puis l’administration Carter (1977-1981), que le soft power américain (toute forme de pouvoir ne recourant pas à la force) permettrait de surmonter les impasses de la puissance militaire.

L’idée était judicieuse et s’est vérifiée à travers la construction d’une incontestable hégémonie culturelle, financière et technologique.

Cependant, la mondialisation a mis à la disposition de tous les contestataires des instruments modernes et sophistiqués de communication et de production de violence qu’un État, prisonnier de sa propre logique institutionnelle, ne pouvait pas concurrencer, sinon à la marge. La réponse étatique aux attentats Les États-Unis ont dû, pour donner un minimum ou une apparence d’efficacité à leur riposte, gérer cette crise transnationale selon les vieilles recettes d’une Guerre froide qu’ils avaient largement gagnée.

Le réseau international terroriste, pour être ciblé, reçut un contour territorial privilégié, celui de l’Afghanistan (dont le régime islamiste des taliban abritait Oussama ben Laden), et des configurations géographiques secondaires et potentielles (Somalie, Irak, Yémen, voire Soudan ou Iran...).

La chaîne de causalités, dans le discours de Washington, remontait clairement jusqu’à des États et des gouvernements, tandis que le combat qu’on leur opposait s’organisait autour de coalitions subtiles qui rappelaient, par leur artifice et leur fragilité, le système bismarckien. La construction a pu surprendre.

La carte du terrorisme échappe.... »

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