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Les didascalies Les didascalies possèdent une typographie particulière qui les rend immédiatement identifiables. Bles sont en effet imprimées en italiques....

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« Les didascalies Les didascalies possèdent une typographie particulière qui les rend immédiatement identifiables.

Bles sont en effet imprimées en italiques. Leur énonciateur est l'auteur lui-même, qui s'adresse directement aux metteurs en scène, aux acteurs et à ses lecteurs.

Elles ne sont donc en aucun cas destinées à être prononcées par les personnages. Le théâtre d'avant-garde leur accorde une place considérable. C'est encore plus patent chez Beckett que chez n'importe quel autre dramaturge.

Preuve en est la didascalie, longue de près de trois pages, qui précède les premiers mots articulés de la pièce: « Fini, c'est fini » (p.

11).

Quantitativement importantes, les didascalies sont essentielles à la compréhension et à la représentation du texte. C'est pourquoi il convient de les étudier pour elles-mêmes.

Elles mettent en forme le texte, elles informent sur le déroulement du spec­ tacle, elles enrichissent enfin la notion même de texte théâtral. LA MISE EN FORME DU TEXTE THÉÂTRAL L'onomastique 1, la plantation du décor et, ce qui peut paraître a priori surprenant, le tomber de rideau en sont les éléments fon­ damentaux. 1 L'onomastique La première fonction des didascalies est de nommer les person­ nages et ainsi de répartir les rôles.

Or, au théâtre, un patronyme n'est jamais neutre. r 1.

Onomastique : étude des noms propres, de leur formation, de leur signification. Celui de Hamm joue sur plusieurs registres.

En anglais ham désigne le jambon.

Faut-il y voir un rapport avec le fait que le person- ! nage possède un teint très rouge, comme certains jambons et qu'il est immobile, réduit à l'état de morceau de viande? Hamm actor désigne également un cabotin 1 • Or c'est bien de cette manière que se comporte Hamm lorsqu'il dit à Clov que celui-ci sert à lui donner 1 l la réplique (p.

78).

Mais Hamm peut aussi faire songer à un marteau (hammer en anglais).

Quant à Clov, son nom évoque le clou.

Les noms des deux personnages suggèrent ainsi les rapports agressifs qu'ils entretiennent ((➔ PROBLÉMATIQUE 1). Il en va de même pour Nell et Nagg.

Le verbe to nag signifie « se plaindre », et Nagg est, des deux culs-de-jatte, celui qui récrimine le plus 2.

Diminutif de Nelly, Nell peut être rapproché de nait, autre nom du clou.

Quant à la Mère Pegg, son nom désigne une pince à linge. Mais on peut y voir une malice de Beckett, dans la mesure où pegg et pig (le cochon) sont des termes phonétiquement très proches. 1La plantation du décor La deuxième fonction des didascalies est de préciser le décor. Beckett procède par des phrases nominales qui définissent à la fois l'espace scénique et l'atmosphère générale: « Intérieur sans meubles.! Lumière grisâtre,, (p.

11).

Ce vide et cette lumière crépusculaire suggèrent d'emblée une « fin de partie "· La concision de l'expression se double parfois d'un fort souci de précision.

Une symétrie absolue existe entre les droite et de gauche », avec leurs « « murs de deux petites fenêtres haut per- chées» aux« rideaux fermés,, (p.

11). Cette symétrie verticale n'a toutefois pas son équivalent horizontal, puisque les poubelles sont toutes deux « à gauche », et non pas une droite et une à gauche 3 • 1.

Voir note 1, p.

86. 2.

« Il faut gueuler », dit-il par exemple (p.

30). 3.

Cette dissymétrie s'explique par le fait que pour pouvoir converser et pour signifier leur attachement l'un à l'autre, Nagg et Nell doivent être l'un à côté de l'autre. 118 PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES l l \ Cette dernière indication est en outre volontairement lacunaire. Jusqu'à ce que Nagg soulève le couvercle de sa poubelle (p.

21), le lecteur et le spectateur ignorent que ces poubelles servent de litière à des culs-de-jatte.

Les didascalies imposent ici une vision dépréciative de l'objet avant d'en donner la fonction: ces poubelles renferment bien des déchets, mais ce sont des déchets humains.

L'intérêt dramatique s'en trouve accru. 1Le tomber de rideau « RIDEAU », écrit en majuscules, est le dernier mot du texte (p.

110).

C'en est aussi la dernière didascalie.

En principe, le tomber de rideau marque à la fois la fin de la fiction (de l'histoire racontée, de l'intrigue) et du spectacle. Tel n'est pas ici le cas, puisqu'il n'y a pas à proprement parler de dénouement.

Hamm se fige en effet dans la position qui était la sienne au début de la pièce.

La fin du texte contient donc la possibilité d'un recommencement...

sans fin.

Le mot « rideau » clôt donc le spectacle, mais il ne termine pas obligatoirement le face à face de Clov et de Hamm.

Bien qu'il soit vêtu en voyageur, Clov reste immobile: il peut donc aussi bien partir que rester. Et s'il reste, c'est un retour au point de départ. LE DÉROULEMENT DU SPECTACLE Les didascalies portent aussi sur la gestuelle et la diction des comédiens, ainsi que sur la régie 1 du spectacle. 1La gestuelle Les didascalies donnent des indications de jeu.

Certaines d'entre elles n'ont qu'une valeur générale, non impérative: Clov possède par exemple une « démarche raide et vacillante » (p.

11), 1.

Régie.... »

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