Les différentes sortes de comique On distingue traditionnellement plusieurs niveaux de comique : le comique de gestes, le comique de...
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Les différentes sortes
de comique
On distingue traditionnellement plusieurs niveaux de comique : le
comique de gestes, le comique de situation, le comique de caractère
et le comique de langage.
LE COMIQUE DE GESTES
C'est la forme la plus élémentaire du comique.
Le comique de
gestes appartient au vieux fonds de la tradition farcesque, que l'on
retrouve encore parfois de nos jours dans les numéros de clowns :
les gifles alternent avec les coups de bâton et les coups de pieds.
Ainsi, dans Les Fourberies de Scapin, de Molière, Géronte à qui l'on
a fait croire qu'un soudard veut le tuer, se dissimule dans un sac ;,
Scapin en profite aussitôt pour le rouer de coups.
Ces jeux de scène peuvent fort bien se passer de paroles.
Ils sont
parfois plus élaborés.
Au xvne siècle, les acteurs italiens de la com
media dell'arte1 étaient experts en cabrioles et pirouettes.
Ces lazzi,
comme on les appelait alors, étaient fort appréciés du public.•
LE COMIQUE DE SITUATION
Il réside non dans ce que fait ou dit un personnage (qui peut être
par ailleurs fort sérieux), mais dans la situation où le hasard et les cir
constances le placent.
La cachette et le quiproquo en sont les
formes les plus courantes.
1.
Pour plus de détails, voir chapitre 2, p.
79.
1La cachette
Le principe en est simple : un personnage dissimulé assiste sans
être vu à une scène, dont il ne devrait pas être le témoin.
Bien qu'il se vante de mépriser les plaisirs de ce monde, Tartuffe,
par exemple, en bon hypocrite qu'il est, cherche à séduire Elmire, la
femme d'Orgon, son bienfaiteur.
En soi, la scène n'est pas comique.
Ce qui la rend telle, c'est la présence d'Orgon, qu'Elmire a caché
sous la table, afin qu'il entende de ses propres oreilles ce qu'il se
refusait jusqu'ici à croire.
1Le quiproquo
Le quiproquo est toujours une méprise qui porte, soit sur l'identité
d'une personne, soit sur le sens d'un mot2.
Formule d'origine latine, le terme quiproquo signifie« prendre une
personne pour une autre »
:
- ou bien cette méprise provient d'un déguisement : ainsi, chez
Beaumarchais, Bartholo, l'obscurité aidant, confond le Comte,
habillé d'une grande cape noire, et le notaire venu dresser le contrat
de mariage (Le Barbier de Séville) ;
- ou bien il y a confusion sur le patronyme : dans J.:École des
femmes, de Molière, Horace courtise Agnès qu'Arnolphe, son tuteur,
prétend épouser.
Mais Horace ne connaît Arnolphe que sous le nom
de
«
Monsieur de la Souche
».
Aussi conte-t-il à Arnolphe, en toute
naïveté, le stratagème qu'il a mis au point pour tromper ce
«
Monsieur de la Souche » !
Le quiproquo peut constituer le ressort fondamental de toute une
pièce, comme dans Le Jeu de l'amour et du hasard, de Marivaux.
Dorante doit faire la connaissance de la jeune fille, Silvia, que son
père souhaite lui voir épouser.
Pour mieux apprendre à la connaître,
Dorante décide de prendre la place de son valet, tandis que son valet
se fera passer pour son jeune maître.
Mais Silvia, de son côté, a la
même idée et pour les mêmes raisons : elle échange son rôle de
jeune fille de la maison avec sa suivante Lisette.
2.
Dans ce dernier cas, on parle également de malentendu.
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LA
COMÉDIE
Le quiproquo peut enfin prendre la forme d'un malentendu : deux
personnages croient parler de la même chose mais, en réalité, il n'en
est rien.
Le Médecin malgré lui, de Molière, en fournit un exemple.
Sganarelle est un paysan qui a pour métier de faire et de vendre des
fagots.
Or on a persuadé Valère, le valet de Géronte, que Sganarelle
est médecin.
Valère veut le conduire auprès de son maître malade.
Sganarelle ne comprend évidemment pas ce que cet inconnu veut
de lui.
D'où un malentendu immédiat, qui porte non sur l'identité,
mais sur la profession de Sganarelle :
VALÈRE.
- Monsieur, nous sommes ravis de vous voir.
On nous a
adressés à vous pour ce que nous cherchons ; et nous venons implorer votre aide, dont nous avons besoin.
SGANARELLE.
- Si c'est quelque chose, Messieurs, qui dépende de
mon petit négoce, je suis tout prêt à vous rendre service.
VALÈRE.
- Monsieur, c'est trop de grâce que vous nous faites.
Mais,
Monsieur, couvrez-vous, s'il vous plaît ; le soleil pourrait vous
incommoder.
LUCAS.
- Monsieur, boutez dessus.
SGANARELLE, bas.
- Voici des gens bien pleins de cérémonie.
VALÈRE.
- Monsieur, il ne faut pas trouver étrange que nous
venions à vous : les habiles gens sont toujours recherchés, et nous
sommes instruits de votre capacité.
SGANARELLE.
- Il est vrai, Messieurs, que je suis le premier
homme du monde pour faire des fagots.
VALÈRE.
- Ah ! Monsieur...
SGANARELLE.
- Je -dy épargne aucune chose, et les fais d'une façon
qu'il -dy a rien à dire.
VALÈRE.
- Monsieur, ce n'est pas cela dont il est question.
SGANARELLE.
- Mais aussi je les vends cent dix sols le cent.
VALÈRE.
- Ne parlons point de cela, s'il vous plaît.
SGANARELLE.
- Je vous promets que je ne saurais les donner à
moins.
VALÈRE.
- Monsieur, nous savons les choses.
SGANARELLE.
- Si vous savez les choses, vous savez que je les vends
cela.
VALÈRE.
- Monsieur, c'est se moquer que ..•
SGANARELLE.
- Je ne me moque point,je n'en puis rien rabattre.
VALÈRE.
- Parlons d'autre façon, de grâce.
SGANARELLE.
- Vous en pourrez trouver autre part à moins : il y a
fagots et fagots ; mais pour ceux que je fais ...
VALÈRE.
- Eh! Monsieur, laissons là ce discours.
SGANARELLE.
- Je vous jure que vous ne les auriez pas, s'il s'en fallait un double.
LA COMÉDIE
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VALÈRE.
- Eh fi !
SGANARELLE.
- Non, en conscience, vous en payerez cela.Je vous
parle sincèrement, et ne suis pas homme à surfaire.
VALÈRE.
- Faut-il, Monsieur, qu'une personne comme vous s'amuse
à ces grossières feintes? s'abaisse à parler de la sorte? qu'un homme
si savant, un fameux médecin, comme vous êtes, veuille se déguiser
aux yeux du monde, et tenir enterrés les beaux talents qu'il a ?
SGANARELLE, à part.
- II est fou.
(Le Médecin malgré lui, I, 5.)
LE COMIQUE DE CARACTÈRE
Il découle de l'ambition de la comédie de « peindre le ridicule "·
C'est la caricature des faiblesses humaines : l'avarice d'Harpagon,
l'hypocrisie de Tartuffe, la misanthropie d'Alceste, les craintes obsessionnelles du
«
«
malade imaginaire
»,
les manies aristocratiques du
bourgeois gentilhomme "·
Un des ressorts du comique de caractère est la contradiction :
entre l'idée que le personnage a de lui-même et ce qu'il est en réalité.
Alceste se voit en chantre de la sincérité absolue et condamne
toute entorse à la vérité, qu'il prend....
»
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