LES DROITS DE L'HOMME AUJOURD'HUI En dépit de toutes les critiques qui ont pu et continuent de lui être adressées,...
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LES DROITS DE L'HOMME
AUJOURD'HUI
En dépit de toutes les critiques qui ont pu
et continuent de lui être adressées, le
mouvement pour la revendication des
« droits de l'homme » s'est largement
amplifié depuis la Déclaration de 1789,
et ce développement s'est
considérablement accéléré depuis la
Seconde Guerre mondiale.
Après la
Déclaration universelle des droits de
l'homme proclamée par l'Assemblée
générale des Nations Unies en 1948, on
a vu en effet une multiplication des
déclarations, allant de la Déclaration sud
américaine (1948) et de la Convention
européenne (1950) à la Déclaration
islamique universelle (1981J.
A ces
déclarations sur les droits Je l'homme,
s'ajoutent celles sur le droit des enfants,
des femmes, des peuples, etc.
Quelques étapes
de l'histoire récente
des droits de l'homme
1948 : Déclaration.
universelle des
droits de l'homme.
1950 : Convention européenne de
Si:luvegarde des droits de l'homme
et des libertés fondamentales.
1959 : Déclaration: des droits de
l'enfant.
1960 : Déclaration des Nations
Unies sur l'octroi de
l'indépendance aux pays et au.x
peuples coloniaux.
1966 : Pactes internationaux relatifs
aux droits de l'homme.
1974 : Charte des droits et devoirs
économiques des États.
1975 : Acte final de la conférence
d'Helsinki.
1978 : Déclaration de l'UNESCO
sur la race et les préjugés raciaux.
1979 : Convention sur l'élimination
de toutes les fonnès de
discrimination à l'égard des
femmes.
La prolifération
des droits
On assiste ainsi à une prolifération
de droits de toutes sortes, souvent
indûment posés comme des droits
de l'homme et qui, par leur excès
même, finissent par vider cette
notion de tout contenu : n'a-t-on
pas revendiqué au nom des droits
de l'homme le droit pour un auto-
mobiliste de ne pas porter sa cein
ture de sécurité ? De tels excès
sembleraient donner raison à la cri
tique classique reprise récemment
par l'école analytique anglaise, qui
ne veut voir dans le discours des
droits de l'homme que des énoncés
«métaphysiques», c'est-à-dire
(selon le sens donné à ce mot par
le positivisme logique) sans signi
fication.
Un renforcement
para,!oxaf
de l'Etat
Un autre problème posé par la
revendication des droits de
l'homme est paradoxalement celui
du renforcement du pouvoir de
l'État face aux individus.
En effet,
en exigeant de plus en plus de
droits sociaux, qui ne peuvent être
satisfaits que par l'État, les indivi
dus accroissent leur dépendance à
l'égard de l'État érigé en État
providence, et font ainsi le jeu du
pouvoir.
Il y a d'ailleurs une appropriation à
leur profit du discours des droits de
l'homme par certains États, pour
de pures raisons de politique soit
intérieure soit étrangère : les droits
de l'homme sont aujourd'hui un
�njeu politico-idéologique entre les
Etats-Unis et l'U.R.S.S.
dans lequel
la défense réelle des droits de
l'homme passe souvent au second
plan.
Ethnocentrisme
occidental ?
On peut d'ailleurs se demander si
la doctrine des droits de l'homme
ne témoigne pas d'un certain eth
nocentrisme de la part de l'Occi
dent.
La conception chrétienne qui
est, comme nous l'avons vu, à la
racine des droits de l'homme, le
«personnalisme», n'est pas uni
versellement reconnue.
Ainsi que
le note J.
Mourgeon, la Déclaration
universelle des droits de l'homme
lors de son adoption par l'O.N.U.
(où l'U.R.S.S.
et les pays socialis
tes se sont abstenus), « reflétait
une société internationale dont la
grande majorité des membres rele
vaient peu ou prou du personna
lisme.
La majorité actuelle s'inscrit
davantage dans l'islam, l'hin
douisme, le bouddhisme ou l'ani
misme.
Ces courants de civilisa
tion, encore très puissants, ne sont
certes pas négateurs de certaines
prérogatives de l'individu, mais les
situent dans des conceptions du
rapport politique qui leur sont spé
cifiques et qui diffèrent profondé
ment de la conception d'origine
chrétienne, ne serait-ce qu'en
maintenant un substrat religieux
que le rationalisme occidental a
minimisé, voire évincé.» (Les droits
de l'homme, p.
55).
Un principe
d"espérance
Tous ces constats, toutes ces
interrogations, toutes ces contes
tations peuvent donner un senti
ment de découragement, et il est
saisissant de voir, lorsqu'on exa
mine les positions des «grands
philosophes» à l'égard des droits
de l'homme, combien peu d'entre
eux les ont annoncés et, après la
Déclaration, les ont détendus.
Sans doute cela vient-il de ce que
l'idée même de droits de l'homme
n'est pas une doctrine fondée en
raison : dès que l'on réfléchit sur
elle, ses insuffisances, ses contra
dictions mêmes, se manifestent.
Mais sans doute aussi cela est-il lié
à ce qui fait précisément sa force:
comme celle de progrès dont elle
est souvent solidaire, l'idée des
droits de l'homme est une idée fon
cièrement religieuse, en ce sens
qu'elle est issue moins d'une
réflexion rationnelle, que de ce que
Pascal appelait le cœur ou le sen
timent : comme l'observait R.
Aron,
« les droits de l'homme ont été fon
dés sur une conception religieuse
de la personne et sur une concep
tion humaniste de la conscience
individuelle.
En une philosophie
naturaliste, on peut se demander
sur quoi ils seraient fondés».
Avant tout, l'idée des droits de
l'homme est un principe d'espé
rance, par lequel l'homme affirme
sa foi en lui-même.
Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme
Telle qu'elle a été approuvée et proclamée par
l'Assemblée générale des Nations Unies
le 10 décembre 1948 par sa résolution 217 (III) A
Préambule
Considérant que la reconnaisance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables
constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ;
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience
de l'humanité et que l'avénement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère,
a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme;
Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint,
en suprême recours, à la révolte contre ·ra tyrannie et l'oppression;
Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement de relations amicales entre nations;
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamés à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme,
dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus
à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande ;
Considérant que les États membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies, le respect universel
et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales;
Considérant qu'une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement ;
L'Assemblée générale
Proclame la présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes
les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par
l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre natio
nal et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats membres eux-mêmes
que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.
Article premier - Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience
et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Art.2.
- Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction
aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale
ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une
personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque
de souveraineté.
Art.3.
- Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Art.4.
- Nul ne sera tenu en esclavage ; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Art.5.
- Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Art.6.
- Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
Art.7.
- Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi.
Tous ont droit à une protection
égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
Art.8.
- Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les....
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